tout à fait dans le vent : essai sur les TCA
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- Inscription : mar. sept. 04, 2007 5:28 pm
tout à fait dans le vent : essai sur les TCA
je ne sais pas trop où le mettre, ici?
Quelle maladie à la con, quand on y pense ! Une maladie de pays en phase A, maladie de pays riche. Une maladie peu explicable et très difficilement compréhensible quand on ne le vit pas
De manière générale , les gens assimilent trop souvent les troubles de l'alimentation à des manifestations d'orgueil, d'immaturité, de folie.. Si c'est vrai à ceratins égards, ils sont d'abord et surtout UNE VERITABLE DEPENDANCE
Ils ne sont ni une phase ni un signe de folie. Ils constituent un noeud de contradiction mortel, on croit que la maladie protège, rend indépendant, et on s'aperçoit que c'est l'inverse.
Si notre société ne valorisait pas tant la maigreur, peut être que bcp d'entre nous aurait trouvé une manière de nous détruire qui n'aurait pas aussi profondément porté atteinte à notre corps et à notre perception de nous même.
Car les TCA sont à bien des égards une réponse à une culture . Alors oui, sans doute que si nous vivions dans une culture où la maigreur n'aurait pas cette aura étrange la plupart des malades de TCA ne seraient pas tombé(e)s ainsi, passé(e)s de l'autre côté du miroir, dans l'infernal monde des tca où nourriture est synonyme de gloutonnerie, où les murs sont tapissés de glaces déformantes et où la chair est faible. Un monde de métamorphoses, de mirages et de miroirs.
C'est si facile de passer de l'autre côté, tellement plus dur D'EN REVENIR!
Je ne pense pas que l'on ne se remette jamais vraiment de l'anorexie et de la boulimie.
Je ne suis pas pessimiste, j'essaie d'être lucide.
La grande majorité d'entre nous sera hantée par elles notre vie durant. On peut changer de comportement, penser autrement son corps et son identité, abandonner ce mode de relation au monde. On peut apprendre qu'il vaut mieux être un être humain qu'une enveloppe vide.On peut guérir. Mais on n'oublie jamais.
Pour ma part, je sais que j'ai depuis longtemps dépassé le "stade critique des 5ans", stade où les tca font partie intégrante de notre vie, et sont notre manière de gérer nos émotions, le monde dans lequel on vit, notre vie quotidienne.
Pour comprendre cette dépendance qui incombe aux tca, il faut se rendre compte que ces derniers ont des points communs avec la toxicomanie.
On devient , entre autre, dépendant d'un ceratin nombre d'effets, les deux principaux étant la décharge d'adrénaline provoquée par la faim _ on plane, rempli d'une énergie frénétique, incapable de dormir_, et l'intensité accrue de l'expérience _au départ tout a une odeur et un goût plus forts, les sensations tactiles sont plus intenses, les impulsions plus vives.
LE SENTIMENT DE PUISSANCE EST EXTREMEMENT FORT. Mais on devient rapidement accro. Et par la nature même des tca, l'obsession du poids ne diminue pas avec le poids que l'on perds. Au contraire. Plus on s'inquiète de son poids, plus on a envie de maigrir, moins on a une image réaliste de soi. Vous pesez 66 kg, en perdez 2 et vous réjouissez, en perdez deux autres et souriez, le temps passe un jour vous découvrez que vous ne faites plus que 40 kg, vous ne vous réjouissez pas, ça vous est presque égal, vous lancez un regard méprisant à votre reflet dans la glace et repartez en pensant "je suis vraiment énorme! maigrir encore!!"
C'est que, quand on commence à faire des régimes, le mode de pensée se modifie radicalement: on devient obnubilé par la nourriture. Certain(e)s continuent de penser que si nous diminuons nos rations quotidiennes de matières grasses, sucres,calories, ect.. nous perdrons du poids et tout sera comme avant sauf que nous serons plus minces.
En fait, rien ne sera plus comme avant.
Vous aurez constamment envie de parler de nourriture. Vous aurez constamment besoin d'avoir un goût dans la bouche. Vous voudrez que tout est un goût intense.
Dans cette quête frénétique d'une saveur non coupable vous perdrez tout rapport normal à la nourriture. Essairez de vous remplir la bouche mais pas l'estomac, pour essayer de faire croire à l'Esprit que l'on est rassasié.
Peu de monde fera attention à ce manège, faire des régimes est à la mode de nos jours. Notre génération et la précédente font semblant de se désinteresser de la nourriture. Nous sommes "trop occupés", "trop stressés", pour manger. Regardez autour de vous, écoutez.
Combiende fois entendrez vous "Oh je n'ai pas faim. Je n'aime pas manger le matin (l'après midi, le soir , quand il pleut, quand il fait beau, quand il fait froid/chaud, quand j'ai mal au tibia,les jours fériés, aux fêtes, avant ou après 1h du matin...)
A nous entendre, nous n'avons jamais faim. Nous nous contentons d'avaler de petites boulettes d'énergie, comme dans les jeux vidéos. La nourriture nous donne la nausée, et puis c'est sale.
A nous entendre, nous sommes des êtres éthérés pour qui les repas sont une corvée. QUELLE VASTE CONNERIE!!
C'est que manger, comme faire l'amour, est perçu comme un aveu de faiblesse. On a succombé aux vils plaisirs de la chair. On est devenu un être dissolu, les passions échappant à tout espèce de contrôle. Dans notre culture, une femme comme il faut doit manger et faire l'amour en soupirant et en regardant le plafond. Une femme comme il faut doit avoir un appétît d'oiseau. Les très jeunes filles commencent à imiter les femmes autour d'elles. Elles parlent de "surveiller leur ligne", de "faire attention" (A quoi bon sang ?!), se pincent le ventre avec un air circonspect. Devenir femme signifie aussi MEPRISER SON CORPS, ETRE DANS UN ETAT DE MANQUE PERMANENT.
Imaginez, 30 secondes. Vous marchez dans la rue, croisez une jeune femme mince en train de manger une gauffre. Quel regard porterez vous sur elle? Que penserez vous?
Quelque mètres plus loin, vous croisez une personne obèse, également en train de manger une gauffre. Que penserez vous? Quel regard porterez vous sur elle?
Fiez vous à votre réaction naturelle. Oui, nous sommes formatés. La mince aura notre sympathie, "elle se fait plaisir c'est bien", quand la personne obèse aura au mieux votre mépris au pire votre dégout "elle pourrait se contrôler/ faire attention"
Notre génération a grandi avec la télévision, les magazines pour ados et les panneaux publicitaires, tous truffés de conseils "perdez votre cellulite musclez vous devenez mince". Le corps "parfait" devient une vitrine, une babiole de luxe.
Quand au corps anorexique il exerce une attraction puissante. Les magazines, publicités, et autre porteur de la cacophonie culturelle nous sereinant de maigrir, nous ont appris que nous pouvions nous débarasser de notre chair, perdre "magiquement" des kilos, les faire "fondre", les regarder "disparaitre". Pour une somme modique, nous pouvons nous aussi prétendre à un corps mince. Quelle joie!Et bcp s'y jettent la tête la première. Puisque tout le monde y va, ce n'est pas si dangereux que ça, non?
A mesure que le français moyen devient plus gros, la fascination pour le corps anorexique croît. C'est un paradoxe terrible.
La nourriture a de manière générale 2 fonctions essentielles pour les humains. Elle fait d'abord naître un sentiment de plénitude, la nourriture physique se transformant dans notre esprit en nourriture affective. Lorsqu'on se goinfre pendant une crise, on a l'impression, même passagère, de combler un vide. Ensuite, la nourriture a un effet apaisant sur le cerveau. Ne croyez donc surtout pas que l'on déteste manger. C'est faux.
Anorexique ou boulimique, on est littéralement habité par la nourriture. On en rêve, on la regarde, la nourriture c'est le soleil, la lune, les étoiles, le centre de gravité, l'Amour de notre vie. Seulement on en a terriblement peur.
Et oui, à la source de ces maladies, il y a la peur: de la nourriture, de nos désirs, du sommeil, du toucher, d'une simple conversation, du contact, de l'amour. La peur d'être un être humain. L'énorme peur de se faire dévorer dès qu'on aura mis un pied dans le monde. La peur de soi : peur de ne pas avoir ce qu'il faut pour y arriver, redoublée par le sentiment de devoir accomplir quelque chose de grandiose. C'est un peu paralysant de s'aventurer dans le monde avec une telle disposition d'esprit, vous ne trouvez pas?
La plupart des gens se disent qu'ils feront ceci ou cela et que tout ira bien. Imaginez, vous, vous partez avec la certitude que vous échouerez de tt façons. Vous rentrez chez vous, éclatez votre baromètre calorique, vomissez. Vous rentrez chez vous, enfilez votre jogging, courrez jusqu'à avoir l'impression (mais n'est-ce vraiment qu'une impression?) que votre genoux se déchire.
Anorexique ou boulimique, vous tenez un remède, les pensées ne partent plus dans tous les sens, il ya un ordre. Ici, je tiens à préciser que bien souvent, et c'est malheureux, la boulimie est considerée comme un cran en dessous de l'anorexie. Elle renvoit aux orgies romaines, et les boulimiques ne portent généralement pas les stigmates bénies d'un corps squelettique. Leur mutilation est privée, plus secrète, plus coupable que la déclaration ouverte des anorexiques dont la maigreur est vénerée. Rien d'admirable il est vrai à s'enfoncer les doigts au fonds de la gorge.
La négation de la chair est, en revanche, non seulement l'aboutissement de siècles de pensées sur la fragilité des femmes, mais l'incarnation de certains idéaux religieux et culturels. Et pourtant, nous vivons dans une culture où la consommation est permanente et effrenée, où l'insasiabilité est quasi universelle. L'adoration du corps anorexique et la haine de la graisse sont le signe non pas que l'anorexie est "belle" ou la graisse méprisable mais que nous sommes déchirés et devons choisir notre camp.
La boulimie reconnaît explicitement et violemment le corps. Elle s'attaque à lui mais ne le renie pas. C'est un acte d'une grande violence, trahissant une angoisse et une colère profonde envers soi-même, acte où s'énonce à la fois DEGOUT et BESOIN.
Dégoût et besoin ont un rapport direct avec le corps et les émotions.
L'hyperphagie (de hyper/ et phagos: l'estomac, le ventre) est une tentative pour contrôler ce qui entre. Se purger permet de définir son corps en rejetant certains contenus. On a besoin de se sentir vivant et de se remplir en absorbant certaines substances, besoin alimenté par le fait que l'on se perçoit comme intraséquement vide ou mort. Boulimique, on est dans l'excès _trop émotive, trop passionnée_, et l'on reporte ce sentiment sur son corps. C'est lui qui en pâtit, mais ce n'est pas lui le véritable problème. Il y a un sentiment de désespoir, un "qu'est ce que çq peut foutre autant que je m'empiffre". Ce constat est dangereux mais réaliste, car il tient compte du fait que le corps est inéluctable.
(L'anorexique, quant à elle, a l'illusion insensée qu'elle peut échapper à la chair, et du même coup à l'emprise des émotions. Le problème est le corps, un problème défini avec un début et une fin, qui sera résolu en se débarassant du corps.)
Voyez l'enfer qu'est devenue votre vie: ne pouvoir avaler une bouchée sans vous demander si, où et quand vous pourrez vomir. Ne pouvoir vous regarder dans la glace sans vous percevoir, au delà de l'image de "gros", comme informe, débordant de vos propres limites corporelles, limites imaginaires que vous ne percevez plus depuis longtemps. La boulimie vous terrifie. Vous savez que quelque chose ne va pas. Que vous ne contrôlez plus rien. Et la première chose que vous vous dites, ce n'est pas "ok, on se calme, si j'y réfléchissais calmement, qu'est ce qui va pas ?"
Non, la première chose que vous vous dites, c'est "MANGER encore". Vite, combler le vide. Vite, se débarasser du plein. Et au lieu de se dire que le meilleur moyen de ne pas être obsédé par la nourriture est de manger normalement, on croit qu'il faut s'en éloigner complétement. On devient anorexique, c'est à dire ni plus ni moins que l'incarnation du vide qui nous habite. Jusqu'au jour où le besoin d'avoir quelque chose sous la dent, de mâcher, d'avaler, devient trop fort.
Car on ne peut pas tromper son propre corps. Et on craque. C'est la revanche du corps sur l'esprit.Un beau jour, on commence à s'empiffer et à se faire vomir presque sans s'en rendre compte.
On se surprend à payer une montagne de courses, à raccrocher après avoir commandé une pizza. Plus moyen de faire marche arrière. On commence même à déchirer les premiers emballages sur le chemin du retour, à enfourner la nourriture, on ne peut pas attendre, tant pis pour les personnes qui nous regardent avec un air effaré.
Cette impulsion, ces pulsions,...Avoir une vie gouvernée par les TCA: qui peut s'imaginer ce que cela signifie à moins de l'avoir vécu?
C'est tout cela qui rend la guérison si difficile. Il faut ariver à penser qu'il existe un juste milieu. Se convaincre que l'on s'en sortira quoi qu'il arrive. Se faire confiance, quand on se sait capable des pires mensonges (aux autres, mais surtout à nous mêmes).
Pour se débarasser de troubles alimentaires qui durent depuis longtemps et qui, dans mon cas, sont apparus en même temps que l'intellect, le corps et l'identité, il faut faire table rase. Et pour y parvenir, il faut pouvoir renoncer à des comportements qui sont si anciens qu'ils ont presque le statut d'instinct primaire.
On ne peut pas aller mieux du jour au lendemain. Il faut du temps. C'est un long et lent processus. Il faut en avoir conscience. De plus, contrairement aux autres dépendances, il n'existe pas de traitement, pas de "pilule miracle"; c'est à soi de faire le travail. C'est la tâche la plus difficile que j'ai jamais eu à accomplir. Mais je sais qu'au final, elle me rendra bcp plus forte.
Même si j'ai encore bcp de mauvais jours, les troubles alimentaires étant une pure habitude, habitude bien plus profondément installée qu'on ne pourrait le croire. Le simple fait d'être dans ma cuisine actionne une manette dans ma tête, une enseigne lumineuse se mets à clignoter "vas-y, BOUFFE!"
Il y a tous les cauchemards, spectrale présence de mes tca, rêves délirants où je me goinfre et cherche déseperément un lieu où vomir, et dont je m'éveille la gorge serrée, des larmes de culpabilité rageuse coulant sur mes joues, le dégoût au bout des lèvres...L'impression d'être un petit hippopotame qui me poursuit des jours durant, que ma peau est trop serrée, que je suffoque.
Il y a les incursions, les doigts lisant le corps comme du braille, comme si l'agencement des os allait donner un sens à ma vie. Les tentatives pour s'extraire des sables mouvants de l'obsession, les glissades en arrière, à ne pas dramatiser mais à prendre très au sérieux, car au delà d'une semaine c'est la rechute . C'est terriblement court, une semaine. Et le besoin est toujours là. Chaque jour. "Allez, rien qu'une fois, tu te sentiras mieux après." Les toilettes ne sont jamais loin. A quelques pas se trouvent la sécurité, le réconfort, le sentiment de soulagement. Tous les jours , il faut se rappeler qu'à quelques pas se trouve l'anéantissement de tous mes efforts, la honte et la culpabilité à venir. Mais aussi la possibilité d'une mort grotesque, vision d'un corps baignant dans une marre de sang et de vomissures, résultat d'une rupture gastrique.
Il y a l'attente, implicite, que l'on me dise que j'ai maigri. Le sursaut de fierté que cette phrase fera naître. Je rêve de ne plus sentir mon coeur s'emballer à ces mots. Je ne veux pas de cette fierté, de ce sentiment fugace d'avoir accompli quelque chose.
Je voudrais manger ce qui me chante, aller au restaurant avec mes amis sans me posre de questions, apprendre à m'aimer, et surtout me percevoir comme autre chose qu'un cerveau relié à une masse vide.
La grande question étant "comment est ce que je veux vivre, et quels moyens mettre en oeuvre pour y arriver ?"
Quelle maladie à la con, quand on y pense ! Une maladie de pays en phase A, maladie de pays riche. Une maladie peu explicable et très difficilement compréhensible quand on ne le vit pas
De manière générale , les gens assimilent trop souvent les troubles de l'alimentation à des manifestations d'orgueil, d'immaturité, de folie.. Si c'est vrai à ceratins égards, ils sont d'abord et surtout UNE VERITABLE DEPENDANCE
Ils ne sont ni une phase ni un signe de folie. Ils constituent un noeud de contradiction mortel, on croit que la maladie protège, rend indépendant, et on s'aperçoit que c'est l'inverse.
Si notre société ne valorisait pas tant la maigreur, peut être que bcp d'entre nous aurait trouvé une manière de nous détruire qui n'aurait pas aussi profondément porté atteinte à notre corps et à notre perception de nous même.
Car les TCA sont à bien des égards une réponse à une culture . Alors oui, sans doute que si nous vivions dans une culture où la maigreur n'aurait pas cette aura étrange la plupart des malades de TCA ne seraient pas tombé(e)s ainsi, passé(e)s de l'autre côté du miroir, dans l'infernal monde des tca où nourriture est synonyme de gloutonnerie, où les murs sont tapissés de glaces déformantes et où la chair est faible. Un monde de métamorphoses, de mirages et de miroirs.
C'est si facile de passer de l'autre côté, tellement plus dur D'EN REVENIR!
Je ne pense pas que l'on ne se remette jamais vraiment de l'anorexie et de la boulimie.
Je ne suis pas pessimiste, j'essaie d'être lucide.
La grande majorité d'entre nous sera hantée par elles notre vie durant. On peut changer de comportement, penser autrement son corps et son identité, abandonner ce mode de relation au monde. On peut apprendre qu'il vaut mieux être un être humain qu'une enveloppe vide.On peut guérir. Mais on n'oublie jamais.
Pour ma part, je sais que j'ai depuis longtemps dépassé le "stade critique des 5ans", stade où les tca font partie intégrante de notre vie, et sont notre manière de gérer nos émotions, le monde dans lequel on vit, notre vie quotidienne.
Pour comprendre cette dépendance qui incombe aux tca, il faut se rendre compte que ces derniers ont des points communs avec la toxicomanie.
On devient , entre autre, dépendant d'un ceratin nombre d'effets, les deux principaux étant la décharge d'adrénaline provoquée par la faim _ on plane, rempli d'une énergie frénétique, incapable de dormir_, et l'intensité accrue de l'expérience _au départ tout a une odeur et un goût plus forts, les sensations tactiles sont plus intenses, les impulsions plus vives.
LE SENTIMENT DE PUISSANCE EST EXTREMEMENT FORT. Mais on devient rapidement accro. Et par la nature même des tca, l'obsession du poids ne diminue pas avec le poids que l'on perds. Au contraire. Plus on s'inquiète de son poids, plus on a envie de maigrir, moins on a une image réaliste de soi. Vous pesez 66 kg, en perdez 2 et vous réjouissez, en perdez deux autres et souriez, le temps passe un jour vous découvrez que vous ne faites plus que 40 kg, vous ne vous réjouissez pas, ça vous est presque égal, vous lancez un regard méprisant à votre reflet dans la glace et repartez en pensant "je suis vraiment énorme! maigrir encore!!"
C'est que, quand on commence à faire des régimes, le mode de pensée se modifie radicalement: on devient obnubilé par la nourriture. Certain(e)s continuent de penser que si nous diminuons nos rations quotidiennes de matières grasses, sucres,calories, ect.. nous perdrons du poids et tout sera comme avant sauf que nous serons plus minces.
En fait, rien ne sera plus comme avant.
Vous aurez constamment envie de parler de nourriture. Vous aurez constamment besoin d'avoir un goût dans la bouche. Vous voudrez que tout est un goût intense.
Dans cette quête frénétique d'une saveur non coupable vous perdrez tout rapport normal à la nourriture. Essairez de vous remplir la bouche mais pas l'estomac, pour essayer de faire croire à l'Esprit que l'on est rassasié.
Peu de monde fera attention à ce manège, faire des régimes est à la mode de nos jours. Notre génération et la précédente font semblant de se désinteresser de la nourriture. Nous sommes "trop occupés", "trop stressés", pour manger. Regardez autour de vous, écoutez.
Combiende fois entendrez vous "Oh je n'ai pas faim. Je n'aime pas manger le matin (l'après midi, le soir , quand il pleut, quand il fait beau, quand il fait froid/chaud, quand j'ai mal au tibia,les jours fériés, aux fêtes, avant ou après 1h du matin...)
A nous entendre, nous n'avons jamais faim. Nous nous contentons d'avaler de petites boulettes d'énergie, comme dans les jeux vidéos. La nourriture nous donne la nausée, et puis c'est sale.
A nous entendre, nous sommes des êtres éthérés pour qui les repas sont une corvée. QUELLE VASTE CONNERIE!!
C'est que manger, comme faire l'amour, est perçu comme un aveu de faiblesse. On a succombé aux vils plaisirs de la chair. On est devenu un être dissolu, les passions échappant à tout espèce de contrôle. Dans notre culture, une femme comme il faut doit manger et faire l'amour en soupirant et en regardant le plafond. Une femme comme il faut doit avoir un appétît d'oiseau. Les très jeunes filles commencent à imiter les femmes autour d'elles. Elles parlent de "surveiller leur ligne", de "faire attention" (A quoi bon sang ?!), se pincent le ventre avec un air circonspect. Devenir femme signifie aussi MEPRISER SON CORPS, ETRE DANS UN ETAT DE MANQUE PERMANENT.
Imaginez, 30 secondes. Vous marchez dans la rue, croisez une jeune femme mince en train de manger une gauffre. Quel regard porterez vous sur elle? Que penserez vous?
Quelque mètres plus loin, vous croisez une personne obèse, également en train de manger une gauffre. Que penserez vous? Quel regard porterez vous sur elle?
Fiez vous à votre réaction naturelle. Oui, nous sommes formatés. La mince aura notre sympathie, "elle se fait plaisir c'est bien", quand la personne obèse aura au mieux votre mépris au pire votre dégout "elle pourrait se contrôler/ faire attention"
Notre génération a grandi avec la télévision, les magazines pour ados et les panneaux publicitaires, tous truffés de conseils "perdez votre cellulite musclez vous devenez mince". Le corps "parfait" devient une vitrine, une babiole de luxe.
Quand au corps anorexique il exerce une attraction puissante. Les magazines, publicités, et autre porteur de la cacophonie culturelle nous sereinant de maigrir, nous ont appris que nous pouvions nous débarasser de notre chair, perdre "magiquement" des kilos, les faire "fondre", les regarder "disparaitre". Pour une somme modique, nous pouvons nous aussi prétendre à un corps mince. Quelle joie!Et bcp s'y jettent la tête la première. Puisque tout le monde y va, ce n'est pas si dangereux que ça, non?
A mesure que le français moyen devient plus gros, la fascination pour le corps anorexique croît. C'est un paradoxe terrible.
La nourriture a de manière générale 2 fonctions essentielles pour les humains. Elle fait d'abord naître un sentiment de plénitude, la nourriture physique se transformant dans notre esprit en nourriture affective. Lorsqu'on se goinfre pendant une crise, on a l'impression, même passagère, de combler un vide. Ensuite, la nourriture a un effet apaisant sur le cerveau. Ne croyez donc surtout pas que l'on déteste manger. C'est faux.
Anorexique ou boulimique, on est littéralement habité par la nourriture. On en rêve, on la regarde, la nourriture c'est le soleil, la lune, les étoiles, le centre de gravité, l'Amour de notre vie. Seulement on en a terriblement peur.
Et oui, à la source de ces maladies, il y a la peur: de la nourriture, de nos désirs, du sommeil, du toucher, d'une simple conversation, du contact, de l'amour. La peur d'être un être humain. L'énorme peur de se faire dévorer dès qu'on aura mis un pied dans le monde. La peur de soi : peur de ne pas avoir ce qu'il faut pour y arriver, redoublée par le sentiment de devoir accomplir quelque chose de grandiose. C'est un peu paralysant de s'aventurer dans le monde avec une telle disposition d'esprit, vous ne trouvez pas?
La plupart des gens se disent qu'ils feront ceci ou cela et que tout ira bien. Imaginez, vous, vous partez avec la certitude que vous échouerez de tt façons. Vous rentrez chez vous, éclatez votre baromètre calorique, vomissez. Vous rentrez chez vous, enfilez votre jogging, courrez jusqu'à avoir l'impression (mais n'est-ce vraiment qu'une impression?) que votre genoux se déchire.
Anorexique ou boulimique, vous tenez un remède, les pensées ne partent plus dans tous les sens, il ya un ordre. Ici, je tiens à préciser que bien souvent, et c'est malheureux, la boulimie est considerée comme un cran en dessous de l'anorexie. Elle renvoit aux orgies romaines, et les boulimiques ne portent généralement pas les stigmates bénies d'un corps squelettique. Leur mutilation est privée, plus secrète, plus coupable que la déclaration ouverte des anorexiques dont la maigreur est vénerée. Rien d'admirable il est vrai à s'enfoncer les doigts au fonds de la gorge.
La négation de la chair est, en revanche, non seulement l'aboutissement de siècles de pensées sur la fragilité des femmes, mais l'incarnation de certains idéaux religieux et culturels. Et pourtant, nous vivons dans une culture où la consommation est permanente et effrenée, où l'insasiabilité est quasi universelle. L'adoration du corps anorexique et la haine de la graisse sont le signe non pas que l'anorexie est "belle" ou la graisse méprisable mais que nous sommes déchirés et devons choisir notre camp.
La boulimie reconnaît explicitement et violemment le corps. Elle s'attaque à lui mais ne le renie pas. C'est un acte d'une grande violence, trahissant une angoisse et une colère profonde envers soi-même, acte où s'énonce à la fois DEGOUT et BESOIN.
Dégoût et besoin ont un rapport direct avec le corps et les émotions.
L'hyperphagie (de hyper/ et phagos: l'estomac, le ventre) est une tentative pour contrôler ce qui entre. Se purger permet de définir son corps en rejetant certains contenus. On a besoin de se sentir vivant et de se remplir en absorbant certaines substances, besoin alimenté par le fait que l'on se perçoit comme intraséquement vide ou mort. Boulimique, on est dans l'excès _trop émotive, trop passionnée_, et l'on reporte ce sentiment sur son corps. C'est lui qui en pâtit, mais ce n'est pas lui le véritable problème. Il y a un sentiment de désespoir, un "qu'est ce que çq peut foutre autant que je m'empiffre". Ce constat est dangereux mais réaliste, car il tient compte du fait que le corps est inéluctable.
(L'anorexique, quant à elle, a l'illusion insensée qu'elle peut échapper à la chair, et du même coup à l'emprise des émotions. Le problème est le corps, un problème défini avec un début et une fin, qui sera résolu en se débarassant du corps.)
Voyez l'enfer qu'est devenue votre vie: ne pouvoir avaler une bouchée sans vous demander si, où et quand vous pourrez vomir. Ne pouvoir vous regarder dans la glace sans vous percevoir, au delà de l'image de "gros", comme informe, débordant de vos propres limites corporelles, limites imaginaires que vous ne percevez plus depuis longtemps. La boulimie vous terrifie. Vous savez que quelque chose ne va pas. Que vous ne contrôlez plus rien. Et la première chose que vous vous dites, ce n'est pas "ok, on se calme, si j'y réfléchissais calmement, qu'est ce qui va pas ?"
Non, la première chose que vous vous dites, c'est "MANGER encore". Vite, combler le vide. Vite, se débarasser du plein. Et au lieu de se dire que le meilleur moyen de ne pas être obsédé par la nourriture est de manger normalement, on croit qu'il faut s'en éloigner complétement. On devient anorexique, c'est à dire ni plus ni moins que l'incarnation du vide qui nous habite. Jusqu'au jour où le besoin d'avoir quelque chose sous la dent, de mâcher, d'avaler, devient trop fort.
Car on ne peut pas tromper son propre corps. Et on craque. C'est la revanche du corps sur l'esprit.Un beau jour, on commence à s'empiffer et à se faire vomir presque sans s'en rendre compte.
On se surprend à payer une montagne de courses, à raccrocher après avoir commandé une pizza. Plus moyen de faire marche arrière. On commence même à déchirer les premiers emballages sur le chemin du retour, à enfourner la nourriture, on ne peut pas attendre, tant pis pour les personnes qui nous regardent avec un air effaré.
Cette impulsion, ces pulsions,...Avoir une vie gouvernée par les TCA: qui peut s'imaginer ce que cela signifie à moins de l'avoir vécu?
C'est tout cela qui rend la guérison si difficile. Il faut ariver à penser qu'il existe un juste milieu. Se convaincre que l'on s'en sortira quoi qu'il arrive. Se faire confiance, quand on se sait capable des pires mensonges (aux autres, mais surtout à nous mêmes).
Pour se débarasser de troubles alimentaires qui durent depuis longtemps et qui, dans mon cas, sont apparus en même temps que l'intellect, le corps et l'identité, il faut faire table rase. Et pour y parvenir, il faut pouvoir renoncer à des comportements qui sont si anciens qu'ils ont presque le statut d'instinct primaire.
On ne peut pas aller mieux du jour au lendemain. Il faut du temps. C'est un long et lent processus. Il faut en avoir conscience. De plus, contrairement aux autres dépendances, il n'existe pas de traitement, pas de "pilule miracle"; c'est à soi de faire le travail. C'est la tâche la plus difficile que j'ai jamais eu à accomplir. Mais je sais qu'au final, elle me rendra bcp plus forte.
Même si j'ai encore bcp de mauvais jours, les troubles alimentaires étant une pure habitude, habitude bien plus profondément installée qu'on ne pourrait le croire. Le simple fait d'être dans ma cuisine actionne une manette dans ma tête, une enseigne lumineuse se mets à clignoter "vas-y, BOUFFE!"
Il y a tous les cauchemards, spectrale présence de mes tca, rêves délirants où je me goinfre et cherche déseperément un lieu où vomir, et dont je m'éveille la gorge serrée, des larmes de culpabilité rageuse coulant sur mes joues, le dégoût au bout des lèvres...L'impression d'être un petit hippopotame qui me poursuit des jours durant, que ma peau est trop serrée, que je suffoque.
Il y a les incursions, les doigts lisant le corps comme du braille, comme si l'agencement des os allait donner un sens à ma vie. Les tentatives pour s'extraire des sables mouvants de l'obsession, les glissades en arrière, à ne pas dramatiser mais à prendre très au sérieux, car au delà d'une semaine c'est la rechute . C'est terriblement court, une semaine. Et le besoin est toujours là. Chaque jour. "Allez, rien qu'une fois, tu te sentiras mieux après." Les toilettes ne sont jamais loin. A quelques pas se trouvent la sécurité, le réconfort, le sentiment de soulagement. Tous les jours , il faut se rappeler qu'à quelques pas se trouve l'anéantissement de tous mes efforts, la honte et la culpabilité à venir. Mais aussi la possibilité d'une mort grotesque, vision d'un corps baignant dans une marre de sang et de vomissures, résultat d'une rupture gastrique.
Il y a l'attente, implicite, que l'on me dise que j'ai maigri. Le sursaut de fierté que cette phrase fera naître. Je rêve de ne plus sentir mon coeur s'emballer à ces mots. Je ne veux pas de cette fierté, de ce sentiment fugace d'avoir accompli quelque chose.
Je voudrais manger ce qui me chante, aller au restaurant avec mes amis sans me posre de questions, apprendre à m'aimer, et surtout me percevoir comme autre chose qu'un cerveau relié à une masse vide.
La grande question étant "comment est ce que je veux vivre, et quels moyens mettre en oeuvre pour y arriver ?"
WHOW! nous devrions le mettre en article peut-être ce post? merci pour ce témoignage en tout cas.
Mais ce que je lis moi c'est encore quelque chose écrit par quelqu'un sous l'emprise de TCA. La maladie déforme ta vision même quand tu essaie d'être objective.... ou alors il faut que ton entourage change de point de vue, ou alors tu projette sur ton entourage ce que toi tu penses.
par exemple :
J'ai eu peur aussi en lisant "l'anorexique est divinisée pour sa amaigreur" non. pour moi quelqu'un de trop maigre est aussi malade que quelqu'un de trop gros. Je ressens de la peine. Et la boulimique, (après le dégout quand même parce que effectivement manger COMME CA je trouve ça sale, pour soi et pour la nourriture) de la peine et de l'incompréhension. Et de l'impuissance aussi.
Que faire pour elles si déjà elles n'écoutent pas leur corps? Comment atteindre l'esprit dans ce cas là??? Donc je me sens rejettée, oui. Impuissante aussi, et en mesure seulement de dire "va vite voir un toubib!"
et puis quelle idée de classer les maux sur une échelle de valeur???
qui fait ça???? la souffrance fait souffrir. point ligne. il faut aider les gens en détresse. Mais qui peut classer le degré? c'est quelque chose de si intime que c'est bien impossible!
et alors??? tu guéris? tu en es où?
Mais ce que je lis moi c'est encore quelque chose écrit par quelqu'un sous l'emprise de TCA. La maladie déforme ta vision même quand tu essaie d'être objective.... ou alors il faut que ton entourage change de point de vue, ou alors tu projette sur ton entourage ce que toi tu penses.
par exemple :
Qui est le "NOUS" qui plane sur ton texte??? En tout cas ni moi ni aucun des gens que je fréquente je t'assure. Manger c'est chouette, c'est pas sale, et je ne suis pas un être ethéré.... il faut dire que mon corps me rapelle a la réalité dès qu'il a faim, et je suis bien contente! Mais ou est passée la toute simple equation faim = manger???? c'est quand même la base.A nous entendre, nous n'avons jamais faim. Nous nous contentons d'avaler de petites boulettes d'énergie, comme dans les jeux vidéos. La nourriture nous donne la nausée, et puis c'est sale.
A nous entendre, nous sommes des êtres éthérés pour qui les repas sont une corvée. QUELLE VASTE CONNERIE!!
Heuuuu.... nan. Manger c'est répondre à un stimulis de faim. J'ai faim je mange. Je n'ai plus faim je m'arrête. J'écoute mon corps. Désirer c'est beau, faire l'amour c'est aimer, aimer c'est beau. Je peux reproduire cette logique : manger c'est écouter le corps écouter le coprs c'est l'aimer, aimer son corps c'est pouvoir aimer tout court, aimer c'est beau.C'est que manger, comme faire l'amour, est perçu comme un aveu de faiblesse. On a succombé aux vils plaisirs de la chair. On est devenu un être dissolu, les passions échappant à tout espèce de contrôle. Dans notre culture, une femme comme il faut doit manger et faire l'amour en soupirant et en regardant le plafond. Une femme comme il faut doit avoir un appétît d'oiseau. Les très jeunes filles commencent à imiter les femmes autour d'elles. Elles parlent de "surveiller leur ligne", de "faire attention" (A quoi bon sang ?!), se pincent le ventre avec un air circonspect. Devenir femme signifie aussi MEPRISER SON CORPS, ETRE DANS UN ETAT DE MANQUE PERMANENT.
je me suis déjà fait cette réflexion. J'ai changé en concluant que ma pensée était absurde. Aujoudr'hui et dans les deux cas je pense si j'ai faim : miom j'en mangerais bien une, elle a bien de la chance de se faire plaisir, si je n'ai pas faim je ne pense rien, ou je suis heureuses pour elles de savoir qu'elles croquent la vie et se font du bien.
Imaginez, 30 secondes. Vous marchez dans la rue, croisez une jeune femme mince en train de manger une gauffre. Quel regard porterez vous sur elle? Que penserez vous?
Quelque mètres plus loin, vous croisez une personne obèse, également en train de manger une gauffre. Que penserez vous? Quel regard porterez vous sur elle?
J'ai eu peur aussi en lisant "l'anorexique est divinisée pour sa amaigreur" non. pour moi quelqu'un de trop maigre est aussi malade que quelqu'un de trop gros. Je ressens de la peine. Et la boulimique, (après le dégout quand même parce que effectivement manger COMME CA je trouve ça sale, pour soi et pour la nourriture) de la peine et de l'incompréhension. Et de l'impuissance aussi.
Que faire pour elles si déjà elles n'écoutent pas leur corps? Comment atteindre l'esprit dans ce cas là??? Donc je me sens rejettée, oui. Impuissante aussi, et en mesure seulement de dire "va vite voir un toubib!"
et puis quelle idée de classer les maux sur une échelle de valeur???

et alors??? tu guéris? tu en es où?
Ton témoignage me touche beaucoup... Vraiment. J'ai la gorge serrée de t'avoir lu et de te voir si lucide sur cette maladie qui t'habite depuis si longtemps...
Il y a certaines choses dont j'avais déjà pris conscience , notamment le poids de notre culture et ce culte de la maigreur ridicule. Je ne comprends pas qu'on ne puisse pas mettre en place des lois, des limites concernant par exemple le poids des mannequins qui défilent.
Mais ce qui m'a touché réellement c'est ton témoignage, la façon dont tu perçois ta maladie. Tu en parles avec une sagesse qui force à la fois l'admiration et qui fait un peu peur. Peur parce qu'on se demande dans un premier temps pourquoi, alors que tu l'analyses si bien, tu n'as pas réussi à te sortir de cette spirale. Puis on comprend, on saisit la difficulté de la tache et la force de cette spirale auto destructrice.
Ton témoignage me touche aussi parce que je suis concernée Je ne suis pas anorexique mais je tente d'aider un ami anorexique. Il est vrai que sa maladie m'a semblé dans un premier temps incompréhensible. Comment ne pas aimer manger ? Puis j'ai compris que le mal était plus profond, plus fourbe, plus mental et plus suicidaire aussi. J'ai toujours du mal à le saisir mais c'est grâce à des textes comme le tien que je parviens à comprendre mieux sa volonté de transparence.
Merci d'oser dire les choses comme tu le dis. Parce que je pense que ça peut t'aider, toi d'abord, de mettre des mots sur cette maladie. De dire: "oui je suis malade". Ta comparaison avec la toxicomanie est très juste. J'avais pour ma part effectué la comparaison avec l'alcoolisme: dans les deux cas le fait de prendre conscience que l'on est malade et que l'on a besoin d'aide est le plus grand pas. Merci aussi pour tous ceux et celles qui vont te lire et qui se reconnaîtront dans ce que tu dis et prendront conscience que , eux aussi, ils ont besoin d'aide.
Je tiens malgré tout à préciser que les troubles alimentaires tels que la boulimie ou l'anorexie sont des maladies mentales très graves. Rien à voir avec les simples régimes. On tombe aussi parfois dans l'excès de dire qu'une personne mince est forcément anorexique. Je ne pense pas que ce soit profitable à qui que ce soit.
On sent que tu as envie de t'en sortir et c'est bien ! Tu sais qu'il te faudra du temps mais tu as l'envie d'y arriver et c'est déjà beaucoup. Fais toi aider, on n'y parvient jamais seul...
Je suis de tout coeur avec toi et je t'embrasse très fort
Il y a certaines choses dont j'avais déjà pris conscience , notamment le poids de notre culture et ce culte de la maigreur ridicule. Je ne comprends pas qu'on ne puisse pas mettre en place des lois, des limites concernant par exemple le poids des mannequins qui défilent.
Mais ce qui m'a touché réellement c'est ton témoignage, la façon dont tu perçois ta maladie. Tu en parles avec une sagesse qui force à la fois l'admiration et qui fait un peu peur. Peur parce qu'on se demande dans un premier temps pourquoi, alors que tu l'analyses si bien, tu n'as pas réussi à te sortir de cette spirale. Puis on comprend, on saisit la difficulté de la tache et la force de cette spirale auto destructrice.
Ton témoignage me touche aussi parce que je suis concernée Je ne suis pas anorexique mais je tente d'aider un ami anorexique. Il est vrai que sa maladie m'a semblé dans un premier temps incompréhensible. Comment ne pas aimer manger ? Puis j'ai compris que le mal était plus profond, plus fourbe, plus mental et plus suicidaire aussi. J'ai toujours du mal à le saisir mais c'est grâce à des textes comme le tien que je parviens à comprendre mieux sa volonté de transparence.
Merci d'oser dire les choses comme tu le dis. Parce que je pense que ça peut t'aider, toi d'abord, de mettre des mots sur cette maladie. De dire: "oui je suis malade". Ta comparaison avec la toxicomanie est très juste. J'avais pour ma part effectué la comparaison avec l'alcoolisme: dans les deux cas le fait de prendre conscience que l'on est malade et que l'on a besoin d'aide est le plus grand pas. Merci aussi pour tous ceux et celles qui vont te lire et qui se reconnaîtront dans ce que tu dis et prendront conscience que , eux aussi, ils ont besoin d'aide.
Je tiens malgré tout à préciser que les troubles alimentaires tels que la boulimie ou l'anorexie sont des maladies mentales très graves. Rien à voir avec les simples régimes. On tombe aussi parfois dans l'excès de dire qu'une personne mince est forcément anorexique. Je ne pense pas que ce soit profitable à qui que ce soit.
On sent que tu as envie de t'en sortir et c'est bien ! Tu sais qu'il te faudra du temps mais tu as l'envie d'y arriver et c'est déjà beaucoup. Fais toi aider, on n'y parvient jamais seul...
Je suis de tout coeur avec toi et je t'embrasse très fort
je souligne que quand je vois un défilé de manequins intérieurement, j'ai mal pour elles, je les trouve en danger, le les trouve laides, et je ne peux mempêcher de traiter d'abrutis tous ceux qui alimentent ce système.
Il faut savoir aussi que les manequins sont bien souvent des jeunes filles de 16 ou 15 ans, et qu'à cet age la morphologie n'est pas la même. On peut être très fine et en bonne santé. Apliquer ce modèle à une femme est absurde.
Et puis est crétin aussi de dire qu'on mange "tout à fait normalement en se faisant bien plaisir, en ajoutant ensuite "une pomme le midi un yahourt le soir" l'air fière de pas dire de conneries.....
Il faut savoir aussi que les manequins sont bien souvent des jeunes filles de 16 ou 15 ans, et qu'à cet age la morphologie n'est pas la même. On peut être très fine et en bonne santé. Apliquer ce modèle à une femme est absurde.
Et puis est crétin aussi de dire qu'on mange "tout à fait normalement en se faisant bien plaisir, en ajoutant ensuite "une pomme le midi un yahourt le soir" l'air fière de pas dire de conneries.....
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- Inscription : mar. sept. 04, 2007 5:28 pm
je vais essayer de répondre de façon organiséelulu galipette a écrit :WHOW! nous devrions le mettre en article peut-être ce post? merci pour ce témoignage en tout cas.
et alors??? tu guéris? tu en es où?
1- en faire ou pas un article, c'est comme vous voulez
2 - ce texte est un regard sur les tca; je ne prétends pas posséder toutes les clefs, et ne peux que livrer mon point de vue, mon expérience de la boulimie et de l'anorexie.
qui est le nous ? il y a plusieurs nous je crois : nous = personnes souffrant ou ayant souffert de troubles alimentaires; peut être devrais je utilisre un "on" plus neutre
mais ici
A nous entendre, nous n'avons jamais faim. Nous nous contentons d'avaler de petites boulettes d'énergie, comme dans les jeux vidéos. La nourriture nous donne la nausée, et puis c'est sale.
A nous entendre, nous sommes des êtres éthérés pour qui les repas sont une corvée. QUELLE VASTE CONNERIE!!
nous = les femmes en général (mais catégorie régime addict particulierement)
Mais ou est passée la toute simple equation faim = manger????
justement, ce n'est plus si simple.
Il faut que vous compreniez que la nourriture est ou a été une drogue pour soi.
Imaginez un drogué, un "vrai". Héroïnomane, par exemple. Pour le désintoxiquer, on lui donnera des médocs, de la méthadone, que sais-je... mais PLUS d'héroïne.
On ne lui donnera pas une seringue pleine en lui disant "attention hein juste 1 mesure par jour elle est concentrée; au delà tu seras de nouveau consideré comme accro "
et le pauvre gars, en imaginant qu'il soit ultra motivé et plein de bonne volonté, tentant de se tenir à cette foutue mesure, imaginez, une fois un geste brusque et hop il s'injecte une mesure et demi..le voilà à s'arracher les cheveux, "merde MERDE j'ai dépassé la dose mais alors .. je suis de nouveau un drogué?"ok il peut relativiser et se dire que ce n'est pas grave d'avoir dépassé la dose seulement ça l'obsède quand même il ne sait plus quoi faire est ce que le lendemain il doit en prendre moins pour compenser? il essaye mais a terriblement envie de plus forcément il est pas près à réduire ainsi et son corps réclame... le gars craque il se dit c'est bon c'est foutu fini de tt façons et s'envoie tout le contenu de la seringue d'un coup.
On est d'accord, mon exemple est tiré par les cheveux, absurde et invraisemblable. C'est juste pour vous expliquer.
On ne peut pas dire "la bouffe est ma drogue j'arrête la bouffe". Alors on tente de manger comme on peut mais c'est dur parce que ça nous semble énorme toute cette dose de nourriture et çà chaque bouchée on culpabilise "est ce que je mange normalement ? suis je rassasiée? suis en train de manger par plaisir ou pour me remplir?"
Et quand la culpabilité est la plus forte on craque. Soit en s'arrêtant de manger.
Soit en s'emplissant un maximum avant d'aller vomir.
Le problème est de parvenir à réapprivoiser la faim. retrouver des sensations justes, au niveau de son corps et de son estomac. ça met du temps.
je ne dis pas exactement ça; mais le corps anorexique _pas l'anorexique extrême, hospitalisée, recouvert de lanugo, mais la phase type mannequin _ exerce une très forte attraction sur beaucoupJ'ai eu peur aussi en lisant "l'anorexique est divinisée pour sa maigreur"
une majorité bien pensante, et je peux te dire que j'en ai croisé. des professeurs, des amis, des parents, des médecins..classer les maux sur une échelle de valeur??? qui peut faire ça ?
il y a deux idées préconçues très répandu : les maladies psychiques sont moins grave que les maladies physiologique (qui elles, ne sont pas de la faute du patient).
ensuite, que les troubles alimentaires n'était qu'une phase passagère, un caprice de jeunes filles. une histoire de volonté. (ah , le fameux "quand on veut on peut! c'est difficile de se faire entendre. opur ma part, en périodes de rechute j'ai tendance à développer de l'agoraphobie (peur de la foule se traduisant par une forte angoisse ) , et à faire des crises de panique. va expliquer ça à un professeur qui est persuadé que tu prefères faire du shopping plutôt que de suivre ses cours
est ce que je guéris ? oui. avec des hauts et des bas. mais comme je 'lai écrit, je ne crois pas qu'on guérisse jamais tout à fait de ce type de maladie. c'est quelque chose que je porte en moi. même si j'apprends, progressivement, à mieux y faire face. je trouve ta comparaison avec l'alcolisme très juste, Roxane. et tout comme un alcolique se considerera comme alcolique toute sa vie, je serais toujours une boulimique anorexique, et devrais toujours rester vigilante. le risque courant est le "je suis impuissant face à la maladie" qui tend à nous déreponsabiliser , et victimiser. "pauvre de toi". il faut lire autrement cet "aveu" à mon sens, le voir comme une prise de conscience que l'on ne peut pas tout contrôler mais qu'il faut poser d'autres choix. c'est difficile ! d'autant que les tca ont quelque chose de pulsionnel et de mécaniques. mais j'apprends. quand j'ouvre le frigo, ou un placard, j'arrive à me dire " tu sais très bien que ce n'est pas ce que tu veux vraiment, calme toi, pose toi : qu'est ce qui ne va pas ?"et alors??? tu guéris? tu en es où?
pour ce qui est de se soigner , je vais vous répondre la même chose qu'à mes parents : je gère.
J'ai lu .
Ben, j'imaginais pas le ressenti de cette maladie, que perso, je connais peu.
Je vais peut-être paraître très innocente sur le coup mais, où l'anorexie/boulimie trouve-t-elle son origine ? Dans l'enfance? dans l'adolescence? Dans le rapport aux parents? Quel est le facteur déclenchant? J'imagine bien qu'il est différent pour chaque malade, mais n'est-il pas dû à l'environnement de vie? Qu'est ce qui chez toi a provoqué cet état? Qu'est ce qui a fait qu'un jour cette maladie t'es tombée dessus?
Si mes questions sont indiscrètes, dis-le, y a pas de souci mais j'essaie de comprendre le modus operandi de la bête qui te ronge.
J'ai lu dans un de tes posts que tu veux entrer dans une école de théâtre, je ne saurais que trop t'encourager à le faire. La scène permet d'exorciser pas mal de démons, ou du moins de les apprivoiser et de découvrir que ses défauts peuvent devenir de redoutables qualités.
"L'épaisseur" tu l'as (sans mauvaises allusions de ma part..
) de par ton vécu. Après il y a d'autres facteurs comme le talent, la chance etc...mais ce serait bien que tu sois mise en valeur par ce biais.Ca t'aidera aussi à apprivoiser ton corps et à t'aimer comme tu le dis Je crois qu'il y a là vraiment un chemin à explorer pour toi!
Et je te souhaite de tout coeur de réussir.

Ben, j'imaginais pas le ressenti de cette maladie, que perso, je connais peu.
Je vais peut-être paraître très innocente sur le coup mais, où l'anorexie/boulimie trouve-t-elle son origine ? Dans l'enfance? dans l'adolescence? Dans le rapport aux parents? Quel est le facteur déclenchant? J'imagine bien qu'il est différent pour chaque malade, mais n'est-il pas dû à l'environnement de vie? Qu'est ce qui chez toi a provoqué cet état? Qu'est ce qui a fait qu'un jour cette maladie t'es tombée dessus?
Si mes questions sont indiscrètes, dis-le, y a pas de souci mais j'essaie de comprendre le modus operandi de la bête qui te ronge.
J'ai lu dans un de tes posts que tu veux entrer dans une école de théâtre, je ne saurais que trop t'encourager à le faire. La scène permet d'exorciser pas mal de démons, ou du moins de les apprivoiser et de découvrir que ses défauts peuvent devenir de redoutables qualités.
"L'épaisseur" tu l'as (sans mauvaises allusions de ma part..

Et je te souhaite de tout coeur de réussir.
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- Inscription : mar. sept. 04, 2007 5:28 pm
à vrai dire je n'ai pas de réponse à ta question. d'abord par ce que effectivement, c'est différent d'une personne à l'autre. ensuite parce qu'il est difficile de déterminer UN facteur déclechant; impossible de dire "ça a commencé tel jour, tel mois, à cause de.."Védra a écrit : Je vais peut-être paraître très innocente sur le coup mais, où l'anorexie/boulimie trouve-t-elle son origine ? Dans l'enfance? dans l'adolescence? Dans le rapport aux parents? Quel est le facteur déclenchant? J'imagine bien qu'il est différent pour chaque malade, mais n'est-il pas dû à l'environnement de vie? Qu'est ce qui chez toi a provoqué cet état? Qu'est ce qui a fait qu'un jour cette maladie t'es tombée dessus?
Si mes questions sont indiscrètes, dis-le, y a pas de souci mais j'essaie de comprendre le modus operandi de la bête qui te ronge.
on peut déveleppoer de tels troubles à tous les âges, de l'enfance à la vieillesses; même si c'est généralement à l'adolescence que ça se passe.
en ce qui me concerne , ça a commencé quand j'avais 7-8 ans. j'ai commencé par être hyperphagique, ce qui aurait pu aboutir à de l'obesité si je n'avais pas commencé à me faire vomir. (comment ça a pu me venir à l'esprit, je ne sais pas.)
vers 15 ans j'ai eu une période d'anorexie, avant de me mettre à joyeusement alterner anorexie et boulimie . c'est une maladie cyclique et évolutive, et j'ai été "dépistée" et soignée très tard.
à 16 ans, je me mutilais, j'étais gravement dépressive,insomniaque, alcolique, et j'en passe.. j'ai fait une tentative de suicide, achevée par 3 mois en hôpital psychiatrique. l'année qui a suivi, j'allais mieux, puis j'ai commencé à faire des cauchemards, à avoir des flashs, à avoir peur du noir,à ne plus dormir ni manger.. j'ai donc rappelé l'hôpital, et y suis retournée pour 4 mois.
les facteurs possibles, chez moi, sont une peur très forte de l'abandon , sentiment de culpabilité et d'angoisse du à un possible viol que mon cerveau, dans un instinct de survie, a "caché"; ça porte le doux nom de choc traumatique. voilà..
Ouai...c'est bien ce que je pensais, on ne fait pas dans le light ,punaise!les facteurs possibles, chez moi, sont une peur très forte de l'abandon , sentiment de culpabilité et d'angoisse du à un possible viol que mon cerveau, dans un instinct de survie, a "caché"; ça porte le doux nom de choc traumatique. voilà..
Je répète, outre tes prises en charge par des pros, essaye le théâtre. Vraiment. Ca ne peut que te faire du bien, surtout si il y a une demande de ta part!
Dans ce cas (comme souvent) cela peut réellement se révéler être un appui thérapeutique.
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- Inscription : mar. sept. 04, 2007 5:28 pm