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ExMembre10

Voie B

Message par ExMembre10 »

Une nouvelle qui est un petit délire, écrit en un jet. Une sorte d'extrapolation critique de ma propre manière d'agir, de penser.

Voie B


- MAMAAAANNN!! Arrr! MAMAAAANNN........

Il criait et ça me donnait envie de le butter.

La voix entrait en moi comme un marteau piqueur, raisonnait dans mon crane, réveillait cette migraine, cette maudite migraine qui m'avait laissé une journée de répits, pour une fois.

Je l'aurais volonté poussé moi même sous ce train s'il n'y était déjà.

Il y a deux choses qui m'ont toujours rendue folle, mis dans une rage inexplicable: les chiens qui aboient et les gamins qui hurlent.

Que ce soit de joie ou de douleur peu importe, mais ces cris aigus comme des sirènes qui ne veulent jamais s'arrêter, ce bruit, ce bruit irraisonné sans borne sans limite, ce son ne mériterait qu'une chose: un poignard au milieu de la gorge.
A ces instant, c'est comme si le temps n'allait jamais cesser de couler, et surtout, comme si seconde après seconde tout serait plus fort, plus fort jusqu'à l'orgasme, ou jusqu'à la mort. Et que même la mort arrivée cela ne cesserait pas.
Comme si je pouvais toucher l'infini, mais comme si cet infini était juste cet instant, dont tous les élements s'amplifieraient sans cesse. Aucun changement, mais une exagération exponentielle de ce qui existe.

Heureusement, le mioche était sectionné sur la voix B, et j'attendais mon train sur la voix A. mon train n'allait pas avoir de soubresauts en partant, je pourrais bondir dedans et m'éloigner de ces sons dans quelques minutes.

Je m'installerais dans le sens inverse de la marche, pour regarder le paysage fondre derrière moi, pour jouer une parodie de nostalgie en regardant le lieu que je venais de quitter disparaitre et mourir, imaginer les gens que je venais de quitter disparaitre dans leurs vies, à jamais séparées et indépendantes de la mienne.
Ca restera une parodie; Je ne ressentirai aucune douleurs, aucune tristesse à l'idée de partir, comme je ne ressentirai aucune joie à l'idée de rejoindre ma destination. Les gens que je viendrais de quitter n'allaient pas se séparer de ma vie puisqu'ils n'en avait jamais fait partit, puisque vivre sous le même toit qu'eux, les faire jouir ou les nourrir n'empêchait pas nos chemin d'être à jamais parallèles.

D'ailleurs je me lasserais de ce petit jeu. Mon regard allait bien vite se détacher de la vitre et se plonger dans le Canard Enchainé. Je sourirais dans le train , replierais laborieusement le journal 10 minutes avant d'entrer en gare, aurais peur d'oublier quelque chose dans le train et comme je me préparerais trop longtemps à l'avance à la descente je m'ennuierais plusieurs minutes avant qu'il ne stop et que je puisse descendre, une cigarette déjà prête, coincée entre mes lèvres.

Puis je m'écraserais entre des hommes puants l'after shave et des femmes obèses dans un tram, et rentrerais chez moi.

Je savais instant pour instant ce que j'allais vivre l'heure suivante. C'était ce que je vivais chaque dimanche soir.

Il était préférable que je ne guète pas mon train.

Malgré ma répugnance pour l'avorton, il valait mieux que je fixe mon attention sur lui pour les 5 minutes qui me restaient à attendre.

Sa jambe était arrachée, ses yeux noyés de larmes cherchaient un visage, un secoure, quelque chose qui arrêterais le temps, qui empêcherais la douleur de croitre encore et encore. Il appelais sa mère tout en sachant que même prés de lui elle ne pourrait rien faire contre ce temps qui allait durer, qui allait passer, contre l'avenir qui allait venir. Le sang de sa jambe avait éclaboussé la femme nue sur l'affiche publicitaire. Un vieil homme qui attendait trop prés sortait son mouchoir pour essuyer son visage taché du sang de l'enfant. Un homme en costard cherchait un employé qui aurait put sortir l'enfant de la voix avant que le train ne reparte. Il ne restait plus que quelques minute avant que les portes ne se referment et que la machine roule, broyant le reste de l'enfant. L'homme devait être étranger, il ne savait pas. Le reste de la foule était en train elle de prendre le plis. Elle montait vite sans trop regarder le gosse, elle pensait surtout à éviter d'être écrasée par les lourdes portes de métal, le moment venu. De toute façon c'est mieux pour tout le monde. Ne pas s'attarder sur ces cas mineurs, ces accidents ponctuels.

C'est cette manie de vouloir éviter à tout prix les accidents qui coutait en temps et en argent. Avec cette décision, faire ce qui est bénéfique au plus grand nombre, on avait baisé le prix du billet de train radicalement puisque les employés chargés de veiller à ce que les passagers s'éloignent t des voix, à ce que tout le monde soit bien rentré avant de faire se refermer les portes, n'étaient plus en fonction. On ne bloquait plus les voix un temps fou pour enlever les accidentés, attendre une ambulance, ou autre détail. Le nombre de retard avaient considérablement diminué.

La grande majorité des usagés étaient plus heureux. Seul une centaines de personnes par an en souffraient sur cette gare. Les gens avaient bien votés: ils avaient en effet trouvé une solution qui allait au plus grand nombre.

L'étranger devenait livide. Il cherchait autour de lui quelqu'un pour l'aider. Personne ne bougeait. Ou plutôt si, tout le monde bougeait, tout le monde continuait sa danse, bien rythmée. J'aurais du lui crier qu'il allait arriver en retard, manquer son train, mais je n'entendais pas de là où j'étais la langue qu'il employait. L'homme avait arrêté de chercher de l'aide autour de lui. Il s'approchait maintenant du gamin. Il s'installait prés de lui, enlevant son pardessus de laine et son chapeau pour les mettre sous la tête du gosse, qui criait toujours à l'en rendre détestable. J'aurais du crier à l'homme de ne pas rester en face du train, mais je ne savais toujours pas quelle langue il parlait.

Je jetai un coup d'oeil sur la vieille horloge de la gare. J'avais encore tout juste le temps d'allumer une cigarette. Un souffle de vent glacé tout. J'essayais de protéger la flamme de mon briquet de ma main, mais le vent s'insinua entre mes doigts et déporta la flamme contre ma paume. Je déteste me bruler les doigts en allumant mon tabac. Je déteste ces détails farfelus qui ne servent à personne. Ma main portait maintenant une petite marque rouge ne ressemblant à rien. Qu'elle parte vite!

L'aiguille avait un peu avancé dans le cadrant usé de l'horloge. En face, le train redémarrait. L'étranger n'eut pas le temps de pousser un cris, un appel. Je ne saurais jamais qu'elle langue il parlait. De toute façon mon train allait rentrer en gare. Il fallait que j'aille composter mon billet. j'oublie toujours, c'est fou comme ces machines sont agaçante. Il faudra que je n'oublie pas de signer la pétition pour les remplacer par des contrôles digitales. Voila, ça, ce serait mieux. Un système de reconnaissance digitale. Ça éviterais de perdre son temps de voyage en devant parler à des contrôleurs. Je pense que l'idée arrangera le plus grand nombre. Ça veut dire qu'elle est bonne.
black-sheep
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Message par black-sheep »

j'aime bien! C'est bien écrit je trouve! Même si l'histoire est un peu gore j'aime bien! :D
sandoval

Message par sandoval »

J'y aime beaucoup l'ironie et le détachement.C'est marrant mais ça me rappelle comme l'atmosphère ambiante d'un certain pays,mais lequel déjà?....
sandoval

Message par sandoval »

Novembre pend au dessus de ma bouche
Réflexe involontaire
De la goutte sans repère

Dépose
Ton ombre maléable

J'embrasse un cadavre sans prétention

L'unique conifère
Du charbon dans les yeux
Vas y
Tu peux couper mes cheveux
Katy Mini

Message par Katy Mini »

***
Dernière modification par Katy Mini le dim. mars 14, 2010 9:29 pm, modifié 1 fois.
Katy Mini

Message par Katy Mini »

***
Dernière modification par Katy Mini le dim. mars 14, 2010 9:28 pm, modifié 1 fois.
luluth
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Message par luluth »

Le seul que j'aime un peu c'est celui de Sandoval qui se rapproche en effet du surréalisme. Ca pourrait être intéressant que tu cherches à t'approcher au maximum de l'écriture automatique ! ce n'est pas si facile qu'on le croit, mais qu'est-ce que c'est jouissif de couler sur le papier la brutalité et la perversité de ses désirs ^^
sandoval

Message par sandoval »

J'ai déjà essayé l'écriture automatique Luluth,mais je n'y arrive pas vraiment. En fait je n'arriverais même pas à t'expliquer le pourquoi du comment quand à la création de certaines choses.

Dès fois j'écris pour des personnes imaginaires,pour des gens que je connais ,des proches (mais je n'ose pas leur montrer).

Evidemment quand je connais des moments de spleen ^^ on dirait que mon envie d'écrire ressurgit...
luluth
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Message par luluth »

Perso je m'y essaye mais ne suis pas encore convaincu du résultat. J'ai du mal à enchaîner deux phrases sans que la censure ressurgisse assez rapidement. Et montrer mes tentatives, je ne m'en sens pas capable. Mais parfois ça marche un peu, et relire ça quelques jours plus tard c'est très intéressant.

D'après Breton, il ne faut pas être en état de veille mais assez proche du sommeil... Quand on vient de se réveiller ou quand on est très fatigué par exemple. Mais le midi après le café c'est mort.
sandoval

Message par sandoval »

En fait je ne cherche pas écrire comme peut l'être écriture automatique. J'ai déjà essayé mais franchement ça ne rend pas vraiment comme il faut. Au contraire dès fois en un seul jet je peux faire quelque chose que je considère potable ^^

Pis après y'a l'inspiration et là c'est par vagues. J'ai des périodes où je Dois écrire coûte que coûte.Pourquoi? Aucune idée. Puis dès fois c'est le néant.

En fait j'aimerais un jour faire une forme de recueil de poèmes qui pourraient être comparables à des êtres vivants.Avec des mutations,des changements,plein de trucs. Créer un système nouveau ^^

Mais bon ça c'est quand j'ai l'inspiration....
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