[Mon frère, la quarantaine (15 ans d'écart entre lui et moi), père de famille, marié, ouvert d'esprit (enfin ce qu'il disait)]
Il y a quelques semaines, je lui ai annoncé que j'avais eu le coup de foudre pour une personne, que j'avais regardé son coeur et non son sexe (il n'a pas eu besoin de plus pour comprendre qu'il s'agissait d'une femme). Sa seule réaction fut : "euh euh..." puis il est parti prendre l'air et je ne l'ai jamais revu.
[Avec lui, j'ai une relation un peu complexe : nous pouvons être autant fusionnels que je m'en foutiste de l'autre.]
Vendredi soir, je reçois un coup de téléphone de sa part rempli de hargne et de rancoeur envers moi. Il tourne les trucs contre moi... alors que j'essayais de me dévoiler, de lui faire part de mon bonheur et aussi de lui faire toucher du doigt mes faiblesses, mes craintes, mes peurs, mes envies... M'enfin être honnête quoi !!
Il m'a renvoyé à des sentiments que je n'ai pas [j'ai écourté les banalités échangées de peur d'être modérée vu les mots utilisés à mon encontre]... Nan il ne peut définitivement pas être comme ça... Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, je me sens mal, trahie, j'ai la rage, une sensation de vide.
Hier mes parents ont organisés un repas familial sans m'avertir qu'il était là (j'ai trouvé ça rude, je prends sur moi). La famille ressent une certaine tension, un certain malaise entre tous est ressenti. Le temps passe lorsqu'un pic assassin arrive "attention il y a une gouinasse autour de cette table !!" :pas content: Là c'est le choc, tous les regards se tournent vers moi. J'ai 2 solutions : la fuite ou la révélation (certains n'étaient pas au courant), j'ai pris mon courage à deux mains (quelques verres d'alcool m'aidant certainement aussi) et j'ai expliqué que j'aimais une femme, que c'était un amour différent, que deux personnes h-f f-f ou h-h qui s'aiment c'était tout à fait normal, que ce n'est pas une maladie, que ce n'était pas contagieux. J'ai aussi expliqué à ma famille qu'elle pouvait accepter -ou pas- ma situation, que s'ils avaient des questions à me poser j'étais ouverte et j'ai rajouté "ce sera ensemble - elle et moi - ou pas du tout".
A ce moment-là, je me suis sentie fière de moi, fière d'affronter cette situation pas évidente, j'étais outée officiellement à la vue des présents, je ne devrais plus me cacher... Puis les réactions ne se sont pas faites attendre, les plus jeunes m'ont dit "super tata c'est cool", mon frère et ma belle-soeur sont restés abasourdis devant tant de répartie, ma mère avait plus ou moins compris et mon père est resté bouche bée (je ne pense pas qu'il a réellement compris ce qu'il se passait). La fin du repas est arrivée, tout le monde est rentré chez soi comme si de rien n'était. Me voilà soulagée (ça de moins à dire) et aussi un autre sentiment que je n'aurai su définir.
Ce midi, j'ai encore un repas familial (chez nous c'est soit le désert total -voit personne pendant un mois- ou tous les repas s'enchaînent), mon frère ne sera pas là, tous les présents savent pour moi, qui vivra verra
Je vous avoue que j'ai un petit pincement au coeur, une petite peur et pourtant au fond de moi je me sens sereine.
[A votre lecture, je ne sais pas comment vous allez le ressentir, j'ai l'air de bien m'en sortir finalement (du moins pour le moment) et pourtant mon corps m'a trahie hier en me donnant le privilège d'une crise d'épilepsie.]
Peut-être que mon témoignage pourrait faire avancer, donner du courage.