Étrange comme titre je l'admets. Mais là, c'est vraiment une image qui me parle.
La famille, le coming out, l’homophobie mais surtout ma vie, je savais pas trop où poster. Peut-être qu'il faut le déplacer. En tout cas j’ai d'abord choisi cette section parce qu’au final, je pense que tout ce qu’il se passe en moi est directement ou indirectement lié à « une » homophobie. Que ce soit la générale et celle de ma famille. Et puis je suis toujours aussi surprise quand je vois que le dico de mon ordi ne connaît même pas le mot « homophobie ». Ca fait peur. Je crois que je n'attends rien de ce topic, j'ai juste besoin que ça sorte pour passer à autre chose.
Je rentre donc de 3 superbes semaines de voyage en famille. Pas outée pour un sou, j’attends toujours le bon moment.
Ma tante et mon tonton étaient avec nous. Ils ont un couple d’ami gay donc pour moi, c’était vraiment les membres de la famille qui semblaient le plus ouverts sur le sujet. En plus de ça, y’a pas si longtemps, j’avais cru comprendre que mon tonton me tendait une perche et me sortant un « ou une copine » durant un repas.
Breeef ! En gros, ce qui me perturbe, c’est tout ce que j’ai pu entendre en 3 semaines. J’ai juste envie d’exploser, de disparaître. Ca arrive, ça arrive. Je sais pas m'organiser et faire court, désolée.
En plus je suis totalement perdue. Entre les perches (ou pas) de ma mère : " Oh, t’as vu les drapeaux gay partout dans la rue ? ", " Ooh t’as vu ce joli porte clé au couleur du drapeau gay ? " et quelques minutes plus tard quand passe un couple de mec ma petite cousine de 10 ans qui sort : « - Maman… C’est… ce que je pense ?
Moi : - C’est bon, tu peux le dire hein, c’est pas grave !
Petit frère et sœur : - C’est quoi, c’est quoi ?
Ma tante : - Bah des tarlouzes ! (Sur un ton toujours un peu gêné et moqueur. Je vous rappelle que leurs supers amis sont homos.

- C’est quoi ?
- Des hommes qui aiment les hommes.
- Ah, des pédés quoi !
Mon père : - Oué enfin, deux hommes, tu parles. (En gros : il en faut un pour faire la femme. Discours habituel de mon père. Je suis fan.)
Comme le couple promenait leur chien, ils ont en plus eu droit à des remarques du genre "oh et ça c'est leur petit bébé, bah oui parce que tu sais les homos peuvent pas avoir d'enfants et gngngn que j't'en rajoute une couche.)
Ah, et la phrase fétiche de mon père a été : « Soyons gais/On est tous un peu gai, mais pas trop quand même ! » suivi de son gros rire gras. Il a quand même réussi à la sortir une bonne dizaine de fois. Il est trop fort mon papa.
Mais, jusque là, je prenais sur moi. Me disais qu'ils se rendaient peut-être pas compte, que c'était pas bien méchant. Il m'a fallu la petite goutte pour faire déborder le vase et que je vienne en parler.
Ce matin, ma petite cousine me tend une rose que lui avait donné un mec de l’avion.
Elle me dit : - Je pousse le chariot, toi, vas te trouver un petit copain. (parce que oui, elle en a un, elle.)
Je lui répond que non, j’ai pas envie, que j’ai pas besoin de petit copain. Elle me demande alors si je veux pas d’enfant et je lui répond que si. Elle m’explique qu’on a besoin d’un petit copain pour faire des enfants (merci, j’étais pas au courant). Je lui ai quand même dit que j’en avais pas besoin.
"Tu vas pas être homo quand même !"
Là, vraiment je me suis dis STOP. C'est plus possible. J'ai trouvé ça horrible, l'idée de se faire juger par une enfant.
Je me sentais très bien en tant qu’homo, mais là je vous jure… J’voudrais être hétéro et pas avoir à endurer ces remarques, ces pensées. Rire avec eux de leur discussions débiles. Je commence à douter. Mais à douter genre j'ai la méga trouille... Je crois que je pourrai jamais en parler avec qui que ce soit dans la famille. Et puis j'ai vu pleins de jeunes couples ce soir chez des amis, et les parents qui parlent avec leur "gendre", etc. Ca marchera jamais pour moi ça ! Les repas de famille où ma petite copine sera invitée, je peux toujours en rêver !
Et je veux des enfants, vraiment. Je vois les jeunes parents dans la rue, je me dis que merde, je vais devoir lutter pour en avoir. SI "on" y arrive. Qu’en plus de ça, toute ma vie je vais devoir me battre pour prouver que j’ai pas tort, que ça peut marcher. J'ai même commencé à songer à faire genre "j'suis hétéro" toute ma vie pour avoir des enfants, faire plaisir à tout le monde et tant pis pour moi. Oui, bon, je sais que j'en suis pas encore là. Vraiment pas mais j'y pense. Jusque là je crois que j'avais tout idéalisé. Le super CO, la super vie trop facile avec des enfants et tout et tout. Puis je me rends compte petit à petit.
Je pense à mes grands-parents, à mon cousin, ma tante, ma petite cousine, petit frère et petite soeur, mes parents... Jamais j'y arriverai. Jamais ils arriveront. A accepter. Je vais me mettre tout le monde à dos c'est pas possible... Je veux pas qu'on me regarde bizarre et qu'on me fasse un sourire hypocrite pour me faire croire que tout va bien. Que ça dérange pas. Et même si je m'entends pas exceptionnellement bien avec eux, si je perds ça, j'aurai plus rien. Je commence à tout dramatiser. Je suis grave.
En une journée, je viens de me mettre un gros coup de stress alors que tout allait très bien dans ma tête. J’avais besoin de le partager avec vous…
Tout ça parce que je suis frustrée et en manque de film à l'eau de rose qui se finit bien. Elles vécurent heureuses et eurent beaucoup d'enfants. Avec les parents qui applaudissent et pleurent de joie en arrière plan. =)