Alors on va commencer avec un super billet d'humeur trouvé sur MekWeSkank, une belle réponse à tous ceusses qu'on jamais pris le temps d'écouter cette musique mais la dénigre...
Heu sinon pour le titre, c'est comme ca que le nom de se nouveau beat qui succéder au RockSteady s'orthographié au début (titre Do the Regay de Toots & the maytal, en 1968). C'etait avant Stonewall et que l'accronyme GAY (Good As You) ne prenne le sens qu'il a aujourd'huiLorsque l’on évoque son amour irrépressible pour le reggae avec l’immense majorité de ses interlocuteurs, hélas résolument insensibles au magnétisme de cette musique, la réaction est presque immanquablement la même : « Le reggae c’est chiant, c’est tout le temps la même chose ». Le tout prononcé d’un air las, quoiqu’assez ferme pour disqualifier d’emblée toute velléité de plaidoirie.
Pourtant, on aimerait tant les faire s’asseoir un instant, leur faire écouter les mondes qui séparent la batterie aérienne de Drumbago de l’artillerie de Sly, les envolées de Don Drummond des mélopées d’Augustus Pablo, le son mystique et ouaté du Black Ark des guitares acérées d’Harry J, les amours adolescentes de Slim Smith des prêches abyssaux de Prince Far I. On aimerait leur parler de cette basse écrasante et faussement désinvolte, galopant malgré tout comme un cheval trop chargé. De ce skank de guitare qui claque jusqu’à la transe, comme les machettes sur les cannes à sucre, comme le fouet sur les dos nus. On aimerait attirer leur attention sur ce rythme qui palpite, rond et carré à la fois, cet équilibre délicat entre le relâchement qui lui donne son groove et la rigueur qui le tient debout. On voudrait raconter cet exploit unique, cette petite île dont tout le monde se foutait qui a su se faire entendre aux quatre coins du monde à grands coups de rimshots martelés. On aimerait chanter la Nashville du « Tiers Monde », ses génies du bricolage et de la débrouille, ses studios poussiéreux et enfumés d’où sortaient des sons venus d’ailleurs.
On voudrait, mais on ne nous en donnera pas l’occasion, par ce que le reggae c’est chiant. Point barre.
Ensuite, pour dérider l’atmosphère, vos vis-à-vis vous infligent généralement, comblés d’aise à l’idée ingénue d’être les premiers à le faire, le célèbre et hilarant : « Tu sais ce que dit un rasta qui n’a plus rien à fumer ? ‘’C’est quoi cette musique de merde ?’’ »…
Esquisse d’un sourire poli, on commence à avoir l’habitude. On aimerait alors leur parler de rastafari, de cette dignité revancharde des « down and outs », de cette fierté sauvage et déroutante, de cette constante soif de comprendre, hors des livres d’école, de cette foi tout à la fois granitique et en réinvention permanente. On aimerait leur raconter ces gamins de 5 ans qui vous toisent entre leurs locks, ces regards qui transpercent les masques, ce langage unique où chaque syllabe pèse lourd, ces questions surprenantes qui font vaciller les certitudes.
Mais non, un rasta ça fume de l’herbe en souriant bêtement, ça lance des « Irie man » en se promenant sur la plage, et ça écoute de la musique de merde. Point barre.




