Un de vos proches est homo, bi,trans ? Vous êtes homo, bi, trans, et les relations avec votre famille vous posent questions ? Cette section vous est dédiée.
Je vais apporter ma petite contribution au débat d'un autre point de vue, étant moi-même atteinte du même type de cancer dont tu parles.
Il n'y a pas plusieurs tests pour ce type de cancer; il y a un seul test (la coloscopie ou la rectoscopie) et on a un diagnostic en temps réel. Je n'ai pas compris si ton père a déjà eu ce diagnostic... D'autres examens (biopsie, scanner pour vérifier s'il y a des métastases) servent seulement pour établir le stade de la maladie.
Si tu veux des infos sur cette maladie, si tu veux discuter à propos des différentes options thérapeutiques, tu peux me contacter par mp. Je suis là pour témoigner que (du moins pour ce type de cancer) ce n'est pas toujours vrai que
les traitements de cancer ... ne font qu'augmenter le temps de souffrance
Pour ce qui est de ta question... moi aussi je me suis posée la question plusieurs fois, de mon point de vue de mère malade.
Mon fils ainé a le même age que toi, il était avec moi il y a deux ans quand on m'a diagnostiqué le cancer... j'ai pleuré sur son épaule...
Je peux seulement te dire que j'ai été aidée dans mon procès d'acceptation de la maladie par des témoignages de fils qui ont perdu leurs parents.
Ici sur le forum j'avais été énormément impressionnée par un article d'un membre (qui maintenant n'est plus sur le forum) et qui racontait la mort de sa mère et comment il l'avait vécue...
J'ai été aidée aussi par un ami à moi dont j'ignorais l'histoire familiale: il avait vécu seul avec sa mère qui est décédée à cause d'un cancer quand il était très jeune... et le jour même où j'ai su que j'étais malade, il m'a écrit pour me raconter son histoire et il a ajouté:
... j'ai survécu à tout cela, sans trop de dommages... donc tu dois te préoccuper surtout de toi...
Je ne sais pas te donner de conseils, je n'ai pas de recettes:
je pense que ta relation avec ton père, en tant que dépressif, sera difficile à gérer (soit s'il a vraiment un cancer, soit s'il s'agit d' un "faux alarme") et tu devras penser avant tout à te protéger.
Désolée de t'avoir heurtée Norma Jean, c'était loin d'être mon intention.
Il s'agissait effectivement d'une analogie mais je me suis probablement mal faite comprendre.
Les autres témoignages (très touchants et pudiques) te seront certainement plus utiles.
Norma Jean a écrit :Je lance un sujet de discussion difficile, sans petits oiseaux qui batifollent dans un arc-en-ciel printanier, ni même une petite fille ne robe rose cueillant des marguerites, alors comme dirait Mister Sylverstre, "Pardon aux familles et tout ça".
Je voulais savoir, si certains d'entre vous ont déjà perdu un ou leurs parents, comment l'on-t-il vécut, comment s'en sont ils remis, et ce qui en vrac leur est passé par la tête.
Si je pause cette question, c'est que, ayant déjà perdu ado ma mère ( cancer), n'ayant maintenant que 21 ans, mon père, dépressif depuis des lustres, traine des syndromes cancéreux depuis une bonne année et s'est décidé à m'annoncer- le jour de noel, admirrez la délicatesse - qu'il avait fait des tests pour le cancer du rectum, et qu'ils le rappelaient en deuxième session. Ce week end il doit voir un gastroentérologue pour savoir si c'est mauvais ou très mauvais.
Vu qu'il a laissé trainé, vu qu'il a été traumatisé par les traitements de cancer qui ne font qu'augmenter le temps de souffrance (d'après lui), vu qu'il était déjà suicidaire avant en étant persuadé que la vie c'est de la merde et que lui même est un homme fini, je sais pertinement que si le diagnostique est très mauvais, cela voudra dire que je le perdrais d'ici peu.
Et je suis assez décontenancée par l'idée de perdre un parent de plus alors que je suis si jeune.
Donc, j'ai besoin de vos expériences pour mieux savoir comment moi même appréhender la chose.
Merci de votre attention, c'est partit pour les mouchoirs.
Tu a peur de perdre tes deux parents ?
Ou tu a peur de perdre tes deux parents d'un cancer ?
Ou tu a en plus peur d'avoir un cancer (à cause de prédisposition génétique) ?
Bon.
Sujet sympathique s'il en est ...
J'ai perdu mon père le 31 décembre 1999.
Comment expliquer...Au début, j'ai été sur "pause". Comme anesthésiée. Je ne sais pas si j'ai refusé d'admettre ou bien si je ne réalisais pas encore.
Toute sa période d'hospitalisation est à la fois floue et précise dans mon esprit. Je revois les couloirs, les odeurs, les sons.
Je ressens ma gêne, mon envie d'être ailleurs, mon impression de ne pas être à ma place. Mon impuissance.
Il faut dire qu'avec mon père la relation était plus que conflictuelle et en même temps très passionnelle.
J'ai été une mauvaise fille. Vraiment très mauvaise. Et jusqu'au bout.
Je porterai en moi une culpabilité énormissime d'actes manqués et d'actes qui auraient du l'être.
A l'annonce de sa mort, c'est moi qui ai décroché le téléphone. Je me rappelle ne plus pouvoir parler, passer le combiné à ma mère.
Le reste c'est dans la torpeur, aller le voir sur son lit de mort emmenée par mon oncle, la prière faite avec ma mère devant son corps, la tournée des pompes funèbres, le repas de réveillon, seules ma mère et moi (je ne m'apesantirai pas sur ma famille, comme toujours au dessous de tout), l'organisation des funérailles, mon choix des chants ...
Tout, je m'en rappelle, mais plus comme si c'était une scène de film qu'une scène de ma vie.
J'ai pleuré deux fois. Une fois en choisissant le texte dont je voulais qu'il soit lu par ma cousine, la seconde en voyant arriver le cercueil à l'église.
C'est tout petit un cercueil ...
Après, retour au lycée, les regards des autres qui savaient (on les avait prévenus en classe durant mon absence d'une semaine), les gênes, moi qui ne réalisais pas et qui donc me comportait "normalement"...
Et puis, en mai, à même pas un mois du bac, les cauchemars sont arrivés.
Toutes les nuits, je rêvais de lui. Je rêvais que je savais qu'il allait mourir, que j'essayais de le sauver, et que j'échouais.
Toutes les nuits, je perdais mon père à nouveau.
On m'a prescrit des antidépresseurs que j'ai refusé de prendre (c'est mon avis à moi, mais je suis contre ce genre de chose).
Bref, ça a mis des mois à passer.
Entre temps, j'ai passé mon bac, je me suis embrouillé avec un de mes amis dont j'ai appris qu'il était bien autre chose que ce que je croyais, j'ai perdu 7 kg, je me suis décoloré les cheveux.
Maintenant, je pense souvent à lui, je rêve encore de lui souvent, par périodes d'ailleurs, je rêve qu'il n'est pas mort, qu'il est là, je porte en moi des regrets et des remords. Je refuse de me dédouaner parce qu'il n'y a rien qui puisse excuser un comportement comme le mien.
J'ai reporté mon "affection" sur mon grand père, qui lui aussi est décédé 4 ans plus tard.
Maintenant, je crève de peur de perdre ma mère, mon seul parent vivant, le seul qui compte. Celle avec qui j'ai une relation toute particulière qui la rend primordiale et en même temps qui la fait être un énorme poids.
Elle a des problèmes de santé assez lourds, elle est nerveuse et angoissée, ce n'est pas une battante.
J'ai peur, tous les jours, surtout maintenant que je ne vis plus près d'elle, qu'il lui arrive quelque chose. J'en pleure parfois rien qu'à y penser.
J'essaie de relativiser mais c'est souvent difficile.
J'essaie de me construire une vie qui me permettra d'avoir quelque chose à quoi me raccrocher quand ça arrivera.
Je crois, que le plus important, c'est de dire je t'aime au moins une fois. Juste pour ne pas vivre avec la culpabilité et le doute. Ca paraît bête et gnagnan, mais pour l'avoir vécu, je peux assurer que c'est quelque chose de primordial. Que les gens partent en sachant. Parce qu'on ne peut pas se battre contre la mort, mais on peut changer la façon dont les gens meurent.
Essayer aussi de prendre soin du parent restant mais en construisant à côté, quelque chose d'autre, de stable, de solide. Pour avoir des raisons de se battre quand l'inéluctable arrive, ne pas rester désoeuvré, pour ne pas sombrer.
Il y a malheureusement peu à faire, on ne peut pas lutter. On peut juste colmater un peu les failles en espérant que tout ne s'écroulera pas...
Bon... Comme d'habitude, j'ai peu à dire et ça ne changera pas grand chose mais je le dirai quand même.
Vos discours sont tous touchants, m'ont tiré les larmichettes aussi. Je pense d'ailleurs qui sont tout le monde est touché par ce que vous dites, c'est que quelque part, on y est tous plus ou moins confronté un jour ou l'autre. Nous avons tous des parents, nous les avons tous perdus ou les perdront tous un jour, la majeure partie du temps.
J'ai aussi la chance d'avoir encore mes deux parents. Mais ma mère ayant une santé qui semble assez fragile (mais elle ne veut pas trop nous en dire, d'autant plus que maintenant nous ne vivons plus avec) j'ai aussi eu cette idée de la perdre qui m'a traversée plusieurs fois l'esprit.
Aussi, l'accident de mon grand-père. Je me suis toujours sentie coupable. C'était ma faute et je ne pouvais pas m'ôter cette idée de l'esprit. Les ambulances, les visites à l'hôpital, les premières larmes dans les bras de ma famille, la fin de sa "première vie". Ca me semblait juste invivable, j'avais envie de tout plaquer.
Il est toujours là aujourd'hui mais j'en ai longtemps cauchemardé, parfois encore d'ailleurs. C'est peu être idiot à dire comme ça, mais maintenant, on essaye d'en profiter le plus possible, de se voir plus souvent. De ne pas se quitter sur des conflits.
Bref, tout ça pour dire que de devoir laisser quelqu'un partir en ayant la sensation de ne pas avoir fait ce qu'il fallait, c'est sûrement ça le plus difficile. On ne peux pas réellement se préparer au décès de quelqu'un. Ça nous attendra forcément. J'imagine que la seule chose que l'on puisse faire pour rendre ce moment un peu moins pénible, c'est de vivre à fond les moments que l'on passe ensemble, de dire ce que l'on pense, de pardonner ou s'excuser.
En tout cas, je vous souhaite, à ceux qui en ont besoin, du courage.
Mon père est mort quand j'avais un peu moins de 14 ans. Et, aussi dégueulasse que ça puisse être formulé comme ça, je vous envie, vous qui avez vécu les couloirs d'hopital et la fin de vie d'un de vos parents... C'est infect, parce que c'est "souhaiter" de la souffrance, mais dire au revoir à quelqu'un qui était en pleine forme le matin, accepter qu'on n'est pas une garce d'avoir refusé de se lever pour prendre le petit dej' avec le père avant son départ parce qu'on ne pouvait pas savoir que ca serait la dernière occasion de le voir vivant... Devoir se démerder avec toutes les choses qu'on aurait pu / dû / voulu lui dire, avec toutes les questions à poser, avec tout le vide qu'il a laissé d'une minute à l'autre (décès subit d'un accident cardio-vasculaire)... C'est juste la merde, la putain de grosse merde.
J'aurais aimé avoir un peu de temps, ne serais-ce que quelques heures, pour lui dire au revoir, pour être certaine qu'il savait que je l'aimais (parce que bon, en bonne pré-ado que j'étais, je l'envoyais chier plus souvent que j'aurais dû, tout ça... Et que j'ai - encore maintenant - peur qu'il soit parti avec l'image que sa fille ne l'aimait pas, alors que je l'aimais à en crever, mon papa...), pour parler, échanger, avoir un espèce de "message pour la suite".
Ca fait des années (putain, déjà 18 ans qu'il est parti ?), je vis avec, je vis même plutôt bien.
Je me suis construite sur ses valeurs (je suis beaucoup, beaucoup plus proche de ses valeurs et de ses manières de réagir que de celles de ma mère), avec à coeur le "S'il pouvait me voir, j'aimerais qu'il soit fier de moi".
L'idée de la mort de ma mère, je sais qu'il faut que je m'y fasse. Elle n'est plus toute jeune, ma mère (72 ans), elle ne pulvérise pas tout par sa bonne santé. On s'est déjà fait quelques frayeurs à cause de symptômes bizarres qu'elle avait y a quelques années - qui se sont avéré être causés par l'angoisse et la dépression, mais pour lesquels le médecin l'avait envoyé faire des examens plus poussé parce qu'il craignait une saloperie au foie.
On ne s'entend pas à merveille, on n'est pas spécialement proches (on se voit tous les 2-3 mois, sans plus, parce que si c'est plus, on se pourrit les nerfs mutuellement), mais malgré tout, j'avoue que j'ai du mal à me faire à l'idée de devoir faire "sans ma mère". Pourtant, sincèrement, elle ne m'a pas des masses aidée à me construire après la mort de mon père, trop absorbée par son propre deuil (qu'elle n'a je pense jamais vraiment fait), sa dépression, sa douleur... Je me suis construite pas mal seule, en m'appuyant beaucoup plus sur le souvenir de mon père que sur ma mère qui est pourtant bien vivante. Je me suis construite au contact de mes amis, aussi.
Mais clairement, l'idée que ma mère meurt, de ne plus avoir du tout de parent vivant, c'est quelque chose qui me fout une trouille bleue.
Des pistes, j'avoue que je n'en ai pas des tonnes pour que ça soit moins angoissant et un peu plus gérable, désolée.