Le nomade ne s'arrête que le temps d'une pause, pour reconstituer ses réserves ou reposer sa monture avant de repartir à l'assaut du monde, à la rencontre de ses merveilles. Il ne regarde pas derrière lui, son passé se perd dans le brouillard, ses traces sont effacées par les vents du désert. Il avance, au gré de ses envies, vers l'avenir, un avenir vague, sans cesse en mouvement. Peu importe la direction, après tout : tant qu'il y a l'espoir de trouver de l'eau et un pâturage au bout de la piste, le voyage méritera d'être fait. Si en fin de compte l'eau et le pâturage ne tiennent pas leurs promesses, il suffira d'aller ailleurs.
Son coeur est empli des rencontres qu'il fait, mais il repart sans regret et sa joie est intacte quand il recroise la route d'une connaissance avec qui il a partagé un repas, une histoire ou une amitié.
Le nomade fuit, aussi. Il aime vivre à son rythme et il préfère partir quand celui des autres ne lui convient pas. Sa soif de découverte est alimentée par le constat qu'il n'est chez lui nulle part : son foyer, c'est sa tente, et si elle ne suffit plus à maintenir au dehors les menaces du monde (sécheresse -d'âme-, ennui, questions, touffeur d'une foule hostile), alors il est temps de la démonter et de reprendre la route. Il tient plus que tout à la liberté, celle de partir, celle d'apprendre, celle d'évoluer.
Le nomade vit dans l'instant : le passé n'est qu'un fantôme qu'il ne faut pas inviter tous les soirs à s'asseoir près du feu, l'avenir est un mirage flou vers lequel on avance sans savoir si l'oasis est bien réelle. Seul le présent est tangible, dévoile ses mystères, offre ses merveilles aux yeux de qui sait regarder...
Sa solitude est souvent une illusion : il aime rencontrer d'autres voyageurs ou faire halte au milieu d'un groupe sédentaire, il apprécie souvent de rejoindre une caravane, mais il est comblé aussi lorsqu'il marche seul sous les étoiles, attentif à la vie et à la beauté qui l'entoure.