Athéisme et obsession de la mort

Pour parler de tout et de rien, pas de thème imposé.
Fade Out
Messages : 5126
Inscription : lun. juil. 04, 2005 12:17 pm

Message par Fade Out »

Spécimen, ta remarque me rappelle cette conférence du site TED, qui explique quelques résultats étonnants sur le bonheur ressenti par les gens :
Dan Gilbert a écrit :(...). Je vous invite maintenant à envisager deux versions du futur. Essayez de les simuler et dites-moi laquelle vous préféreriez. L'une est de gagner à la loto. Disons, 314 millions de dollars. Et l'autre est de devenir paraplégique. Pensez-y un moment. Vous ne croyez probablement pas avoir à y réfléchir longuement.

Chose intéressante, il existe des données sur ces deux groupes de gens qui illustrent leur niveau de bonheur. [Il montre un graphique] Voici ce à quoi vous vous attendez, non? Mais ça, ce ne sont pas les données. Je les ai fabriquées!

Voici les données réelles. Vous avez échoué le test et vous n'en êtes qu'au début du cours. Parce qu'il s’avère qu'un an après avoir perdu l'usage de leurs jambes, ou avoir gagné la loto, les gagnants de loteries et les paraplégiques sont aussi heureux les uns que les autres.
Toute la conférence ici (21 min, anglais sous titré)



Et sinon, Brutal, une autre réflexion m'est venue aujourd'hui en repensant à tes questions : on peut aimer un film, rester captivé par celui ci, même si on sait que le film va finir, même si on connait déjà la fin (tout le monde meurt à la fin de Titanic !). En fait cela n'influe pas. La différence, c'est qu'il y a des films passionnants dont on regrette qu'ils se finissent et des films chiants dont on a qu'une envie, c'est qu'ils s'arrêtent.

C'est plus ou moins une reformulation des idées de Krishnamurti sur le sens de la vie (enfin je crois, je n'ai lu de lui que quelques citations)

Maintenant, comment rendre sa vie passionnante, c'est une question difficile :D
Il y a surement plein de moyens. Certains trouvent une grande cause à laquelle ils se vouent (l'humanitaire, la politique, etc). Certains trouvent un boulot ou un hobby dans lequel ils s'accomplissent, où ils ont l'impression de créer. D'autres sont entourés de pleins d'amis qu'ils voient régulièrement...
Kliban
Messages : 2089
Inscription : ven. janv. 16, 2009 9:19 pm

Message par Kliban »

Déprime passagère ? Ou hurlement fondamental ? Ou les deux ?

Quelque chose comme ça, en tout cas.

Je ne te fournirai pas de réponse en forme de dissertation sur la vie et la mort.

Je suis athée. Profondément. Y aura rien de moi après ma mort que quelques molécules allant se diluant. Ce que je crois.

Ce que je _sais_ de toute l'intensité de mes cellules, c'est que ce qu'il peut y avoir pendant ma vie, ça vaut mieux et infiniment plus que tous les fantasmes dont on peuple les futurs. Et que sur ce point, on se fout royalement des considérations "vie après la mort". Ca n'a aucun intérêt.

La saveur du présent, quand tu as pu la trouver, Brutal : tu n'as plus peur de la mort. Jamais.

Je parle pas de croyances religieuses, là. Je parle pas non plus de se satisfaire de son petit présent. Je dis simplement que le présent est immense. Et qu'on a en nous tout ce qu'il faut pour le goûter.


Tu as toi-même posé le diagnostic. Cherche la cure. Ca se trouve. Vrai de vrai, ça se trouve. Tes trois outils : ton corps, tes émotions, et aussi un peu ta tête - mais un peu seulement. Pars de là. Et cherche le goût des choses, la clarté des émotions, l'évidence de certains instants. Cherche ça. Tu ne peux pas le forcer, c'est vrai. Ca ne peut absolument pas se forcer - au contraire, faut détendre tout ça. Res-pi-rer. Faire des trucs qui te ramènent au quotidien, qui peu à peu calment les ruminations, vers le passé et le futur - les peurs, les regrets, les attentes déçues toussa.

Les constructions métaphysiques sur la vie et la mort, plus tard. Ca n'apporte aucun réconfort si on ne peut pas les faire résonner dans son corps.

Et les choses se mettront en place, petit à petit. A la mesure de ce que tu désireras.

Et ce n'est pas triste de se rendre compte de ça à 25 ans. C'est jeune. C'est précieux. Really.



Bon te laisse pas abattre hein ! :lol: Tout ça peut être aussi une très bonne nouvelle - il y a toujours de l'énergie de transformation à disposition, quand on va pas très bien (et je sais de quoi je parle :lol: ) !

C'est juste franchement désagréable à passer, comme moments. Bois du jus de pomme ! Prends des bains ! Fais de la moussaka ! Lis des poèmes à voix haute ! Redémontre le théorème d'incomplétude de Gödel (pas trop travailler de la tête quand même) ! Fais un film ! Lance toi dans le macramé sur nanotubes de carbones !

Quelques grammes de tendresses dans ton monde de Brutal vont pas te faire tomber dans le Club des niais - j'y veillerai :D !
Tempérance
Messages : 2112
Inscription : lun. août 13, 2007 12:42 pm

Message par Tempérance »

Kliban a écrit :Déprime passagère ? Ou hurlement fondamental ? Ou les deux ?

Quelque chose comme ça, en tout cas.

Je ne te fournirai pas de réponse en forme de dissertation sur la vie et la mort.

Je suis athée. Profondément. Y aura rien de moi après ma mort que quelques molécules allant se diluant. Ce que je crois.

Ce que je _sais_ de toute l'intensité de mes cellules, c'est que ce qu'il peut y avoir pendant ma vie, ça vaut mieux et infiniment plus que tous les fantasmes dont on peuple les futurs. Et que sur ce point, on se fout royalement des considérations "vie après la mort". Ca n'a aucun intérêt.

La saveur du présent, quand tu as pu la trouver, Brutal : tu n'as plus peur de la mort. Jamais.

Je parle pas de croyances religieuses, là. Je parle pas non plus de se satisfaire de son petit présent. Je dis simplement que le présent est immense. Et qu'on a en nous tout ce qu'il faut pour le goûter.


Tu as toi-même posé le diagnostic. Cherche la cure. Ca se trouve. Vrai de vrai, ça se trouve. Tes trois outils : ton corps, tes émotions, et aussi un peu ta tête - mais un peu seulement. Pars de là. Et cherche le goût des choses, la clarté des émotions, l'évidence de certains instants. Cherche ça. Tu ne peux pas le forcer, c'est vrai. Ca ne peut absolument pas se forcer - au contraire, faut détendre tout ça. Res-pi-rer. Faire des trucs qui te ramènent au quotidien, qui peu à peu calment les ruminations, vers le passé et le futur - les peurs, les regrets, les attentes déçues toussa.

Les constructions métaphysiques sur la vie et la mort, plus tard. Ca n'apporte aucun réconfort si on ne peut pas les faire résonner dans son corps.

Et les choses se mettront en place, petit à petit. A la mesure de ce que tu désireras.
Et ce n'est pas triste de se rendre compte de ça à 25 ans. C'est jeune. C'est précieux. Really.



Bon te laisse pas abattre hein ! :lol: Tout ça peut être aussi une très bonne nouvelle - il y a toujours de l'énergie de transformation à disposition, quand on va pas très bien (et je sais de quoi je parle :lol: ) !

C'est juste franchement désagréable à passer, comme moments. Bois du jus de pomme ! Prends des bains ! Fais de la moussaka ! Lis des poèmes à voix haute ! Redémontre le théorème d'incomplétude de Gödel (pas trop travailler de la tête quand même) ! Fais un film ! Lance toi dans le macramé sur nanotubes de carbones !

Quelques grammes de tendresses dans ton monde de Brutal vont pas te faire tomber dans le Club des niais - j'y veillerai :D !

En lisant l'intervention de Kliban :gentil: je pense au mot "cohérence" :D trouver une cohérence entre soi et la vie autour de soi, les gens, les évènements, les combats et/ou les plaisirs (petits et grands) et parfois si on a de la chance, à certains moments, le bonheur d'être se joint à cet état d'esprit.

Et je penses aussi au mot "lien", des liens et du lien, cette cohérence ou ces liens aussi légers que du ruban de papier cadeau, se placent entre les tempêtes de la vraie vie mais qui sont aussi solide que du fil de fer qui te permettra de surmonter les dites tempêtes pour garder cette cohérence et profiter tout simplement de sa vie.

Cette cohérence ne peut qu'être de l'ordre de l'intérieur, certains la partage, d'autre la cultive avec réserve mais je penses souvent que c'est cette force qui nous permet d'avancer et de surmonter les multiples fois où l'on aurait bien envie de déposer les interrogations, les doutes et le découragement à ses pieds pour laisser tomber l'affaire.

Recherches là, cultives là et sers t'en comme elle te soutiendra dans ta recherche pour t'assumer dans la société (et ça occupe un max de temps :ninja: ) et pour en retirer tous ses bienfaits (si si il y en a !) :D
anonymeB

Message par anonymeB »

Bon, je ne réponds pas, parce que je réfléchis encore pas mal, mais sachez que je lis chacune des réponses avec intérêt. Je répondrais dès que j'ai le temps.

Merci tout le monde en tout cas!
OFF-Topic :
J'avoue que pour l'instant, je suis assez admiratif devant le stoïcisme de certains. Je me demande vraiment si vous arriverez à penser comme ça quand vous serez sur votre lit de mort, quand vous "sentirez" que finalement, dans quelques secondes, vous ne serez plus. Oserez-vous fermer les yeux en sachant que vous ne les rouvrirez plus? Vous ne pensez pas plutôt que vous donnerez toute votre énergie pour pouvoir les garder ouvert ne serait-ce qu'une seconde de plus? Malgré le fait que je sais bien que finalement, ce n'est que l'histoire de quelques secondes, puis tout cela n'aura plus de sens. Ce ne sera même plus le noir, ou le blanc, ça ne sera... rien. Une notion que l'esprit humain ne peut pas comprendre a fortiori quand ça le concerne lui-même. Je trouve ça relativement non-sensique. Absurde.
Miss Hada
Messages : 3732
Inscription : dim. janv. 29, 2006 2:45 am

Message par Miss Hada »

disons que certains plutôt que de souffrir 2 ou 3 fois des choses tentent de ne le faire qu'une seule... Juste au moment où ça arrive.

Plutôt que avant (prévoir que cela va arriver et trouiller grave... :? ), pendant (dérouiller grave, "p*tain j'l'avais prévuuuuu arghhhh :x ") et, éventuellement, après (sur mon nuage: qu'est que j'en ai chié d'y passer... :cry: )...
Erual
Messages : 2057
Inscription : dim. déc. 06, 2009 6:34 pm

Message par Erual »

Tiens, ce débat me fait penser à une chanson.

La vie ne vaut rien...mais rien ne vaut la vie ?
Messages : 7983
Inscription : ven. juil. 01, 2005 7:54 am

Message par »

Cancre a écrit :Tiens, ce débat me fait penser à une chanson.

La vie ne vaut rien...mais rien ne vaut la vie ?
pfff j'aime trop cet artiste!!! :)
Kefka
Messages : 2843
Inscription : lun. févr. 11, 2008 10:43 pm

Message par Kefka »

Brutaldeath a écrit :
OFF-Topic :
J'avoue que pour l'instant, je suis assez admiratif devant le stoïcisme de certains. Je me demande vraiment si vous arriverez à penser comme ça quand vous serez sur votre lit de mort, quand vous "sentirez" que finalement, dans quelques secondes, vous ne serez plus. Oserez-vous fermer les yeux en sachant que vous ne les rouvrirez plus? Vous ne pensez pas plutôt que vous donnerez toute votre énergie pour pouvoir les garder ouvert ne serait-ce qu'une seconde de plus? Malgré le fait que je sais bien que finalement, ce n'est que l'histoire de quelques secondes, puis tout cela n'aura plus de sens. Ce ne sera même plus le noir, ou le blanc, ça ne sera... rien. Une notion que l'esprit humain ne peut pas comprendre a fortiori quand ça le concerne lui-même. Je trouve ça relativement non-sensique. Absurde.
Si tu considères la mort comme la négation de la vie, alors ta vision des choses ne peut pas te permettre de comprendre ces points de vue, en effet. Mais il suffit de changer de philosophie : considère que la mort est la fin de la vie, pas une coupure de celle-ci, et qu'elle permet de donner un sens et de la valeur à ce que tu as vécu (c'est le fondement même de la notion de "bonne vie").
anonymeB

Message par anonymeB »

Question subsidiaire: alors, comment faites-vous pour vivre dans le présent, et non dans le futur ou le passé?

Je veux dire, par exemple, c'est en se remémorant la soirée d'hier-soir que je sais que j'ai passé une bonne soirée. Mais sur le moment, je n'en avais pas forcément la sensation.
lestump
Messages : 2624
Inscription : jeu. août 23, 2007 5:32 pm

Message par lestump »

tu es comme beaucoup tu inlectualise tout et tu oublies tout ce qui est situé en dehors de ce cerveau (fort éblouissant en plus !) , si tu vis le moment, si dans tes tripes, dans ton corps, tes sens, si quand tu vis les choses tu ressens un bien être, si tu ne te demande pas quel excuse tu vas trouver pour t'en aller, si ta tête, tes paroles suivent le mouvement dans la soirée sans contraintes, si tu ne réfléchis pas aux choses pendant ses moments tu les vis alors oui tu vis un bon moment...comme disait un de mes potes un philosophe c'est un type qui t'explique pourquoi les choses sont arrivés, ils en faut, mais pas forcément comment tu dois les vivres... t'occupes pas de trouver une raison ou un pourquoi, p'tain vis, t'as quoi de mieux a foutre sur cette terre !!!
Répondre