Je suis tombée à tout hasard sur ce forum et j’a vu que les gens n’avaient pas la même mentalité que l’on peut retrouver dans un monde où l’homophobie est omniprésente.
Ainsi, je tiens à partager mon histoire, sans attendre vraiment de réponse, surtout le besoin d’être écoutée, d’être comprise.
Je suis une lycéenne qui va sur ces 17 ans (à 2 mois près.)
Je me trouve en 1ère Scientifique, et tout a toujours (ou presque) été pour le mieux possible. J’ai une famille à laquelle je tiens beaucoup, nous ne vivons pas dans la misère et mes résultats scolaires sont assez bons (surtout dans les matières littéraires).
Vous allez me dire, tout va bien ! Et pourtant non… C’est sur le plan sentimental que rien ne va.
Je commence mon récit : début septembre : la rentrée ! Ce jour-là, rien ne va. Je me retrouve dans une classe ou je ne connais personne (tant sur le plan élèves que professeurs). Et les péripéties s’enchaînent… L’après-midi, commencent les cours. Et c’est cet après-midi là que j’ai rencontré la personne qui allait plus tard changer ma vie (tant dans le positif que négatif).
Il s’agit de ma prof d’espagnol (je tiens à préciser que l’espagnol a toujours été ma matière préférée, et cela bien avant le récit qui va suivre.)
Bref, une femme qui va, le 1er trimestre, me faire haïr l’espagnol, puisqu’au début, quelque chose ne me revenait pas du tout chez elle (ce qui est un comble ^^). Je la trouvais plutôt prétentieuse, assez provocante (le 1er jour, elle portait hauts-talons et mini robe). Donc, moi qui, de grande nature est plutôt grande bavarde, je restais réservée, froide et au fond de la classe.
Jusqu’au jour où elle a annoncé mettre des notes d’oral, et je me suis réveillée : j’ai commencé à participer comme je l’ai toujours fait les précédentes années, puis je me suis mise devant (pour qu’elle me voit et qu’elle m’interroge

Les temps ont passé, et elle est devenue une prof « normale » pour moi. Puis même, j'ai commencé à avoir un peu d'admiration pour elle, plutôt belle femme et reflétant tout ce que je voulais devenir.
Jusqu’à ce fameux mois de Décembre. Une nuit, un rêve. Je ne m’en souviens plus vraiment, mais elle était dedans, et ça m’a marqué. Là fois suivante, je la vois : son sourire, son regard… quelque chose change en moi. A la fin de l’heure, je vais la voir pour la 1ère fois lui parler (par rapport à mon ancienne prof d’espagnol qui visiblement la connait très bien.) C’était la veille des vacances, notre première conversation née. On passe 15 min à parler seules. Quand je la quitte, je me sens heureuse. Mais les vacances sont là, et commence mon agonie.
Je me rends compte que cette femme me manque terriblement, et plus les jours passent, plus elle devient mon obsession. Assez particulier comme sensation. Bien des nuits, j’ai pleuré en pensant à elle. Et puis, la rentrée, je suis heureuse de la retrouver. Nous devenons plus complice, je me rapproche d’elle et en apprends beaucoup sur sa vie. Elle a 38 ans, mariée, a une fille de 8 ans. Je sais où elle habite, et elle m’a donné son adresse mail. Je passe chaque fin d’heure 10 à 15 min avec elle. Je suis heureuse. Mais lorsque je la quitte, c’est très douloureux, je me sens mal, très mal. Et ce qui devait arriver arriva. 5 Février, crise d’angoisse devant elle. En fin de compte, c’est elle qui a eu le plus peur et ça nous a mine de rien rapprochées, mais ce n’était pas mon intention. Elle ne sait heureusement pas qu’en vérité, je suis terriblement amoureuse d’elle, au point que chaque seconde loin d’elle me rend triste, et que la voir me procure une certaine angoisse : angoisse qu’elle apprenne la vérité et me rejette, peur de lui faire du mal moralement, peur aussi de ne pas pouvoir me contrôler et de dire ou faire une bêtise.
Ça peut paraître idiot, mais c’est la réalité. Et quand je dis que je suis amoureuse, bien que n’ayant jamais eu de petit-ami(e), je suis bien consciente de ce que je dis. Mon désir serait de passer du temps seule avec elle, lui pouvoir prendre les mains, la prendre dans mes bras, même l’embrasser, et lui dire je t’aime. J’en meurs d’envie mais bien sûr, je ne ferai rien de tout cela, par peur de briser son couple, de lui faire perdre sa place, du fait qu’elle va être dégoûtée de moi et va me fuir, ou qu’elle pourrait en parler au proviseur ou à mes parents.
Jusqu’ici, elle ne se doute de rien, elle pense que mes soucis sont liées aux matières scientifiques que je déteste (oui oui, je suis en S pourtant ^^) et à une fille qui m’a pourri mon TPE.
Nos relations sont donc plutôt amicales, on s’envoie souvent des mails, on se parle à la fin de l’heure, et elle m’a même laissé faire cours à sa place (j’aimerai être professeur d’espagnol

Voici donc ma très longue histoire, en espérant que vous ayez eu le temps de tout lire.
A vrai dire, je ne sais plus trop quoi faire, je pense chaque seconde à elle et bien que la raison me pousse à l’oublier, rien n’y fait, elle me hante. Je compte rester dans mon silence pour le bien de tous jusqu’au dernier jour (en espérant pouvoir tenir moralement). Mais pensez-vous (en sachant qu’il y a de grandes chances qu’elle parte du lycée) qu’il soit raisonnable de tout lui avouer le dernier jour ? Voire même, pensez-vous que je puisse l’embrasser ce dernier jour ? Je sais que ce n’est pas bien, mais je me dis que si je devais mourir le lendemain, j’aimerai au moins l’avoir fait une fois.
Enfin voilà, dur dur de tout résumer en quelques lignes, j’ai dû oublier plein de détails qui, bien que subtiles prennent beaucoup d’importance.
J'en reviens juste à me demander : suis-je normale ? Je me remets sans cesse en question. Je n'ai rien contre l'homosexualité, bien au contraire je serai la première à la défendre. Cependant, vivant dans un entourage homophobe, je ne sais plus vraiment où j'en suis, ni même qui je suis.
C'est sûrement avant tout ces questions qui provoquent mes crises d'angoisses (que j'arrive aujourd'hui un peu mieux à dissimuler.)
Merci de prendre le temps de me répondre…