Pass it on
Pass it on
Salutations du bout du chapeau, les gens,
C'est la première fois que je ponds dans la section famille et entourage. Ne me balancez pas de tomates dans la face, j'ai un truc sérieux à dire même si l'histoire que je viens coucher n'a pas grand chose à voir avec l'homosexualité.
Je suis l'heureux dernier d'une famille de quatre ou cinq enfants. Quatre en vitrine, une dans l'arrière boutique. J'ai grandi avec les trois premiers ; on s'est foutu des baffes, réconciliés, brouillés à nouveau, on a pris des cuites à huit yeux ; bref, on s'est comporté en famille. J'en suis satisfait même s'il n'en reste pas grand-chose. J'imagine qu'on se reverra aux enterrements, qu'on aura des trucs à se bafouiller ; peut-être même qu'un jour on se prendra dans les bras : les réflexes ne meurent jamais, non ?
En revanche, je n'ai jamais rencontré ma demi-soeur. Je n'ai connu son existence qu'incidemment, il y a trois ans. Bien sûr, j'ai eu la lâcheté de faire semblant de m'en foutre et de ne pas en parler avec mon père, son père. D'ailleurs je ne parle plus avec mon père. C'est très confortable.
Seulement, voilà : je ne sais pas mentir aux enfants ! J'ai la manie désastreuse de dire la vérité à ma fille. Alors, quand elle m'a demandé combien j'avais de frères et soeurs, j'ai bien dû prendre acte de l'existence d'une inconnue familière. Et je reconnais que ça m'a travaillé. Hier, j'ai retrouvé ses coordonnées (les réseaux sociaux et Internet ont tué la notion même d'anonymat). Je lui ai écrit ce truc. Le résultat fait un peu le retour du Jedi mais, croyez moi, l'exercice n'est pas évident :
"Chère ***,
Comment dire ? Je suis probablement ton frère. Je ne vois pas d’autre manière de le dire, aussi étrange que cela puisse paraître. J’ai bien cherché une introduction subtile mais j’ai séché comme un collégien abonné au vagabondage plus qu’au bachotage. Pour moi, tu es un secret d’alcôve dans le monde feutré des mensonges familiaux. A tel point que je pense parfois t’avoir rêvée (d’où le probablement, un adverbe comme on se pince pour se réveiller). Je suis loin de ce monde aujourd’hui et tu m’intrigues, et pas qu’un peu. Je ne sais rien de toi et je ne sais pas ce que tu sais de moi. Pour toi, peut-être ne suis-je même pas un nom.
Quand tu grandissais, je ne savais même pas que tu existais. Quand tu prenais un centimètre de ton côté, j’en prenais un du mien ; on aurait pu les mesurer ensemble ; mais, pour un seul père, il a fallu deux toises.
Tu sais, j’ai une fille de 4 ans qui m’a demandé combien j’avais de frères et soeurs ; et tu m’es venue naturellement à l’esprit. Alors je me suis dit que j’allais oser te poser une toute petite, une grande question : ça te dirait qu’on s’écrive, toi et moi ? Il n’est jamais trop tard pour casser les cloisons que dressent les adultes entre les chambres des enfants.
***."
Si je vous dis tout ça, c'est que j'ai un noeud dans le ventre et l'impression d'avoir fait une connerie. Une indispensable connerie, mais une connerie quand même. Et les conneries, ça se partage.
C'est la première fois que je ponds dans la section famille et entourage. Ne me balancez pas de tomates dans la face, j'ai un truc sérieux à dire même si l'histoire que je viens coucher n'a pas grand chose à voir avec l'homosexualité.
Je suis l'heureux dernier d'une famille de quatre ou cinq enfants. Quatre en vitrine, une dans l'arrière boutique. J'ai grandi avec les trois premiers ; on s'est foutu des baffes, réconciliés, brouillés à nouveau, on a pris des cuites à huit yeux ; bref, on s'est comporté en famille. J'en suis satisfait même s'il n'en reste pas grand-chose. J'imagine qu'on se reverra aux enterrements, qu'on aura des trucs à se bafouiller ; peut-être même qu'un jour on se prendra dans les bras : les réflexes ne meurent jamais, non ?
En revanche, je n'ai jamais rencontré ma demi-soeur. Je n'ai connu son existence qu'incidemment, il y a trois ans. Bien sûr, j'ai eu la lâcheté de faire semblant de m'en foutre et de ne pas en parler avec mon père, son père. D'ailleurs je ne parle plus avec mon père. C'est très confortable.
Seulement, voilà : je ne sais pas mentir aux enfants ! J'ai la manie désastreuse de dire la vérité à ma fille. Alors, quand elle m'a demandé combien j'avais de frères et soeurs, j'ai bien dû prendre acte de l'existence d'une inconnue familière. Et je reconnais que ça m'a travaillé. Hier, j'ai retrouvé ses coordonnées (les réseaux sociaux et Internet ont tué la notion même d'anonymat). Je lui ai écrit ce truc. Le résultat fait un peu le retour du Jedi mais, croyez moi, l'exercice n'est pas évident :
"Chère ***,
Comment dire ? Je suis probablement ton frère. Je ne vois pas d’autre manière de le dire, aussi étrange que cela puisse paraître. J’ai bien cherché une introduction subtile mais j’ai séché comme un collégien abonné au vagabondage plus qu’au bachotage. Pour moi, tu es un secret d’alcôve dans le monde feutré des mensonges familiaux. A tel point que je pense parfois t’avoir rêvée (d’où le probablement, un adverbe comme on se pince pour se réveiller). Je suis loin de ce monde aujourd’hui et tu m’intrigues, et pas qu’un peu. Je ne sais rien de toi et je ne sais pas ce que tu sais de moi. Pour toi, peut-être ne suis-je même pas un nom.
Quand tu grandissais, je ne savais même pas que tu existais. Quand tu prenais un centimètre de ton côté, j’en prenais un du mien ; on aurait pu les mesurer ensemble ; mais, pour un seul père, il a fallu deux toises.
Tu sais, j’ai une fille de 4 ans qui m’a demandé combien j’avais de frères et soeurs ; et tu m’es venue naturellement à l’esprit. Alors je me suis dit que j’allais oser te poser une toute petite, une grande question : ça te dirait qu’on s’écrive, toi et moi ? Il n’est jamais trop tard pour casser les cloisons que dressent les adultes entre les chambres des enfants.
***."
Si je vous dis tout ça, c'est que j'ai un noeud dans le ventre et l'impression d'avoir fait une connerie. Une indispensable connerie, mais une connerie quand même. Et les conneries, ça se partage.
Re: Pass it on
Elle est trop classe ta connerie.
Re: Pass it on
T'as bien fait, Drleleu, j'espère qu'elle te répondra. Tiens-nous au courant 

Re: Pass it on
Ben moi je trouve que c'est chouette ça, et j'espère que ce n'est qu'un bon départ, qu'il y aura des retrouvailles et tout ce genre de choses !
-
- Messages : 2112
- Inscription : lun. août 13, 2007 12:42 pm
Re: Pass it on
Rusalka a écrit : Ben moi je trouve que c'est chouette ça, et j'espère que ce n'est qu'un bon départ, qu'il y aura des retrouvailles et tout ce genre de choses !
C'est chouette ! et c'est diablement bien troussée "cette connnerie", je reçois ce genre de missive et direct, je me liquéfie de bonheur, elle ne résistera pas ! c'est pas possible autrement

Tu nous racontes surtout comment cela se passera pour l'après

Re: Pass it on
Je trouve ta démarche chouette
et fort possible qu'elle se manifeste positivement.
J'ai été confrontée y a quelques années à l'annonce de l'existence d'une demi-soeur.Demi-soeur du coté de mon père ayant eu une relation extra conjugale.Dans la meme année,mon père a eu deux filles..ma soeur ainée et ma demi soeur.
Demi- soeur qui savait tout sur sa conception.Y a quelques années,elle a trouvé le numéro de mon frère sur l'annuaire et l'a contacté.Un scoop..
Elle a souhaité nous parler.. car cela faisait des années qu'elle cherchait des infos sur nous..
Mon frère a été complètement négatif pour la rencontrer et moi j'étais partante à fond pour la voir
J'ai appellé ma demi soeur..ce fut un moment intense (elle pleurait), c'était l'aboutissement d'une longue quete pour elle .
Je l'ai rencontrée,mon frère était aussi présent..
Je l'ai sentie soulagée,apaisée.
On est en contact depuis.

J'ai été confrontée y a quelques années à l'annonce de l'existence d'une demi-soeur.Demi-soeur du coté de mon père ayant eu une relation extra conjugale.Dans la meme année,mon père a eu deux filles..ma soeur ainée et ma demi soeur.
Demi- soeur qui savait tout sur sa conception.Y a quelques années,elle a trouvé le numéro de mon frère sur l'annuaire et l'a contacté.Un scoop..
Elle a souhaité nous parler.. car cela faisait des années qu'elle cherchait des infos sur nous..
Mon frère a été complètement négatif pour la rencontrer et moi j'étais partante à fond pour la voir

J'ai appellé ma demi soeur..ce fut un moment intense (elle pleurait), c'était l'aboutissement d'une longue quete pour elle .
Je l'ai rencontrée,mon frère était aussi présent..
Je l'ai sentie soulagée,apaisée.
On est en contact depuis.
Re: Pass it on
La connerie, ça aurait été de ne rien tenter du tout. Ta sœur sera immanquablement touchée de ta démarche, même si elle n'ose ou ne veut pas te contacter.
Et le plus important : tu peux parler devant ta fille sans te troubler... c'était pas ça le but recherché ??
Et le plus important : tu peux parler devant ta fille sans te troubler... c'était pas ça le but recherché ??
Re: Pass it on
Une connerie? Et pourquoi donc? Il me semble que la famille est ce qu'il y a de plus important et c'est ce vers quoi on se retourne toujours à un moment ou l'autre. En tout cas j'attends la suite!


Re: Pass it on
Que de remarques bienveillantes ! C'est agréable de se sentir soutenu dans ses conneries. Je ne sais pas si ma démarche est chouette, mais le fait que vous le trouviez m'interdit de la regretter ce soir !
C'est très juste ce que tu dis, Zphyr. Dépasser les mensonges qui ont enveloppé ma jeunesse, offrir à ma fille clarté et vérité, sans me troubler, sans paniquer, est pour moi la plus importante des choses.
J'aimerais cependant également connaître cette jeune fille qui n'a pas demandé à être enfermée dans l'inconscient d'une famille faussement lisse. J'ai sincèrement envie de lui parler, de savoir qui elle est, ce qu'elle aime, de la voir sourire, de rire avec elle et de pleurer aussi ; parce qu'elle a dû, autant que moi, perdre des larmes dans le vide des oreillers.
J'ignore complètement les mensonges qui n'ont pas manqué de lui être faits, à elle (et qui sont probablement différents de ceux qui m'ont été faits à moi : mon cher père est doté d'une imagination sans borne quand il s'agit de se refaire une morale), et qui justifieront peut-être qu'elle ne me réponde pas. Alors, je comprendrais sans comprendre, en habitué, car c'est toujours comme ça avec ma famille. Bien sûr, j'accepterais son silence sans mot écrire ; j'aurais pu, de mon côté, rester silencieux une vie entière ; mais j'aimerais tellement que pour une fois la vérité s'échappe de sa cage pour venir voler dans les plumes de ses geôliers.
Wait and see, dirait le sage.
C'est très juste ce que tu dis, Zphyr. Dépasser les mensonges qui ont enveloppé ma jeunesse, offrir à ma fille clarté et vérité, sans me troubler, sans paniquer, est pour moi la plus importante des choses.
J'aimerais cependant également connaître cette jeune fille qui n'a pas demandé à être enfermée dans l'inconscient d'une famille faussement lisse. J'ai sincèrement envie de lui parler, de savoir qui elle est, ce qu'elle aime, de la voir sourire, de rire avec elle et de pleurer aussi ; parce qu'elle a dû, autant que moi, perdre des larmes dans le vide des oreillers.
J'ignore complètement les mensonges qui n'ont pas manqué de lui être faits, à elle (et qui sont probablement différents de ceux qui m'ont été faits à moi : mon cher père est doté d'une imagination sans borne quand il s'agit de se refaire une morale), et qui justifieront peut-être qu'elle ne me réponde pas. Alors, je comprendrais sans comprendre, en habitué, car c'est toujours comme ça avec ma famille. Bien sûr, j'accepterais son silence sans mot écrire ; j'aurais pu, de mon côté, rester silencieux une vie entière ; mais j'aimerais tellement que pour une fois la vérité s'échappe de sa cage pour venir voler dans les plumes de ses geôliers.
Wait and see, dirait le sage.
Re: Pass it on
C'est bien d'avoir fait le premier pas. J'espère qu'elle te répondra. 
