être étranger chez soi, être soi à l'étranger
être étranger chez soi, être soi à l'étranger
Salut,
Je suis tombée sur un article là tout de suite sur une dame anglaise qui en se réveillant le matin, s'est retrouvé à parler l'anglais avec un accent français. Apparemment ce serait un syndrome de l'accent étranger. Cette dame raconte que la perception des autres sur elle avait changé depuis, et une partie de son identité a disparu. J'en viens donc à mes interrogations...
Je ne comprends pas pourquoi est-ce vu comme un "trouble du langage", comme une sorte de maladie en somme. Des individus qui s'expatrient hors de leur pays d'origine perdent aussi au bout d'un certain temps leur accent. Mon père m'a raconté que quand il est retourné dans son pays voir sa famille (il y va rarement), sa sœur lui a dit qu'il avait un accent français lorsqu'il parlait la langue.
En quoi les accents perturbent l'identité de quelqu'un ? Enfin, je veux dire, mise à part aux yeux de la société, l'individu reste le même. C'est juste le regard de la société sur lui qui change. Ce qui est con très franchement. Personnellement, quand un type me parle avec un accent, je me demande s'il n'a pas d'origine étrangère, mais je n'vais pas lui demander de quelle nationalité il est ou quoi.
Bref, je m'embrouille un peu, mais en résumer, n'est-ce pas justement le fait d'avoir des frontières entre les pays qui nous bloque dans une certaine vision de chaque pays ? Est-ce qu'il est réellement utile de se sentir plus français qu'allemand, plus français qu'européen, ou tout ça quoi ?
Je suis tombée sur un article là tout de suite sur une dame anglaise qui en se réveillant le matin, s'est retrouvé à parler l'anglais avec un accent français. Apparemment ce serait un syndrome de l'accent étranger. Cette dame raconte que la perception des autres sur elle avait changé depuis, et une partie de son identité a disparu. J'en viens donc à mes interrogations...
Je ne comprends pas pourquoi est-ce vu comme un "trouble du langage", comme une sorte de maladie en somme. Des individus qui s'expatrient hors de leur pays d'origine perdent aussi au bout d'un certain temps leur accent. Mon père m'a raconté que quand il est retourné dans son pays voir sa famille (il y va rarement), sa sœur lui a dit qu'il avait un accent français lorsqu'il parlait la langue.
En quoi les accents perturbent l'identité de quelqu'un ? Enfin, je veux dire, mise à part aux yeux de la société, l'individu reste le même. C'est juste le regard de la société sur lui qui change. Ce qui est con très franchement. Personnellement, quand un type me parle avec un accent, je me demande s'il n'a pas d'origine étrangère, mais je n'vais pas lui demander de quelle nationalité il est ou quoi.
Bref, je m'embrouille un peu, mais en résumer, n'est-ce pas justement le fait d'avoir des frontières entre les pays qui nous bloque dans une certaine vision de chaque pays ? Est-ce qu'il est réellement utile de se sentir plus français qu'allemand, plus français qu'européen, ou tout ça quoi ?
Dernière modification par Erual le mer. sept. 15, 2010 6:16 pm, modifié 2 fois.
Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
très rapidement, je dirais que l'accent a sans doute à voir avec la langue maternelle (à l'enfance etc.) et de là à l'histoire personnelle qui construit chaque individu, d'où le perdre peut être vécu comme une perte d'une partie de soi.
Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
J'ai pris conscience de mon accent depuis que je vis à Montréal.
L'accent français est mal vu, il est pointu, c'est celui des prétentieux, des donneurs de leçons, il est très encombrant quand on doit réclamer quelque chose, quand on doit faire valoir ses droits, simplement, on sent que la mauvaise volonté pointe en face. C'est instructif, mais je ne sais pas si je vais prolonger l'expérience trop longtemps, c'est épuisant...
Je ne pense pas prendre l'accent local, son côté berrichon attardé n'a rien d'attirant, sans parler des fautes de langues très fréquents et assez hallucinants.
L'accent français est mal vu, il est pointu, c'est celui des prétentieux, des donneurs de leçons, il est très encombrant quand on doit réclamer quelque chose, quand on doit faire valoir ses droits, simplement, on sent que la mauvaise volonté pointe en face. C'est instructif, mais je ne sais pas si je vais prolonger l'expérience trop longtemps, c'est épuisant...
Je ne pense pas prendre l'accent local, son côté berrichon attardé n'a rien d'attirant, sans parler des fautes de langues très fréquents et assez hallucinants.
Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
Hem... il y a pas mal de points de ce que tu abordes, finalement...
Au sujet de la perception de soi, dans le cas du syndrome de l'accent étranger, on parle bien de trouble au sens médical du terme. A savoir, pour tout ce qui relève du domaine du psychique et de la mémoire, on met, pour la classification, particulièrement l'accent (si j'ose dire) sur la notion de souffrance. Et justement, il n'y a pas de comparaison possible avec la perte d'un accent lorsque l'on vit à l'étranger.
Si je peux faire une analogie: la perte d'un ami. Il peut arriver pour des raisons x ou y que l'on s'éloigne peu à peu d'une personne, et il y a évolution dégressive des sentiments qu'on lui porte. Dans d'autres cas, il meurt subitement. Le résultat est le même, on s'en retrouve privé, on ne lui parle plus, il n'est plus là, et il nous reste le souvenir. Sauf que, dans le premier cas, hormis de la nostalgie et éventuellement quelques regrets, il n'y a pas de souffrance particulière, liée à un travail de deuil.
Finalement, pour cette dame, et pour pas mal de personne, moi comprise, notre façon de parler nous appartient un peu, et donc, si disparition subite il y a, travail de deuil il y a aussi. Ca, c'était pour la partie "pourquoi est-ce un trouble".
Ensuite, en quoi les accents influent sur l'identité de quelqu'un et sa perception par la société?
Il y a tout de même une histoire de culture sous jacente. Les quelques amis étrangers que j'ai m'identifient de par mon accent, et se font une première idée de ma culture - exemple ultra-bateau, mais je n'ai pas mieux en tête: la cuisine. Prends deux types en face de toi, parlant anglais, l'un avec un accent italien, l'autre avec un accent chinois: tu en imagineras un avec de l'huile d'olive et l'autre avec de la sauce soja, de même qu'eux m'imagineront en train de manger des escargots et du foie gras. Pour autant, c'est biaisé, j'ai horreur des escargots, et l'italien est peut-être allergique aux olives.
On a des à priori sur les régions, les pays, qui sont plus ou moins fondés. L'exemple de la norvégienne dans l'article Wikipédia que tu lies, qui se met à parler avec un accent allemand pendant la seconde guerre: très basiquement, elle est associée à l'image allemand=nazi=pas gentil. De par l'accent, les personnes environnantes l'ont classée à tort dans une certaine catégorie, et la méfiance s'en suivait. Pour autant, m'étonnerait que ses proches aient fait de même, puisque la personnalité même de cette dame n'a apparemment pas varié d'un iota.
Est-il utile de se sentir plus français qu'européen? Là, j'avoue, je reste dans l'interrogation, de par mes expériences, de par mon éducation, et j'attends de voir ce que d'autres en disent... Je me rattache plus facilement à une culture régionale qu'à une culture nationale, et j'aime beaucoup l'idée de supra culture, de façon générale, pour la notion d'ouverture, justement, aux autres spécifités locales. C'est de la faute de mon prof de latin de lycée, ça... "homo sum, et humani nihil alienum a me puto"
Au sujet de la perception de soi, dans le cas du syndrome de l'accent étranger, on parle bien de trouble au sens médical du terme. A savoir, pour tout ce qui relève du domaine du psychique et de la mémoire, on met, pour la classification, particulièrement l'accent (si j'ose dire) sur la notion de souffrance. Et justement, il n'y a pas de comparaison possible avec la perte d'un accent lorsque l'on vit à l'étranger.
Si je peux faire une analogie: la perte d'un ami. Il peut arriver pour des raisons x ou y que l'on s'éloigne peu à peu d'une personne, et il y a évolution dégressive des sentiments qu'on lui porte. Dans d'autres cas, il meurt subitement. Le résultat est le même, on s'en retrouve privé, on ne lui parle plus, il n'est plus là, et il nous reste le souvenir. Sauf que, dans le premier cas, hormis de la nostalgie et éventuellement quelques regrets, il n'y a pas de souffrance particulière, liée à un travail de deuil.
Finalement, pour cette dame, et pour pas mal de personne, moi comprise, notre façon de parler nous appartient un peu, et donc, si disparition subite il y a, travail de deuil il y a aussi. Ca, c'était pour la partie "pourquoi est-ce un trouble".
Ensuite, en quoi les accents influent sur l'identité de quelqu'un et sa perception par la société?
Il y a tout de même une histoire de culture sous jacente. Les quelques amis étrangers que j'ai m'identifient de par mon accent, et se font une première idée de ma culture - exemple ultra-bateau, mais je n'ai pas mieux en tête: la cuisine. Prends deux types en face de toi, parlant anglais, l'un avec un accent italien, l'autre avec un accent chinois: tu en imagineras un avec de l'huile d'olive et l'autre avec de la sauce soja, de même qu'eux m'imagineront en train de manger des escargots et du foie gras. Pour autant, c'est biaisé, j'ai horreur des escargots, et l'italien est peut-être allergique aux olives.
On a des à priori sur les régions, les pays, qui sont plus ou moins fondés. L'exemple de la norvégienne dans l'article Wikipédia que tu lies, qui se met à parler avec un accent allemand pendant la seconde guerre: très basiquement, elle est associée à l'image allemand=nazi=pas gentil. De par l'accent, les personnes environnantes l'ont classée à tort dans une certaine catégorie, et la méfiance s'en suivait. Pour autant, m'étonnerait que ses proches aient fait de même, puisque la personnalité même de cette dame n'a apparemment pas varié d'un iota.
Je veux bien, quand tu croises un type qui te demande l'heure dans la rue, s'immiscer dans sa vie privée n'est pas une priorité. Et encore, même comme ça, on distingue bien l'accent latin de l'accent germanique, par exemple, et ça te donne une première idée des origines. Mais si, au hasard des rencontres, tu converses avec quelqu'un d'intéressant, tu ne tenteras pas d'en savoir plus sur lui? Justement, ça peut-être affaire de le découvrir, non?Erual a écrit :Personnellement, quand un type me parle avec un accent, je me demande s'il n'a pas d'origine étrangère, mais je n'vais pas lui demander de quelle nationalité il est ou quoi.
Est-il utile de se sentir plus français qu'européen? Là, j'avoue, je reste dans l'interrogation, de par mes expériences, de par mon éducation, et j'attends de voir ce que d'autres en disent... Je me rattache plus facilement à une culture régionale qu'à une culture nationale, et j'aime beaucoup l'idée de supra culture, de façon générale, pour la notion d'ouverture, justement, aux autres spécifités locales. C'est de la faute de mon prof de latin de lycée, ça... "homo sum, et humani nihil alienum a me puto"
Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
Convaincue par ta première partie Hamma
Ça rejoint aussi un peu ce que disait Gil.
Mais, a t-on réellement besoin d'un accent de tel ou tel pays pour se sentir appartenir à ce pays ? ou n'est-ce qu'une illusion pour avoir une stabilité sur laquelle se rattacher ?
Par contre, pour la suite, c'est justement là où je voulais en venir. Tous ces accents ne sont-ils pas liés à de purs préjugés sur le pays ? Est-ce que ce n'est pas ce qui amène à de l'exclusion ?
Surtout pour l'accent allemand... le nombre de fois où j'ai entendu des gens dénigrer la langue sous prétexte qu'elle était "trop accentué" ou je n'sais quoi, et qu'elle faisait référence aux nazis. Je veux dire, ça vient pas d'une nationalité toutes ces caractéristiques, ça vient surtout de l'homme. Les seuls caractéristiques qui restent acceptable sont les spécialités culinaires de chaque pays... et encore.
On pose des frontières dans nos esprits même entre chaque pays alors qu'au final, où est vraiment la différence ?
Vous me direz, oui clairement, si on regarde les sans papiers,... et encore. C'est juste du point de vue des administrations qu'ils en ont besoin et donc de surcroit du travail etc etc.
Je suis désolée, c'est pas vraiment des arguments, surtout des questions mais bon, voilà.

Ça rejoint aussi un peu ce que disait Gil.
Mais, a t-on réellement besoin d'un accent de tel ou tel pays pour se sentir appartenir à ce pays ? ou n'est-ce qu'une illusion pour avoir une stabilité sur laquelle se rattacher ?
Par contre, pour la suite, c'est justement là où je voulais en venir. Tous ces accents ne sont-ils pas liés à de purs préjugés sur le pays ? Est-ce que ce n'est pas ce qui amène à de l'exclusion ?
Surtout pour l'accent allemand... le nombre de fois où j'ai entendu des gens dénigrer la langue sous prétexte qu'elle était "trop accentué" ou je n'sais quoi, et qu'elle faisait référence aux nazis. Je veux dire, ça vient pas d'une nationalité toutes ces caractéristiques, ça vient surtout de l'homme. Les seuls caractéristiques qui restent acceptable sont les spécialités culinaires de chaque pays... et encore.
On pose des frontières dans nos esprits même entre chaque pays alors qu'au final, où est vraiment la différence ?
Ah carrément, là je n'ai pas dit le contraire, mais sur le coup, je distingue origine et nationalité ; le pays d'où l'on vient est important parce que c'est là où on a vécu, où on a passé toute une partie de sa vie pour ne pas dire la plus importante... donc connaitre ses origines, et même les origines de ses ancêtres est important. Ne serait-ce que pour l'ouverture vers le monde. Par contre, c'est le terme de nationalité qui me pose problème. A t-on besoin d'être d'une nationalité particulièrement pour se sentir exister ?Hamma a écrit :Mais si, au hasard des rencontres, tu converses avec quelqu'un d'intéressant, tu ne tenteras pas d'en savoir plus sur lui? Justement, ça peut-être affaire de le découvrir, non?
Vous me direz, oui clairement, si on regarde les sans papiers,... et encore. C'est juste du point de vue des administrations qu'ils en ont besoin et donc de surcroit du travail etc etc.
Je suis désolée, c'est pas vraiment des arguments, surtout des questions mais bon, voilà.
Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
Finalement, tu t'interroges plus sur la notion de nationalité que sur les accents, non?
1) Toi, moi, la plupart des gens ici, sommes nés avec une nationalité. La question ne se pose pas. Nous avons des origines, nous avons vécu à l'étranger, mais il y a cette nationalité de naissance qui est en général bien admise. Donc, raisonner en disant que l'on ne se sent pas particulièrement français, ça me paraît un doigt court. Il y a plein de choses que je désapprouve en France, certaines politiques sociales, culturelles, scolaires, et je ne vais pas dire amen à tout sous prétexte que c'est français. La langue française n'est pas, phonétiquement, ma favorite, par exemple. Et pourtant, je n'arrive pas à m'imaginer, toute ouverte, et toute désireuse d'aller voir ailleurs, vivre sans cette nationalité là, ou bien sans une autre. Tu peux, toi?
2) Ca me renvoie à deux très bonnes amies à moi, toutes les deux nées en France, toutes les deux ayant été élevées dans des cultures étrangères. Le résultat est qu'elles ne se sentent pas considérées comme entièrement françaises par pas mal de gens, parce que l'une croit aux esprits, l'autre peine à vivre loin de la mentalité tokyoïte. Et dans le pays dont elles partagent la culture, elles sont considérées comme étrangères. Finalement, à les voir, et à les entendre me dire qu'elles voudraient bien pouvoir s'identifier à un pays, je me dis que ce ne doit pas être si facile d'être apatride.
Et puis bon, l'accent allemand, c'est très sweet, à mes oreilles...
Ah, là, je ne peux être que d'accord. Modérément, on trouvera toujours moyen de trouver quelques points positifs à cette structuration là. Mais voilà, je le redis, je pars plus d'un principe d'affinité par culture que par nationalité.Erual a écrit :On pose des frontières dans nos esprits même entre chaque pays alors qu'au final, où est vraiment la différence ?
J'aurais été tentée de dire non d'emblée, mais finalement, deux choses:Erual a écrit :A t-on besoin d'être d'une nationalité particulièrement pour se sentir exister ?
1) Toi, moi, la plupart des gens ici, sommes nés avec une nationalité. La question ne se pose pas. Nous avons des origines, nous avons vécu à l'étranger, mais il y a cette nationalité de naissance qui est en général bien admise. Donc, raisonner en disant que l'on ne se sent pas particulièrement français, ça me paraît un doigt court. Il y a plein de choses que je désapprouve en France, certaines politiques sociales, culturelles, scolaires, et je ne vais pas dire amen à tout sous prétexte que c'est français. La langue française n'est pas, phonétiquement, ma favorite, par exemple. Et pourtant, je n'arrive pas à m'imaginer, toute ouverte, et toute désireuse d'aller voir ailleurs, vivre sans cette nationalité là, ou bien sans une autre. Tu peux, toi?
2) Ca me renvoie à deux très bonnes amies à moi, toutes les deux nées en France, toutes les deux ayant été élevées dans des cultures étrangères. Le résultat est qu'elles ne se sentent pas considérées comme entièrement françaises par pas mal de gens, parce que l'une croit aux esprits, l'autre peine à vivre loin de la mentalité tokyoïte. Et dans le pays dont elles partagent la culture, elles sont considérées comme étrangères. Finalement, à les voir, et à les entendre me dire qu'elles voudraient bien pouvoir s'identifier à un pays, je me dis que ce ne doit pas être si facile d'être apatride.
Et puis bon, l'accent allemand, c'est très sweet, à mes oreilles...

Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
Tiens, en fait, ça me donne envie de poser ce débat sous forme d'un sondage
Est-ce que vous vous sentez plus français qu'autre nationalité ? Ou alors deux ? Et comment le vivez-vous ?
Pour ma part, je sais que quand on me demande de quelle origine je suis, je réponds toujours que je suis franco-iranienne. Et pourtant, je n'ai jamais encore été en Iran. Je ne parle quasiment pas le persan. Mais je me sens de ces deux nationalités, parce que j'ai baigné dans les deux cultures, bien que la culture perse n'ait pas eu une grande ampleur sur moi. Je me dis même, est-ce qu'il y a vraiment une culture typiquement française ? Je le vis bien, et en même temps je regrette beaucoup de ne pas être bilingue. J'en veux à mon père de ne pas m'avoir transmis sa langue, entre autres. Il me dit souvent qu'il n'a pas voulu mélanger les deux langues car il avait peur qu'en grandissant je mélange moi-même... mouais. Ça a quand même été prouvé que le bilinguisme augmente les capacités analytiques d'un enfant. Donc c'est pas forcément une mauvaise chose. Je me sens pas non plus hyper française en même temps. Je me sens juste moi quoi. Pas besoin de me sentir appartenir à un pays.

Est-ce que vous vous sentez plus français qu'autre nationalité ? Ou alors deux ? Et comment le vivez-vous ?
Pour ma part, je sais que quand on me demande de quelle origine je suis, je réponds toujours que je suis franco-iranienne. Et pourtant, je n'ai jamais encore été en Iran. Je ne parle quasiment pas le persan. Mais je me sens de ces deux nationalités, parce que j'ai baigné dans les deux cultures, bien que la culture perse n'ait pas eu une grande ampleur sur moi. Je me dis même, est-ce qu'il y a vraiment une culture typiquement française ? Je le vis bien, et en même temps je regrette beaucoup de ne pas être bilingue. J'en veux à mon père de ne pas m'avoir transmis sa langue, entre autres. Il me dit souvent qu'il n'a pas voulu mélanger les deux langues car il avait peur qu'en grandissant je mélange moi-même... mouais. Ça a quand même été prouvé que le bilinguisme augmente les capacités analytiques d'un enfant. Donc c'est pas forcément une mauvaise chose. Je me sens pas non plus hyper française en même temps. Je me sens juste moi quoi. Pas besoin de me sentir appartenir à un pays.
Dernière modification par Erual le mar. sept. 21, 2010 6:23 pm, modifié 2 fois.
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Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
Disons que c'est assez particulier, mon père est marocain avec une moitié berbère de sa mère et la mienne est moitié kabyle de son père (qui s'est barré) et moitié polonaise de sa mère.Est-ce que vous vous sentez plus français qu'autre nationalité ? Ou alors deux ? Et comment le vivez-vous ?
Ma génitrice a été éduquée "à la française" avec la langue française seule (sa mère ayant honte de ses origines), elle a vécu au Cameroun 5 ans.
Mon père lui ne m'a pas vraiment éduqué, il ne m'a donc ni apprit l'arabe littéraire, ni l'arabe marocain ni le berbère et pourtant il donne une grande importance à ses traditions que ce soit en niveau religieux, culinaire, de la mentalité etc.
Donc d'un côté non-transmission de la culture de grand-maman à cause de son blocage et transmission partielle du côté de mon père à cause de ses absences et de sa non-volonté à nous transmettre sa langue (pour les même cause que ton père...)
De ce fait je ne me suis jamais sentit marocain, la mentalité de ma famille paternelle est à l'opposé de la mienne et des cousins/oncles qui nous "traitent" de juifs ça aide pas non plus. Et je ne me sens pas polonais non plus pour les raisons énoncées plus haut ainsi qu'un contact inexistant de ce côté de la famille.
Je n'ai de la France que sa langue (culture), et j'ai toujours eu l'impression d'être extérieur au pays. Je suis français certes, mais je me pense plus européen voire terrien

Sinon je le vis bien. Je suis assez content d'être un mélange plutôt "exotique", c'est bon les mélanges génétiques

Sinon en ce qui concerne l'accent, je pense qu'il t'identifie à tes origines/du lieu où on a vécu étant jeune. C'est un peu comme une base culturelle/linguistique à laquelle tu es attachée (ou pas) et à partir de laquelle tu as été construit.
Désolé pour la forme, ce n'est pas mon truc d'argumenter et d'exposer des fait en dehors d'un domaine scientifique
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- Inscription : ven. déc. 15, 2006 4:29 am
Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
Personnellement je distingue ma nationalité de mon identité. Ma nationalité est française, mon identité est multiple. Une identité c'est comme un puzzle de plein de choses différentes, elle peut dépendre de ta nationalité dans la majorité des cas mais aussi des endroits où tu as vécu, de ta classe sociale, ta religion, etc...
Pour revenir au sujet de la perception d'autrui, il y a des signes visuels (ou auditifs) qui vont nous servir de repères (qu'on le veuille ou non) pour essayer de comprendre la personne que l'on a en face de nous. Après, c'est comme pour tout, ça va fonctionner pour une grande partie des cas, et puis pas toujours.
J'ai une amie d'origine étrangère qui a toujours habité en France, moi je suis française d'origine franco-française et je n'ai quasiment pas vécu en France. Au quotidien, c'est systematiquement elle qui sera regardée comme une étrangère... Juste parceque ça se voit.
Je ne me sens pas plus française qu'autre chose (bon ok un tout petit peu quand même
, et je n'ai envie de ne renier aucune partie de moi-même. Donc pour essayer de te répondre Erual je dirai que non je vois pas en quoi il est utile de se sentir plus ci ou plus ça, pour moi ce sont des choses que l'on ne choisit pas, c'est plus un sentiment d'appartenance. Après c'est certainement beaucoup plus confortable de pouvoir s'affirmer d'un endroit à 100%.
Concernant le terme "origines" je trouve que c'est un peu un mot fourre-tout, ça veut pas dire grand chose, ou en tout cas je sais jamais trop ce que ça veut dire "les origines de quelqu'un". Mon avis est qu'on fait pousser ses racines où on peut, résultat on est tous différents, et je préfére faire mon possible pour embrasser cette diversité et ne pas en avoir peur comme ça arrive parfois.
Pour revenir au sujet de la perception d'autrui, il y a des signes visuels (ou auditifs) qui vont nous servir de repères (qu'on le veuille ou non) pour essayer de comprendre la personne que l'on a en face de nous. Après, c'est comme pour tout, ça va fonctionner pour une grande partie des cas, et puis pas toujours.
J'ai une amie d'origine étrangère qui a toujours habité en France, moi je suis française d'origine franco-française et je n'ai quasiment pas vécu en France. Au quotidien, c'est systematiquement elle qui sera regardée comme une étrangère... Juste parceque ça se voit.
Je ne me sens pas plus française qu'autre chose (bon ok un tout petit peu quand même

Concernant le terme "origines" je trouve que c'est un peu un mot fourre-tout, ça veut pas dire grand chose, ou en tout cas je sais jamais trop ce que ça veut dire "les origines de quelqu'un". Mon avis est qu'on fait pousser ses racines où on peut, résultat on est tous différents, et je préfére faire mon possible pour embrasser cette diversité et ne pas en avoir peur comme ça arrive parfois.
Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger
On a beau dire et faire, les pays ont leurs particularités.Bref, je m'embrouille un peu, mais en résumer, n'est-ce pas justement le fait d'avoir des frontières entre les pays qui nous bloque dans une certaine vision de chaque pays ? Est-ce qu'il est réellement utile de se sentir plus français qu'allemand, plus français qu'européen, ou tout ça quoi ?
La laïcité à la française par exemple, ou le multiculturalisme anglo-saxon : passer de l'un à l'autre demande un certain temps d'adaptation.
Pour ma part, je me sens surtout moi, en fait. Sans aucun lien avec une patrie ou une nation : ces concepts me sont totalement étrangers.