être étranger chez soi, être soi à l'étranger

[Adyton]

Quand je vivais en France, j'aurais dit Européen ou citoyen du Monde ; depuis que je vis à l'étranger, je me sens surtout Français. Étonnant non ?...

Il n'y a pas plus internationaliste que ceux qui n'ont pas quitté leur quartier, je crois

[Péronnelle]

Belge (depuis que je sors avec une Française) !
Forcément, on trouve des différences de vision, culturelles et autres... Donc pour rebondir sur ce que Pygargue a dit: tu as bien raison, on se sent nationaliste quand on est confronté à la différence. Ca nous rassure (enfin ça me rassure) de me dire que mes valeurs, décriées ou surprenantes par/pour les autres trouvent leurs racine dans un peuple, un endroit, une Histoire et non juste dans ma simple individualité. Ca les justifie, ça "déresponsabilise" un peu aussi. Je suis chauvine, un peu, je l'admets. Surtout depuis que mon ptit pays est menacé et que les gens font leurs pronostics "de l'extérieur" (éclatera ? éclatera pas ?). Bref.
Pour la question de l'accent, j'en ai un énorme quand je me laisse aller, plus que belge, liégeois ! C'est l'accent du gros beauf, en somme. On se moque déjà de moi à Bruxelles, alors en France...

Erual, si ce n'est déjà fait, tu devrais lire Les identités meurtrières d'Amin Maalouf... Il aborde toutes ces questions avec beaucoup de justesse. Je pense que ça t'intéresserait !

[SaltNPeppa]

Quand je vivais en France, j'aurais dit Européen ou citoyen du Monde ; depuis que je vis à l'étranger, je me sens surtout Français. Étonnant non ?...

Il n'y a pas plus internationaliste que ceux qui n'ont pas quitté leur quartier, je crois

Etonnant oui. Moi-même je ne suis qu'à moitié française et je ne me considère ni d'un pays ni de l'autre (même s'il m'arrive de faire ma chauvine juste pour agacer mes amis français). Et j'ai aussi vécu un certain moment dans un troisième pays. Je suis de nationalité française c'est vrai mais je ne me considère pas vraiment comme appartenant à aucun pays et encore moins une région en particulier.

[Erual]

C'est drôle ce que tu dis Pygargue, mais en même temps, ça ne m'étonne pas trop ^^
Je peux facilement imaginer les raisons en fait. Faudrait que je parte suffisamment longtemps dans un autre pays pour que ressorte mon chauvinisme s'il y a

Pour l'instant, je me sens assez proche de ce que tu décris Goldenvrack.

Erual, si ce n'est déjà fait, tu devrais lire Les identités meurtrières d'Amin Maalouf... Il aborde toutes ces questions avec beaucoup de justesse. Je pense que ça t'intéresserait !

Depuis l'temps que j'ai envie de lire Amin Maalouf, là je n'ai plus d'excuse ! Je note le titre !

[Eosyn]

Je n'ai pas lu toutes les réponses (parce que vous avez pondu des pavés! ><)

Je dirais que cela ne s'applique pas qu'aux pays, mais aux régions, voire même zone géographique plus restrainte.

Je suis Bretonne mais je n'ai jamais eu l'accent breton que le reste de ma famille peut avoir (surtout mon oncle), car du côté de Rennes, le Français a remplacé depuis bien longtemps et du toute manière on ne parlait pas breton mais gallo (ce qui ressemble davantage à un patois du francais qu'à du breton qui lui phonétiquement se rapproche beaucoup de l'allemand).

Donc on peut dire que de base, je parle français sans accent. Mais, si tu me mets une semaine dans ma famille dans le finistère je te choppe un accent breton du tonnerre.
J'ai vécut 3 ans en région parisienne et j'ai choppé l'accent parisien (que je trouve particulièrement horrible :'( )
Enfin, dans le sud depuis 1 an, je commence à chopper l'accent des cigales.

Estc-e que j'en perds mon identité pour autant? non. Je dirais que je m'intègre, je me fonds dans le décor mais je n'en reste pas moins Bretonne. (D'ailleurs j'ai pas répondu au sondage car je suis avant tout Bretonne, mais ce n'est pas une nationalité )

[Rosslaew]

Je me sens attaché à aucun pays.
J'ai passé un peu plus de trois mois à Singapour en stage cet été, tout ce qui me manquait de la France c'était mes amis et ma famille (notamment ma niaise ), mais le pays, franchement, surtout vu l'actualité, j'avais vraiment pas envie de rentrer Et je compte bien me barrer plus tard aussi

[Manchette]

Il n'y a pas plus internationaliste que ceux qui n'ont pas quitté leur quartier, je crois

Dans ma jeunesse agitée et militante, j'ai un peu bourlingué ici et là, et je n'ai jamais eu la nostalgie de la France. Tout au plus du français.
J'ai beau être à moitié breton, mais jamais je ne me suis senti proche d'un quelconque mouvement nationaliste breton.

[Adyton]

Je ne me sens pas Français par nostalgie, ce n'est pas le sens de ma remarque, seulement par différence avec ce qui m'entoure. Il faut se frotter à la différence pour sentir ce qu'on est vraiment, plus profondément qu'on ne le pense. Mon goût pour la discussion, la rhétorique, la contestation, le refus du « chu ben comm' chu » local, ça reste très français, ou perçu comme tel, comme le goût de la moutarde forte, du pain croustillant et des fromages qui puent...

[Gil]

OFF-Topic :

[quote="Manchette"][quote]Il n'y a pas plus internationaliste que ceux qui n'ont pas quitté leur quartier, je crois[/quote] Dans ma jeunesse agitée et militante, j'ai un peu bourlingué ici et là, et je n'ai jamais eu la nostalgie de la France. Tout au plus du français. J'ai beau être à moitié breton, mais jamais je ne me suis senti proche d'un quelconque mouvement nationaliste breton.[/quote] je fais une aparté sur la fierté d'être breton que j'ai l'impression de rencontrer très régulièrement. Le sentiment d'appartenance y est très fort (ma moitié y compris), je trouve ça amusant. J'ai un patronyme qui fleure bon la Bretagne. Malheureusement, je ne connais absolument pas cette région, ou si peu (mon père est parti trop tôt pour ce faire). Et qq part, je déçois tjrs un peu les gens qui reconnaissent la Bretagne dans mon patronyme en leur disant que je n'y connais pas grand-chose.

[Levitz]

Identité, nationalité, sujet complexe et mouvant à titre personnel.

Tout d'abord, je me sens français, par la culture, l'histoire, la langue qui est une façon de penser... Je n'ai pas du tout envie de me sentir européen de l'Union européenne telle qu'elle est aujourd'hui. Cependant, à l'étranger, quand je vois comment les Français se comportent souvent et d'où découle notre piteuse image, je ne suis pas très fier.

Ensuite, je suis né en France, de mère française et de père portugais. Ce n'est que depuis quelques années que j'accepte pleinement cette seconde origine (et que je m'entends mieux avec mon père d'ailleurs) et quand je retourne au Portugal, je suis fier de me dire que j'ai quelque chose de cette terre, de cette lumière.

J'ai longtemps vécu dans le Nord de la France avant de partir dans le Sud-Ouest. Là-haut, je ne me suis jamais senti à l'aise, je n'étais pas dans mes dimensions alors qu'ici je me suis tout de suite senti chez moi (et en accord avec moi). Je n'ai jamais eu l'accent du Nord marqué (heureusement!) et parfois on me dit que je prends l'accent d'ici. Cependant, je ne renie par le Nord, prends sa défense quand il le faut. Parce naître quelque part vous donne une vision de la vie, de la géographie, de la culture, influence notre façon de percevoir un territoire.

Se sentir chez soi ou de quelque part a presque quelque chose de mystique pour moi. C'est ressentir un lieu, y être bien parce qu'on le "ressent", qu'il répond à quelque chose qu'il y en a nous, comme une oeuvre d'art nous parle ou pas. J'ai changé de cadre de vie, j'aime l'idée du nomade, ou plutôt de l'oiseau migrateur. Partir avec sa vie dans la tête, en soi.