ordure a écrit :Souvent on nous retransmet une image étriqué de ce que doit être l'homme ou de ce que doit être la femme. Et on ne se reconnait pas forcément dans cette image.
Tout à fait vrai. Et puis il y a une très forte "valorisation du conformisme", j'ai traîné mes baskets un peu partout ces dernières années dans le monde trans et ailleurs et j'ai fais la constatation suivante : les personnes qui sont le plus reconnu, le plus apprécié, admiré, écouté sont celles qui s'assimile clairement à un genre que ce soit en apparence ou mentalement.
Et cette periode je l'ai connu aussi, ou j'étais pris pour exemple par pleins de FtMs parce que j'avais un beau torse musclé, une voix grave, un bon passing, des connaissances qui me connaissaient que sous mon identité masculine et qui ne savait pas pour moi, des bulletins scolaires avec des appréciations au masculin...autant de "signes de réussite" aux yeux des gens de la communauté.
A l'inverse celles qui doutent sont considérées comme des personnes peu fiables, sans intérêt aucun, "qui ne savent pas ce qu'elles veulent" "des girouettes", elles se font bien pourrir derrière leur dos et accuser de tout les maux dont souffrent les "vrais trans" (comme ils s'auto proclament eux même), "ceux qui souffrent vraiment pour de vrai et qui savent depuis toujours qui ils sont et ce qu'ils veulent" (c'est pas de moi c'est une citation d'un FtM que j'ai vu il y a un mois sur facebook qui se trouvait parmis d'autres propos encore plus hallucinants

) (j'ai d'ailleurs été choqué à plusieurs reprises des propos tenus par certains FtMs et MtFs à propos de FtX ou de personnes en questionnement...

)
Il y a des vraies harpies dans cette communauté, avec quelquefois une atmosphère assez malsaine par certains côtés, les gens se comparent constamment les uns aux autres "tu as vu machin, on dirait une femme à barbe!" "qu'est ce qu'il est moche lui!"
et côté MtF ce n'est guère mieux : "la pauvre, oh mon dieu la pauvre, on dirait rambo travesti!" "Decomplexez les filles vous avez vu les énormes bras qu'elles se tapent." "Franchement je complexe de faire 1m75 mais quand je la vois je me dis que j'ai de la chance quand même."...ou comment une communauté qui devrait être solidaire se tirent dans les pattes.
Bien loin d'échapper aux dictats de la féminité et de la virilité elle s'y embourbe au contraire, et souvent, s'en rend profondément malheureuse.
Car si lorsque les critiques sont tournées vers les autres tout va mieux, il y a aussi des moments plus sombres "j'ai des hanches à avoir des triplées, je voudrais me faire raboter le bassin" (je me souviens même d'un garçon FtM qui avait envisagé d'aller voir un chirurgien pour lui demander de lui poncer les os du bassin.) ou encore une MtF que j'ai cotoyé pendant un temps, pleurant devant un top modèle japonais "moi c'est comme ça que j'aurais voulu êêêtre, rien ne me consolera jamais de pas être née femme."

. Comme si une fois l'objectif atteint, le fait de vivre dans le genre désiré ne suffit plus et qu'il fallait atteindre un idéal physique absolu et qu'à défaut d'y parvenir, les gens se comparait entre eux afin de nourrir un sentiment d'auto-satisfaction de leur apparence. J'ai connu trop de gens dans ce milieu (et de tout âge pas seulement des jeunes) qui n'était préoccupés que par leur image et qui en oubliait de vivre même, qui s'oubliait eux même.
Evidemment, comme partout on trouve quand même, heureusement, des personnes intelligentes qui se détachent du lot et qui élèvent un peu le débat, qui évitent ce piège des dictats qui conduisent à une insatisfaction permanente et au mépris des autres ne serait-ce que par leur respect et l'acceptation qu'il n'y a pas un parcours mais des parcours, tout simplement par leur ouverture d'esprit.
Des gens qui en plus avaient vraiment des valeurs et une vision limpide de ce qu'est l'existence, de vrais projets et qui savaient que la transition ce n'est pas la vie et que les choses ne sont pas binaires et figées.
Alec a écrit :Les personnes qui font marche arrière c'est tabou car ca discrédite les trans.
Je trouve cette assertion assez réductrice. Car tu ne dis pas en quoi ça les discrédite exactement, veux tu parler sur le plan médical ou sur le plan personnel? (dans la mesure où le fait de connaître une personne étant "revenue en arrière" lui ferait se remettre en question.)
Si c'est sur le premier plan : je ne suis absolument inquiète, car pour reprendre un autre point de ton message, je n'ai jamais vu autant de trans obtenir leur attestation au premier rendez vous psy, ces derniers mois et commencer leur traitement immédiatement.
De plus je ne pense pas du tout que les personnes qui doutent ou qui reviennent en arrière d'un point de vue pratique nuisent aux autres : personnellement ça a été très discret, j'avais une endocrinologue à Paris que je voyais tout les six mois à qui j'ai téléphoné pour dire que j'avais trouvé un autre médecin qui acceptait de me suivre dans ma ville. Et voilà ça s'est arrêté là, je suis pas allé le crier au chirurgien qui m'avait opéré, à mon ancienne psychologue qui me suivait depuis le début de mon questionnement identitaire, au psychiatre qui m'avait fourni l'attestation, je n'en voyais absolument pas l'intérêt et à vrai dire ça ne m'a même pas traversé l'esprit.
Et si c'est sur un plan personnel, là je trouve ça très bien, au contraire, que le témoignage de personnes ayant eu des cheminements peu communs puisse interpeller, faire reflechir.
Je pense que le trans qui est capable d'accepter un tel parcours sans jugement et comme étant un chemin comme un autre est bien plus sûr de lui que celui qui le rejette en bloc. Celui qui n'est pas capable d'entendre un choix différent du sien est sans doute moins au clair avec lui même et a besoin de se persuader de quelque chose, tu ne crois pas?
Pour finir sur une phrase bateau : le manque d'ouverture cache souvent des faiblesses et un manque de confiance en soi et en ses propres décisions.
Et si c'est d'un point de vue sociale que tu estimes que ça les discredite, j'aurais tendance à te répondre qu'on a rien à prouver aux autres, du moment qu'on est bien avec soi même, en phase avec ses choix et qu'on est pas dans la representation de soi mais qu'on se contente juste d'être là et d'être ce que l'on est, les autres le voit bien de toute façon et en général ils ne cherchent pas plus loin.