Les homos et le don du sang

Débats Gay et Lesbien
basti
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Re: Les homos et le don du sang

Message par basti »

Kefka a écrit :Un tout petit peu de travail de recherche t'aurait permis de trouver ceci : http://www.dondusang.net/content/medias ... re_DOM.pdf
Merci pour ce lien qui permet d'avancer. Je reproduis donc ici le passage concernant l'homosexualité pour les lecteurs d'et-alors :
dondusang.net a écrit : Le médecin explorera avec vous les points listés ci-dessous :
Si au cours de votre vie, vous avez utilisé des drogues ou des substances dopantes par voie intraveineuse.
Si dans les 4 derniers mois, vous avez :
Changé de partenaire sexuel(le),
Eu plus d’un(e) partenaire sexuel(le),
Eu une relation sexuelle avec un(e) partenaire occasionnel(le),
Eu une infection sexuellement transmissible (IST) dont la syphilis.
Si vous avez eu des relations sexuelles entre hommes.
C'est moi qui souligne et grasseye la première et la dernière phrases. Donc apparemment chaque médecin est libre de se faire sa propre idée de ce qu'est une "relation sexuelle entre hommes". Est-ce que coucher dans le même lit sans rien faire est un obstacle dirimant au don de sang ? Est-ce qu'une fellation entre hommes empêche de donner son sang ?

Donc c'est pas bien clair, tout ça.

Parce que le médecin, il explore avec vous, mais il conclut quoi, dans son for intérieur et dans le secret insondable de son âme ?

C'est pas un chouiah arbitraire, cette affaire ?
Kefka a écrit : Ou encore, ceci : http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/com ... eFin=01076#
Merci encore pour ce lien, mais il va me falloir un peu de temps pour le lire et éventuellement y réagir.
Kefka a écrit : Alors, vraiment, tu viens de te ridiculiser.
Je n'ai jamais été fâché contre vous, et je n'ai jamais douté de l'intelligence de mon interlocuteur(trice) (1) ni que vous étiez auteur(e) d'arnaques intellectuelles(2) donc je ne vois pas d'obstacle à utiliser le tutoiement à nouveau entre nous.

(1) « Tout le drame d'une conversation repose en le fait que l'on suppose son interlocuteur intelligent » http://www.et-alors.net/forum/viewtopic ... 87#p754487
(2) « c'est de l'arnaque intellectuelle » : http://www.et-alors.net/forum/viewtopic ... 60#p752160

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J'ai fini par trouver un exemplaire complet de l'arrêté du 16 avril 2007 relatif à la notification obligatoire des cas d’infection par le virus de l’immunodéficience humaine, à l'adresse : http://www.sante-sports.gouv.fr/fichier ... bo0705.pdf pages 143 à 164. On a donc affaire au formulaire rempli par le médecin après un test de dépistage de sida anonyme et gratuit. J'y trouve une phrase qui vaut le détour :
arrêté du 16 avril 2007 a écrit : Ainsi, l'indication du mode de contamination par rapports hétérosexuels n'est retenue que si les autres modes de contamination sont écartés.

Annexe de l'arrêté du 16 avril 2007, Bulletin Officiel de la santé, mai 2007, p.153
http://www.sante-sports.gouv.fr/fichier ... bo0705.pdf
Cela semble dire que si un homme séropositif a eu un seul rapport sexuel avec un autre homme et cent rapports sexuels avec une ou plusieurs femmes, sa séropositivité sera comptée comme probablement homosexuelle.

Cela donne l'impression qu'on charge la barque des autres modes de contamination pour préserver l'image des hétérosexuels.

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Je voudrais revenir sur les chiffres qu'a donnés Zünisch
Zünisch (message du 17 juin 2010) a écrit : Moi j'ai d'autres stats sorties de sida info service et des nouvelles données du VIH 2009:
- En France, entre 12 et 18% des homosexuels masculins seraient contaminés par le VIH, contre 0,1% des hétérosexuels.
Que j'ai retrouvés dans un article de L'Express daté du 16 janvier 2009 : http://www.lexpress.fr/actualite/societ ... 32204.html et presque les mêmes (10 à 18%) dans la bouche de Roselyne Bachelot elle-même dans son interview donnée à Libération le 14 janvier 2009 : http://www.liberation.fr/societe/010131 ... z-les-gays .

Mais il faudrait savoir comment ce pourcentage est obtenu. Un pourcentage est le résultat de la division d'un nombre par un deuxième nombre. Plus on grossit le premier nombre ou plus on diminue le deuxième nombre, plus le résultat grossit.

J'ai trouvé dans un rapport écrit en 2005 les données suivantes :
invs.sante.fr a écrit : Le nombre d’homosexuels infectés par le VIH a été estimé fin 1997 à 34 000 soit une prévalence de 4,2% par rapport à la population totale des homosexuels (source : BEH 2005, N°11), 12% si on ne rapporte ce nombre qu’aux homosexuels sexuellement actifs.
http://www.invs.sante.fr/publications/2 ... index.html
Est-on vraiment passé de 4% en 1997 à "12 à 18%" en 2008 s'agissant de la prévalence par rapport à la population totale d'homosexuels masculins en France ?

N'y aurait-il pas un mélange entre les chiffres de prévalence sur la population totale d'homosexuels et la prévalence sur la population des "sexuellement actifs" ?

Avec cette "prévalence" de 12% pour 1997 obtenue en attribuant les 34000 séropositivités par voie homosexuelle aux 280000 homosexuels dits actifs sexuellement (c'est à dire, comme l'explique le document, ceux qui déclarent avoir eu des rapports sexuels au cours des 5 dernières années) (vous pouvez prendre une calculette et vérifier : 34000/280000=012), il ne reste plus aucun cas de séropositivité par voie homosexuelle à attribuer aux homosexuels inactifs. On aboutit donc à une conclusion contraire à celle de Roselyne Bachelot : la prévalence obtenue pour les homosexuels inactifs est de zéro, et donc ils ne constituent pas un groupe à risque. Mais l'INVS a-t-il eu une bonne idée que de calculer cette prévalence en divisant 34000 par 280000 ? Je pense qu'il y a un problème de ventilation des chiffres entre les homosexuels actifs et les homosexuels inactifs.

Ne pourrait-on pas aussi calculer la prévalence pour la seule région parisienne au vu du fait que :

« 6,0% des femmes et 7,5% des hommes habitant dans l'agglomération parisienne déclarent avoir déjà eu des pratiques sexuelles avec une personne de même sexe, contre respectivement 3,2% et 2,9% pour celles et ceux qui habitent dans des communes rurales. » (Enquête "contexte de la sexualité en France", 2007, citée par http://www.rue89.com/rue69/2010/10/17/1 ... eux-171376 )
Kefka
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Re: Les homos et le don du sang

Message par Kefka »

basti a écrit :
Kefka a écrit :Un tout petit peu de travail de recherche t'aurait permis de trouver ceci : http://www.dondusang.net/content/medias ... re_DOM.pdf
Merci pour ce lien qui permet d'avancer. Je reproduis donc ici le passage concernant l'homosexualité pour les lecteurs d'et-alors :
dondusang.net a écrit : Le médecin explorera avec vous les points listés ci-dessous :
Si au cours de votre vie, vous avez utilisé des drogues ou des substances dopantes par voie intraveineuse.
Si dans les 4 derniers mois, vous avez :
Changé de partenaire sexuel(le),
Eu plus d’un(e) partenaire sexuel(le),
Eu une relation sexuelle avec un(e) partenaire occasionnel(le),
Eu une infection sexuellement transmissible (IST) dont la syphilis.
Si vous avez eu des relations sexuelles entre hommes.
C'est moi qui souligne et grasseye la première et la dernière phrases. Donc apparemment chaque médecin est libre de se faire sa propre idée de ce qu'est une "relation sexuelle entre hommes". Est-ce que coucher dans le même lit sans rien faire est un obstacle dirimant au don de sang ? Est-ce qu'une fellation entre hommes empêche de donner son sang ?

Donc c'est pas bien clair, tout ça.

Parce que le médecin, il explore avec vous, mais il conclut quoi, dans son for intérieur et dans le secret insondable de son âme ?

C'est pas un chouiah arbitraire, cette affaire ?
Relations sexuelles veut bien dire ce que ça veut dire : une relation sexuelle. Je ne pense pas que les médecins de l'EFS se posent des questions métaphysiques du genre "sucer, est-ce coucher ?". Dès que deux hommes couchent ensemble (et parce que je te vois venir : coucher a ici le sens "d'avoir des relations sexuelles"), il y a une exclusion de fait du don du sang.

Ensuite, sur l'entretien pré-don. Bien sûr que c'est un peu arbitraire. On ne peut pas faire un entretien de ce genre sans faire intervenir une part de subjectivité. A titre d'exemples, j'aimerais donner des exemples tirés d'une production académique personnelle. Ce sont des extraits d'entretien, donc la retranscription du langage parlé rend la lecture un peu compliquée.

Extrait 1
In : D'accord. J'ai une question : vous dites que la sincérité est primordiale en matière de sécurité. Comment faites-vous, enfin, étant donné que vous ne pouvez pas savoir si quelqu'un ment, comment faites-vous, après un entretien, …

I [interrompt] : Alors bon ! Après, c'est vrai que c'est purement de l'humain. C'est vrai que les conditions sont pas toujours évidentes. Vous êtes obligés, en très peu de temps, d'établir un lien, on a pas une demi-heure, trois quarts d'heure pour faire un entretien médical, on a quelques minutes, moins de cinq minutes. Donc, en cinq minutes, il faut que vous établissiez un climat de confiance pour que celui qui est en face de vous puisse dire ce qu'il a dire sans se sentir jugé. C'est ça la partie la plus difficile de l'entretien. Donc, en plus, vous avez des individus en face de vous très différents. Donc, autant certains vous arrivez à les mettre en confiance, autant pour d'autres, y a quelque chose qui passe pas. Alors après, y a quelque chose qui passe pas parce qu'il cache quelque chose ou alors tout simplement parce qu'ils ne sont pas, par rapport à vous, ça ne fonctionne pas très bien, c'est pas toujours … Donc, il faut essayer chaque fois, alors c'est pour ça que j'insiste toujours auprès des médecins sur le premier don. L'importance de prendre son temps au moment du premier don pour justement expliquer au donneur tout ça : la fenêtre sérologique, les examens, la sincérité. Et expliquer qu'il n'y a pas une population de gens transfusés et puis les autres. Que, vous comme moi, à n'importe quel moment, bah, on peut basculer de l'autre côté. Nos proches, nos enfants, nos amis, … Donc on a tous intérêt à ce que finalement, tout le monde ait été sincère sur le coup. C'est pas bien grave de se faire ajourner une fois ou même de manière définitive, si on estime qu'il y a un risque pour le malade qui est à l'autre bout de la chaîne. Donc, c'est le message que l'on essaye de faire passer, que, bah, on peut être à risque un moment et que l'on peut ne plus être à risque après.
Extrait 2
I : Et donc [hésitation], si vous avez des doutes sur mensonge ?

In : Alors, au moment de l'entretien médical, s'il y a quelque chose qui passe pas, parce qu'on se dit : « il a pas bien compris, je sens qu'il y a quelque chose », vous avez toujours deux méthodes : soit, vous pouvez y aller franco en disant « écoutez, non, moi, y a un truc qui va pas dans votre histoire, je … Y a quelque chose qui manque, je, j'ai pas ... », enfin, vous dites pas « j'ai pas confiance », y a un certain nombre de mots que vous employez pour dire que « bah, écoutez, non, j'estime que ... ». Y a quelques fois où c'est qu'une perception ou alors une perception ou une dénonciation de quelqu'un d'autre, parce que ça arrive. Donc, dans ces cas là, bah, c'est toujours difficile … [la seconde méthode, moins intéressante pour le cas qui nous occupe, est le prélèvement du sang pour ensuite immédiatement détruire le don]
I, c'est l'intervieweur, donc moi.
In, c'est l'interviewée, donc le médecin responsable des prélèvements de l'EFS de Lyon, à Gerland.

Ce que je voulais montrer avec ces deux extraits, c'est qu'un entretien ne peut pas être, par nature, objectif. Il fait intervenir toujours une part de subjectivité, tant de la part du médecin qui donne son accord que de la part du potentiel donneur qui a sa part de reconstruction dans ses réponses aux questions qui lui sont posées (pas forcément de manière consciente, mais surtout par manque de connaissances ou par mémoire défaillante).
Crown Prinz
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Re: Les homos et le don du sang

Message par Crown Prinz »

Juste pour la petite histoire je confirme via mon expérience personnelle des années [post-18 ans ; pré-jouage avec un kiki autre que le mien] (et je ne vous dirais rien sur la longueur de cet intervalle :content: :gentil: !) que non, bien sûr que non, les questions des médecins lors d'un don en France ne visent pas à déterminer l'orientation sexuelle du donneur, mais bel et bien à savoir s'il a déjà fait des cochonneries avec un autre mâle.

Il m'est d'ailleurs souvent arrivé de couper poliment court dès le début des questions olé-olé en précisant : "je suis totalement vierge sur le plan sexuel, si ça peut vous éviter quelques unes de vos questions", et effectivement, ça raccourcissait singulièrement l'interrogatoire ^^
Nullement bien sûr on ne m'a fait préciser : "vierge, soit, mais pédé ?" :erm: :roll:
basti
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Re: Les homos et le don du sang

Message par basti »

Kefka a écrit :Relations sexuelles veut bien dire ce que ça veut dire : une relation sexuelle. Je ne pense pas que les médecins de l'EFS se posent des questions métaphysiques du genre "sucer, est-ce coucher ?". Dès que deux hommes couchent ensemble (et parce que je te vois venir : coucher a ici le sens "d'avoir des relations sexuelles"), il y a une exclusion de fait du don du sang.
J'ai lu aussi le deuxième lien que tu as donné avec les critères d'exclusion utilisés par les médecins du don du sang : l'expression employée est
Arrêté du 12 janvier 2009 a écrit :
Homme ayant eu des rapports sexuels avec un homme : CI permanente.

Arrêté du 12 janvier 2009 : joe_20090118_0023.pdf (11 pages) p.7
Wikipédia n'est pas un dictionnaire médical, donc c'est peut-être faux, mais si j'en crois l'article http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_sexuel , il existerait 5 types de rapports sexuels :

- vaginaux
- manuels
- bucaux
- anaux
- avec jouets

Ce serait intéressant de savoir la terminologie utilisée par les organismes de collecte de sang dans des pays non-francophones, car je constate que par exemple en anglais, il n'existe pas d'expression qui traduise exactement l'expression "rapport sexuel". En anglais il y a "sexual intercourse" qui est je crois synonyme de "coitus", et "sexual practice" qui inclut tout.

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Une autre réflexion qui m'est venue à la lecture de l'arrêté du 12 janvier 2009, est que je ne suis pas sûr que ce soit très éthique de demander aux gens de donner leur sang sans leur demander au préalable s'ils ont une assurance de responsabilité civile qui les couvre en cas d'erreur dans leur déclaration. J'ai déjà donné mon sang, mais avec le recul je trouve que j'ai été bien inconscient par rapport au risque juridique. Le donneur oublie de dire qu'il est allé chez le dentiste trois jour avant, ou il a un moment d'égarement et mélange deux questions, le transfusé meurt, et il se retrouve sur la paille pour le restant de ses jours. Alors que le médecin, lui, il est assuré. L'EFS devrait systématiquement fournir une assurance gratuite pour tous les donneurs.

On demande aux donneurs d'être les médecins d'eux mêmes sachant plein de choses sur leur propre état de santé, mais ils ne sont pas assurés en tant que médecins.

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Zünisch (message du 17 juin 2010) a écrit : Les homos ont appris à se protéger ? Je vais aller pleurer. :snif:
Françoise Giroud disait (Le Monde du 11 mars 1983) que :

« La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente »

Manière ironique de dire qu'un groupe historiquement dominé ou une minorité doit être meilleure que la majorité pour pouvoir être acceptée.

En matière d'homosexualité et sida, on est probablement encore loin du compte.

Mais j'ai trouvé une petite consolation :
Avis conjoint du Conseil national du sida et de la Conférence nationale de santé a écrit : Le retard au dépistage est relativement moindre chez les HSH (...) la question du retard au dépistage et à l’accès au traitement se pose avec une acuité particulière en dehors des groupes traditionnellement ciblés par les interventions en faveur de la prévention et du dépistage, de façon diffuse au sein de la population dite générale.

Avis conjoint du Conseil national du sida et de la Conférence nationale de santé relatif au projet de plan national VIH/sida - IST 2010-2014 Publié le 28 juin 2010
http://www.cns.sante.fr/spip.php?article331
Kefka
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Re: Les homos et le don du sang

Message par Kefka »

basti a écrit : Une autre réflexion qui m'est venue à la lecture de l'arrêté du 12 janvier 2009, est que je ne suis pas sûr que ce soit très éthique de demander aux gens de donner leur sang sans leur demander au préalable s'ils ont une assurance de responsabilité civile qui les couvre en cas d'erreur dans leur déclaration. J'ai déjà donné mon sang, mais avec le recul je trouve que j'ai été bien inconscient par rapport au risque juridique. Le donneur oublie de dire qu'il est allé chez le dentiste trois jour avant, ou il a un moment d'égarement et mélange deux questions, le transfusé meurt, et il se retrouve sur la paille pour le restant de ses jours. Alors que le médecin, lui, il est assuré. L'EFS devrait systématiquement fournir une assurance gratuite pour tous les donneurs.

On demande aux donneurs d'être les médecins d'eux mêmes sachant plein de choses sur leur propre état de santé, mais ils ne sont pas assurés en tant que médecins.
L'entretien pré-don n'est absolument pas la seule barrière de sécurité mise entre le potentiel donneur et le receveur. Au final, un don subit encore deux phases de test avant d'être utilisé. Dans tous les cas, les risques ne sont jamais éradiqués mais suffisamment de précautions sont prises pour qu'en cas d'erreur ou d'oubli du donneur, cela ne puisse pas porter préjudice au receveur. On peut voir ici un récapitulatif des tests que subit une pochette de sang avant d'être employée.
De plus, il n'est vraiment pas dans l'intérêt de l'EFS qui est actuellement en pénurie de donneurs de se retourner contre des donneurs dont le sang aurait entraîné des complications chez le receveur : ça tuerait dans l'oeuf les volontés de don.
Il n'y aucun besoin d'assurance civile pour les donneurs. Il se passe encore et toujours des incidents suite à des transfusions sanguines, et je n'ai encore jamais entendu parler de donneur qui ait été poursuivi parce que le sang qu'il avait donné avait entraîné des complications.

Quant à tes interrogations existentielles sur le sens à donner aux termes "relations sexuelles", un médecin de l'EFS te le dira volontiers.
Luka
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Re: Les homos et le don du sang

Message par Luka »

Très rapidement et sur la pointe des pieds, voilà ce qu'on peut trouver sur le site de la Croix Rouge Américaine :

[img]You should not give blood if you have AIDS or have ever had a positive HIV test, or if you have done something that puts you at risk for becoming infected with HIV.

You are at risk for getting infected if you:

* have ever used needles to take drugs, steroids, or anything not prescribed by your doctor
* are a male who has had sexual contact with another male, even once, since 1977
* have ever taken money, drugs or other payment for sex since 1977
* have had sexual contact in the past 12 months with anyone described above
* received clotting factor concentrates for a bleeding disorder such as hemophilia
* were born in, or lived in, Cameroon, Central African Republic, Chad, Congo, Equatorial Guinea,Gabon, Niger, or Nigeria, since 1977
* since 1977, received a blood transfusion or medical treatment with a blood product in any of these countries, or
* had sex with anyone who, since 1977, was born in or lived in any of these countries.
[/img]

Dans la partie sur le SIDA. Encore une fois, l'aspect préventif est très important, et surtout ne reflète pas le risque d'un individu mais le risque statistique d'une catégorie d'individus. Aussi injuste cela semble-t-il...

Enfin tout ça a été dit cent fois avant moi, mais, petits exemples personnels de refus:
- Aux Etats-Unis, pour le simple fait d'avoir vécu plus de trois ans en Europe depuis 1985 (si, si).
- En France, pour m'être fait percé les oreilles moins de 4 mois auparavant. Règle obsolète puisque maintenant toutes les bijouteries font ça avec du matériel stérile, à usage unique, mais ça reste la règle et je comprends tout à fait que le médecin n'ait pas pu prendre sur lui d'aller à son encontre, même si sur le moment, j'ai pensé grrrr, sachant pertinemment que je n'étais absolument pas à risque. (Note, si j'avais pensé que ça poserait problème (ça faisait déjà deux mois, je pensais que ça suffisait largement), j'aurais menti, parce que j'avais ma conscience entièrement pour moi).

Pour la définition de relation sexuelle, je crois qu'elle est ici tout simplement de comportement ayant pu présenter un risque, c'est-à-dire tout rapport où la contamination aurait pu s'effectuer.
Le lien ci-dessus ne mentionne pas l'homosexualité en tant qu'orientation, mais bien la relation d'une homme avec un autre homme, ce qui peut s'appliquer à certains hétéros qui ont eu une expérience homo une seule fois.
basti
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Re: Les homos et le don du sang

Message par basti »

Kefka a écrit : Il n'y aucun besoin d'assurance civile pour les donneurs. Il se passe encore et toujours des incidents suite à des transfusions sanguines, et je n'ai encore jamais entendu parler de donneur qui ait été poursuivi parce que le sang qu'il avait donné avait entraîné des complications.
Lors de la grande "affaire du sang contaminé" des années 1980, y avait-il déjà des fichiers nominatifs de donneurs et si oui, ont-ils été exploités ? Il me semble que non.

Donc on n'a probablement pas de retour d'expérience sur le rôle que pourraient avoir ces fichiers nominatifs dans le cas d'une grande crise sanitaire, et la façon dont la justice pourrait s'y intéresser.

Dans le monde associatif en général, je trouve qu'utiliser des bénévoles sans les assurer, ce n'est pas très bien. Est-ce qu'un club de parachutisme peut recruter des moniteurs bénévoles sans les assurer ?
Jean-Paul Tillement a écrit : Traçabilité : (...) De même, pour un patient donné, l'origine des PSL administrés doit être parfaitement identifiée (site de prélèvement, identification anonyme du donneur...). Tout cela, dans le but de permettre des enquêtes ascendantes et descendantes), principalement en cas de complications infectieuses.

Jean-Paul Tillement, « Thérapeutique générale », Elsevier Masson, 2002, p.149
Je trouve gênant que l'EFS utilise dans sa communication l'expression « anonymat » comme ici : « la FFDSB est le partenaire central du dispositif public de la transfusion sanguine. Volontariat, anonymat, bénévolat, non profit sont les principes éthiques qu'elle défend au quotidien aux côtés de l'EFS »
http://www.dondusang.net/rewrite/articl ... brique=539

L'EFS devrait utiliser des termes tels que "confidentialité" ou "secret" mais pas "anonymat" lorsque les actes de prélèvement ainsi que des informations intimes sont enregistrés dans des fichiers nominatifs.

On ne peut pas dire aux gens "c'est anonyme" et deux minutes après leur demander leur carte d'identité.
Cela porte atteinte à la confiance que le public devrait avoir dans les pouvoirs publics lorsque ceux-ci s'engagent à garantir l'anonymat, le vrai.
En particulier lorsque les tests de dépistage de sida sont effectués dans les centres de dépistage anonymes et gratuits, normalement c'est vraiment anonyme et aucune pièce d'identité n'est exigée.
Kefka
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Re: Les homos et le don du sang

Message par Kefka »

Des fichiers nominatifs sont mis en place actuellement, mais jamais pour pouvoir se retourner contre un donneur. Ce sont des fichiers de donneurs rares, de donneurs réguliers, de donneurs exclus momentanément et définitivement du don du sang, ... Ils sont employés principalement afin de rabattre les donateurs et d'ainsi pallier les déficiences et les manques.

Ensuite, l'EFS ne relève absolument pas du domaine associatif, mais bien du domaine étatique. Ta comparaison avec un club de parachutisme ne tient pas.

Pour finir, tu n'as pas compris ce que voulait dire "anonyme" dans le cas de du don du sang. Tu parles un peu vite, encore une fois, alors que des infos sont disponibles ici : l'anonymat suppose que le donneur ne sait pas qui va recevoir son sang et que le receveur ne sait pas de qui il reçoit son sang. Par ailleurs, un don ne peut pas être anonyme au sens où tu l'entends car il faut pouvoir, en cas de découverte d'anomalies lors du test du don, retrouver qui était le donneur pour l'en prévenir au travers d'un entretien confidentiel. De plus, les données recueillies lors de l'entretien pré-don sont soumises au secret médical et les questionnaires sont détruits après emploi.

Par ailleurs, un test de dépistage du SIDA ne relevant absolument pas de la même logique que de celle du don du sang, ta comparaison à nouveau, ne tient pas : le dépistage suppose que tu viennes chercher tes résultats toi-même et le test ne permet d'avoir d'infos que sur le VIH, le VHB et le VHC ainsi que sur d'autres MST. Il n'y aura donc aucune autre information. Or, le don du sang effectue des tests beaucoup plus larges et en constitue pas un test de dépistage : le donneur n'a donc aucune raison de revenir pour s'enquérir des résultats de son don. Il est donc nécessaire de conserver un contact avec eux, au cas où un ou plusieurs anomalies seraient détectés, pour en informer le donneur.
basti
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Re: Les homos et le don du sang

Message par basti »

Kefka a écrit :Des fichiers nominatifs sont mis en place actuellement,
Cela ne semble pas être un chantier en cours de travaux dont on attend un achèvement futur, mais un système qui a l'air d'être parfaitement opérationnel puisque je lis tout en bas du questionnaire rempli par le donneur :

« En application des dispositions de la loi no 78-17 du 6 janvier 1978 (...), nous vous informons que certaines des informations qui vous sont demandées notamment à l’occasion du questionnaire pré-don et de l’entretien préalable au don feront l’objet d’un enregistrement informatique (...) »

Dans le roman « 1984 » de George Orwell on trouve un ministère chargé de la guerre qui porte l'intitulé « ministère de l'Amour », et dans la France de 2010, un ministère qui grave dans le marbre un beau principe intitulé « anonymat » tout en s'empressant de constituer un fichier nominatif avec des détails intimes.
Kefka a écrit : Par ailleurs, un don ne peut pas être anonyme au sens où tu l'entends car il faut pouvoir, en cas de découverte d'anomalies lors du test du don, retrouver qui était le donneur pour l'en prévenir au travers d'un entretien confidentiel.
Comment faisait-on avant les années 1980 ?

Dans le cadre du fil de discussion Your opinion, je me suis intéressé à l'enquête Prevagay, menée pendant 6 semaines en mai-juin 2009 dans 14 commerces gay parisiens avec ou non consommation sexuelle sur place. Les auteurs de l'étude, qui sont a priori des scientifiques sérieux qui savent de quoi ils parlent, concluent :
A. Velter, F. Barin, A. Bouyssou1, J. Guinard, S. Le Vu1, J. Pillonel, A. Alexandre, C. Semaille a écrit : Results cannot be considered representative of French MSM.

http://www.prevagay.fr/docs/prez2.pdf
Traduction : les résultats ne peuvent pas être considérés comme représentatifs des hommes français ayant des relations sexuelles avec des hommes
Les scientifiques nous disent que c'est une étude ponctuelle qui vaut comme observation d'un terrain particulier, qu'on peut éventuellement comparer à des études semblables menées à Londres ou à Barcelone, mais qui ne peut pas être extrapolée à la population homosexuelle masculine française dans son ensemble.

Voyons maintenant quelle est l'utilisation qui est faite de cette étude par l'EFS sur l'une des principales pages de son site dondusang.net :
dondusang.net a écrit : La mesure d’ajournement des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes est fondée sur les données épidémiologiques. Ces données, produites par l’Institut national de veille sanitaire (InVS), à partir notamment du Baromètre Gay et de l’enquête Prevagay, montrent une prévalence* du taux de séropositivité proche de 17,7 % parmi les homosexuels masculins (en augmentation depuis 2005, où ce taux était évalué à 14,7 %).
http://www.dondusang.net/rewrite/articl ... brique=531
Ben voilà ! C'est tellement facile d'extrapoler et de généraliser ! Pourquoi s'en priver ?

Les gardes fous méthodologiques des scienfiques ne sont pas entendus.

Quant à la prévalence qui augmente, cela peut vouloir dire que les patients meurent de moins en moins. On est un peu comme dans le film « The Beach » avec Virginie Ledoyen, Leonardo diCaprio, et Guillaume Canet : les malades qui meurent, les gens s'en accomodent, mais si le malade ne veut pas mourir, ça embête les gens.
Kefka
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Re: Les homos et le don du sang

Message par Kefka »

Tu réponds à côté, systématiquement.

Je te donne les raisons des fichiers nominatifs et la signification d'anonymat chez l'ESF ainsi que les raisons d'une impossibilité de l'anonymat à ton sens lors d'un don du sang, tu me parles d'Orwell et de 1984. Quel lien, à part celui réalisé par un esprit qui à tendance à prêter une oreille un peu trop attentive aux sirènes des théories du complot ?!

Tu te mets à parler, sans raison et sans lien de causalité de l'enquête Prévagay. Quels liens fais-tu avec ma réponse plus haut ?

Et avant 1980 (pourquoi cette date ? elle n'a pas de sens), plutôt avant 1992, la logique interne au don était largement différente : les médecins ne pouvaient suspecter que leurs donateurs avaient des problèmes de santé. L'idée dominante était la suivante : un donateur faisant un acte civique, il ne pouvait qu'être sain. C'est une logique qui a été remise en doute avec le drame du sang contaminé, d'où l'apparition des fichiers nominatifs.

Quant à ton analyse sur l'augmentation de la prévalence comme un signe du baisse de la mortalité chez les contaminés par le VIH, c'est tiré par les cheveux, littéralement ! Il est beaucoup plus logique d'en déduire une augmentation du nombre de contaminations, avant d'avoir des interprétations sans queue, ni tête.
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