Crown-Of-Thorns a écrit :Bonsoir,
A te lire surtout je vois les ravages dramatiques que peuvent apporter le fait de rentrer trop profondément et trop précocement dans le crâne d'un gamin le fait qu'il soit "doué". Je lis en gros "133 de Q.I. : estampillé intellectuel" et ça me révolte un peu. Combien de pauvres gosses se sont vus infligés cette notation rigide, métrique et limitée de leurs capacités (aujourd'hui critiquée de toute part par les cogniticiens, soit dit en passant) à un âge trop précoce, se voyant ainsi consacrés "surdoués", garanti pur porc, avec d'autant plus de Grandeur qu'on leur servait en même temps le mythe que l'intelligence est acquise, une fois pour toute ?
Je pense être très loin d'être demeuré moi aussi, mais je remercie le Ciel que personne ne se soit amusé à m'en fournir une estampille chiffrée trop jeune, je ne sais pas si j'aurais eu le recul et la maturité nécessaire pour recevoir une information de ce type sans prendre la grosse tête, ne plus me sentir pisser, et au final envisager mon avenir à peu près n'importe comment.
A te lire on a le sentiment que la grande chose que tu accuses pour justifier tes actuels échec, ce sont tes "dons" et ton envie de te perfectionner. Je ne pourrais davantage disconvenir. Prétendre que l'intelligence isole est un énorme mensonge, une fois atteint l'adolescence et l'âge adulte. Au lycée très réputé où j'ai effectué mes classes préparatoires, j'ai été entouré d'élèves de filières littéraires et scientifiques extrêmement brillants, dont plusieurs notamment visaient et ont obtenu d'intégrer l'école normale supérieure de la rue d'Ulm dans le concours de leur discipline. Parmi ces gens, je n'ai pu établir aucune corrélation entre leur intelligence formelle pure (exceptionnellement élevée) et leurs aptitudes sociales, ou encore la maturité de leur parcours académique : j'ai rencontré aussi bien des personnes asociales et relativement peu au courant de ce qu'elles feraient après leurs concours, que des gens extrêmement à l'aise dans le jeu social, s'entourant avec aisance de 10 000 amis de qualité, cultivant une vraie richesse relationnelle, et ayant déjà des vues sur ce qu'ils voudraient faire ensuite. Et il est inutile d'ajouter que le fait de cultiver des liens amicaux sincères et multiples n'était en aucun cas un antagonisme à leur soif personnelle de culture académique (là encore, exceptionnelle).
Prétendre que la soif personnelle de se perfectionner intellectuellement est antagoniste au lien social est d'une archi mauvaise foi : l'un n'a à peu près rien à voir avec l'autre, si ce n'est qu'il faut être spécialement imature pour ne pas réaliser ce qu'on perd à ne pas cultiver un échange de qualité avec les autres. Faire de son "133 de QI" et de son goût pour la culture un motif pour sa propre désolation affective est donc grossièrement faux : être intelligent et cultivé n'a jamais désavantagé personne pour se faire des amis sincères, ceux qui prétendent le contraire trouvent une bien piètre excuse à leurs propres difficultés et leurs propres échecs.
Enfin, si tu as une aspiration forte à des études multi-disciplinaires, une solution simple serait de tenter de te réorienter vers une classe préparatoire littéraire, type HK AL ou bien HK BL. Ca te donnera 2 ans (voire 3 très fréquemment) pour mieux sonder les disciplines qui t'intéressent le plus, et mieux choisir par la suite. En plus après les classes prépa littéraires maintenant tu peux intégrer certaines écoles de commerce, donc les choix d'orientation après sont plutôt larges !
Enfin voilà, c'est un peu froid mais j'avoue que je trouve ça de plus en plus déplacé ce portrait caricatural du "oulala mais je suis tellement intelligent et j'ai tellement soif de connaissance que mon Dieu je me retrouve sans amis et je ne sais pas ce que je veux faire plus tard !". J'ai connu plus intelligent et plus curieux que toi encore, qui avait 10 000 potes et qui avait pu trouver ce qu'il voulait à force de persévérance.
Tu réalises seulement l'incroyable vanité qui réside dans une phrase du type "je n'ai plus d'intellectuels autour pour avoir encore l'impression d'exister", de la part d'un gamin de 17 ans qui a à peine commencé ses études supérieures ?? Je crains hélas qu'un peu trop de gens complaisants t'aient dit "tu iras loin" comme tu dis, et qu'au final les ravages dans l'égo sont terribles ; le soucis étant qu'un égo boursouflé ne mène pas à grand chose de très bon pour soi. Peut-être que ce qui te manque c'est une grosse grosse dose de maturité et d'humilité...
Je conclurai sans complaisance et avec sérieux en disant que ça ne sert sans doute pas à grand chose de venir nous expliquer tout ça à nous : tu as besoin d'un psychiatre et d'un bon conseiller d'orientation. Eux auront les compétences et l'aura nécessaires pour te faire réaliser les défauts de tes raisonnements et t'aider à cerner mieux ce qui sera possible de t'épanouir, aussi bien sur le plan personnel qu'intellectuel. C'est d'une aide professionnalisée de ce genre dont tu es susceptible d'avoir besoin. Allez, bon courage.
Je suis quand même un peu sceptique sur tes amis, que tu dis être très riches intellectuellement, et avoir "10 000 amis de qualité", que tu corrige ensuite par "potes".
Déjà, je suis pas sûr qu'on ait la même définition de qualité, et je parle même pas de moi, je vais prendre l'exemple d'un mec de ma classe de l'an dernier, l'opposé de moi (mais pour qui j'ai de la sympathie).
Il mangeait toujours entouré de au moins 10 personnes, et partait en vacances avec certains. Il avait aussi un groupe de musique. Bref, il y avait pas plus sociable et pas plus intégré. Mais pour avoir écouté les conversations, je sais que finalement, dans tous les gens dont il était entouré, beaucoup étaient de simples connaissances de soirée ou juste du bahut, et quelques bons potes, dont certains qui lui ont fait des crasses (donc pas si bons potes que ça...), au final, peut-être deux ou trois vrais amis dans le lot. Ce serait pas un peu ça pour tes amis "super entourés et super intellectuels" ?
Et j'étais peut-être pas dans un lycée "du haut du panier", comme le tien, mais le mien était quand même correct, pas mal de militants, de gens un peu artistes ou littéraires...
Et puis plus simplement, indépendamment du QI, quand tu partage pas du tout les centres d'intérêts des autres, aussi sympas puisse t-on être de part et d'autre, si t'a rien à te dire ca peut pas aller très loin. Donc je plussoie sur la solution d'Internet. On trouve de tout sur Internet, pour chaque centre d'intérêt ou passion (y compris intellectuel).
MAIS : Ne pas dialoguer par Internet pendant des semaines ou des mois avec la personne, c'est un coup à trop idéaliser l'autre, et être déçu (et c'est pareil pour l'autre en face). Surtout quand on a peu de relations et d'expérience amicale. J'en sais quelque chose. Et ne pas hésiter à multiplier les rencontres. Pour toi, OVS pourrait être pas mal je pense. Par exemple, organiser des sorties pour des expos, des conférences (scientifiques ou littéraires)... Et évidemment, tu peux tomber sur toutes sortes de cons ou de gens qui te conviendront pas, ça risque même d'être souvent le cas, faut pas croire que c'est le truc miracle. Mais ça peut donner des résultats à force de patience et d'essais. Ah oui, et OVS tu risque de rencontrer beaucoup de "vieux" de 40-50 ans (Ray Steam si tu passe par là ne me frappe pas

), a toi de voir si ça te dérange ou si ça te plaît ou si c'est pareil. Mais il y a aussi d'autres sites je les connais pas tous, tu peux toujours les essayer.
Et puis, sur Internet tu rencontre des gens, tu les revois ou pas, mais si ça colle pas avec une personne, tu peux passer au suivant. Ou t'arrêter pour des gens avec qui ça collerait vraiment.
Et puis, évidemment, faire attention à la sécurité, j'imagine que tu y aurais pensé tout seul, mais les pervers peuvent être retors, il ne suffit pas de respecter les basiques consignes, il vaut mieux rester sur ses gardes pendant l'ensemble de la rencontre la première fois (voire la deuxième). Et aussi, si tu le sens pas, n'hésite pas à annuler ou écourter, et si la personne veux t'emmener quelque part, et que tu le sens moyen, n'hésite pas à refuser et sois ferme. J'en sais quelque chose aussi.
Voilà, c'était ma contribution, sûrement pas très utile mais bon.
PS : Kefka merci de m'avoir appris un truc, je ne connaissais pas le Quotient Emotionnel. Vais le calculer de ce pas.