Ca faisait déjà pas mal de temps que ça me trottait dans la tête, cette histoire : les parents, leur annoncer. Ou comment mieux vivre son homosexualité (et sa vie, de manière plus générale). En filigrane, ça me pourrissait la vie.
Bon, moi je pars avec des facilités parce que mon père a viré de bord (360°) à 53 balais : histoire compliquée, j'ai jamais trouvé le courage de le raconter ici mais si ça intéresse quelqu'un (genre, un homme pas bien dans ses mocassins qui se découvre homo sur le tard ou qui l'a toujours su mais qui n'ose pas, ou bien l'enfant de quelqu'un dont l'histoire est proche, enfin bref), je me lancerai!
J'ai écrit mille lettres de coming out que j'ai toutes jetées, j'ai imaginé toutes sortes de scénario et ... rien ne s'est passé comme "prévu".
Les fêtes de fin d'années se sont globalement mal passées. (oui, mon père est toujours avec ma mère, on a fait Noël à 4) et moi j'étais pas bien parce que je venais de quitter ma copine (le 29 décembre, bonne année!) avec qui j'ai passé plus d'un an et demi. Donc le 2 janvier, grosse crise de larmes de la part de tout le monde (les fêtes de fin d'année, c'est extra pour pleurer et remuer les vieux démons familiaux de tous ceux qui en ont). Mon père veut comprendre pourquoi je suis comme ça : énervée, énervante, irritable, mal en campagne et mal en ville. Ce à quoi je réponds que je lui écrirai une lettre pour lui dire tout ce qui se passe. J'avais pas envie du tout (d'écrire cette lettre) mais je l'ai fait. Une pauvre lettre sur un papier moche, de 20 lignes à tout casser, avec dedans un "j'aime les filles" (alors, là aussi, grosse panique : quel mot employer? lesbienne? homosexuelle? homo?). Bon c'était clair et sans détour.
J'ai donné la lettre et je suis repartie chez moi.
Merveilleuses réactions de la part de mon père à base de "je t'aimerai toujours" et de "le plus important c'est ton bonheur" (par SMS).
Mère formidable (via mail) : "je ne tombe pas dans les âffres du désespoir", "je m'en doutais un peu au vu de tes fréquentations", "l'intimité de mes enfants ne me regarde pas", "je t'aimerai toujours", "ça ne change rien que tu sois dans les bras de Jean Marc ou de Géraldine" (je ne sais pas pourquoi elle a choisi ces prénoms là!!), "je serai toujours là pour toi" et "l'amour que tu porteras à ta compagne me la rendra chère à mes yeux". Elle m'a même appelée le lendemain pour me dire "au fait, tu ramènes qui tu veux à la maison, je serai heureuse de te voir avec une amie".
Ils sont cools quand même ! C'est un soulagement et une page qui se tourne pour moi.
J'aimerais que tous les parents soient, sur ce point, comme les miens.
Alors en guise de voeux pour la nouvelle année, je souhaite à tous ceux qui sont encore dans le placard des coming out qui se passent bien. Des parents aimants et compréhensifs.
Bise(s)