Utilité d'un coming out à la famille ?

[Pirlouit]

Attention, je ne vais pas prendre de gants.....
J'ai le sentiment que tu n'as retenu de nos messages que ce que tu voulais bien retenir.

Il est effectivement vrai que, sans lien fort entre les parents et soi, le CO n'a pas la même pertinence. Mais ce lien ne passe pas forcément par des questions de leur part. Si je m'en étais tenu à l'absence de question de mon père, j'aurais pu dire, basta, il n'en a rien à faire et ça ne vaut pas le coup..... Mais ça serait se fier à une apparence. Le lien fort entre parents et enfants, ça n'est pas forcément synonyme de questions fréquentes ou d'une intimité déjà très installée.

Je ne suis pas en train de te dire que finalement, il vaut mieux que tu fasses ton CO. J'insiste juste sur le fait de ne pas te tromper dans l'analyse de la situation. La question, dans le fond, c'est de savoir si le lien qui t'unit à ton père est fort ou pas? C'est de ressenti dont on parle, pas de critères binaire (du genre, il me pose une question: oui ou non?). Si tu te caches derrière son absence de question, il est certain que tu décideras de ne rien changer..... Ci on compte sur les pères pour entamer le dialogue sur l'intimité et les sentiments, on n'est pas couché..... Comment tu perçois les choses, dans le fond? Est-ce que tu es affectivement proche de lui? Est-ce que ça te tient à coeur qu'il soit au courant? Visiblement oui, puisque tu t'es posé la question. En conclusion, il me semble primordial pour toi de clarifier la situation de tes sentiments familiaux vis-à-vis de ton père. Si cette relation père-fils relève de la corvée, de l'obligation morale parce que tu ne l'aimes pas, oublie le CO. Si le lien est fort mais que tu es bien certain qu'il ne l'accepterait pas, oublie aussi. Mais si le lien affectif qui vous unit est relativement intense et que tu penses qu'il serait heureux de te savoir heureux, je pense même que le CO peut apporter un plus. Un dernier truc que je n'avais pas mentionné dans mon dernier message. Il ne te faut pas sous-estimer aussi le fait qu'un parent puisse se réjouir de voir son enfant amoureux. Plutôt homo que célibataire triste et solitaire, voilà ce qu'ils peuvent se dire.... Bon je résume de façon un peu provocatrice. Je ne veut pas relancer le débat sur les joies du célibat. Réfléchis à tout ça quand même..... Et bonne chance!

[FaBiAnO]

En lisant le topic, je ne ferais pas le même constat que toi specimen, j'ai l'impression que tu retiens ce qui va dans ton sens, ce que tu voulais entendre. Perso, même si je n'ai pas encore fait de CO à ma famille, ça me semble important et quasiment nécessaire, mentir à ta famille, enfin autant les cousins, oncles ... on peut s'en foutre, mais tes parents, leur cacher ce qui te définit en grande partie, tu leur caches qui tu es, ça me semble être la moindre des choses, ne pas en avoir le courage et balbutier est une chose, cacher ça et s'en moquer délibérément, c'est grave je trouve, ça dénote un manque d'amour énorme avec ses parents, c'est triste. Je trouve pas ça normal. En tout cas, en lisant les commentaires, ils en ont tous tiré un bénéfice, et même si ça doit mal se passer, on doit en tirer un bénéfice aussi. De toute façon, si tu ne les vois quasiment jamais, je ne vois pas ce qui te retient de leur dire la vérité.

[floridjan]

Pour aller quand même dans le sens de Spécimen, si la vie a fait qu'on n'a plus guère de relation avec ses parents, que nos rapports sont devenus quasi de l'indifférence, qu'on est devenu pratiquement des étrangers l'un pour l'autre, ça n'a pas trop de sens ni d'utilité de leur faire un CO !

[Pirlouit]

Floridjan, personne n'a dit le contraire.... S'il y a que de l'indifférence et que la relation parent / enfant ne relève que de la corvée et / ou du respect des convenances (on se voit à Noël, parce que c'est comme ça, même si personne n'y prend de plaisir réel), il est bien certain que ça ne vaut pas le coup.... Mais, dans un cas pareil, je ne vois même pas pourquoi se poser la question. A vrai dire, dans un cas pareil, je ne comprends même pas pourquoi continuer à voir ses parents.

Maintenant, s'il y a simplement de la pudeur et une absence d'habitude de dialogue, ça vaut le coup de se poser la question. Bon..... Spécimen, y a que toi qui peut savoir d'toute façon!

[zphyr]

Oui, et je crois que c'est pas simple...

[aesoper]

Je ne l'ai pas fait car mes parents sont désespérants. Ils ne me posent jamais de questions sur ma vie sentimentale. Je n'aime de toute façon pas parler de moi. Mon ex copain était dans le même cas, alors forcement aucune incitation. Mais j'y pense régulièrement, faut que je me motive.

[WillTMG]

Bonne question.

Je pense que même si les relations qu'on a avec ses parents ne sont pas tip top, le CO est utile pour soi-même.

Bien avant mon CO, je m'assumais et n'avait aucun problème, mes amis l'avaient bien pris, mon entourage à la fac aussi, bref nickel. Pourtant il restait une part de moi pas tout a fait libre, pas tout a fait bien. Mais je vivais avec en sachant que j'avais l'intention de faire mon CO une fois partie de chez mes parents. La vie a fait que mon CO s'est fait bien plus tôt que je ne le pensais et heureusement parce que vu que mon départ de chez mes parents recule, j'aurai fini par être coincée.

Dans ma tête les choses étaient claires, la réaction des parents même si elle comptait quelque part, elle m'importait peu aussi dans un certain sens, je me suis toujours dit "s'ils le prennent mal c'est eux qui perdront leur fille, je suis comme ça et rien n'y changera.".

Mon CO s'est fait, et là, je me suis sentie entièrement, pleinement, complètement moi. J'étais la même aux yeux de tous, plus besoin de jouer un rôle devant mes parents, plus besoin de taire une partie de ma personnalité (parce que pour moi, mon homosexualité est une partie intégrante de ma personnalité et fait en partie ce que je suis, mes réactions aux choses, mon ressenti).

J'ai la chance d'avoir des parents formidable et de le réaliser vraiment à ce moment là. Ça m'a rapproché de mon papa.

Mon CO (alors que pourtant il s'est fait des conditions un peu space), a vraiment été bénéfique pour moi et moi seule d'abord et pour les autres ensuite.

[spécimen]

Pffiouh en voilà des réponses en un week-end

Bon d'abord merci à tous ceux qui sont intervenus. Ensuite, je voulais ce topic généraliste, non rattaché à une histoire personnelle donc.
Je ne vais pas alors exposer mon histoire familiale, sinon, les lecteurs ne s'y retrouveraient pas. Je voulais juste avoir un éventail des raisons qui pousseraient ou non à faire un CO à sa famille, plus précisément ses parents, quand on est dans une situation d'indépendance matérielle/financière vis à vis d'eux.

Vous avez je trouve détaillé suffisamment clairement les tenants et les aboutissants. Ça me suffit pour avoir à présent une propre idée concernant mon cas. Merci pour vos réponses et vos points de vue ça m'aide à apprécier le ratio risque/bénéfice.

[Blaylock]

Mon CO s'est fait, et là, je me suis sentie entièrement, pleinement, complètement moi. J'étais la même aux yeux de tous, plus besoin de jouer un rôle devant mes parents, plus besoin de taire une partie de ma personnalité (parce que pour moi, mon homosexualité est une partie intégrante de ma personnalité et fait en partie ce que je suis, mes réactions aux choses, mon ressenti).

J'ai fait mon CO auprès de ma famille surtout pour ça, pour être entièrement moi-même et ne pas avoir esquiver certains sujets ou certaines discussions. Car mine de rien, c'est épuisant de dissimuler une partie de sa vie et finalement une partie de soi ! Je l'ai fait un moment quand j'ai découvert/accepté mon homosexualité sur le tard, et je ne regrette pas d'avoir ensuite franchi le pas et d'avoir fait mon CO. Je considère que mon homosexualité n'est qu'un détail, qu'un aspect de ma personnalité parmi tant d'autres, mais au moins les choses sont claires et je n'ai plus à esquiver !!!

[spécimen]

Oui je comprends tout à fait ton point de vue Blaylock. Mais finalement, si l'on devait produire une synthèse, ce qui importe aux parents, il me semble, c'est le bonheur de leur(s) enfant(s). Il m'est avis, pour le vivre et le ressentir, que la réciproque est vraie.

Un adage dit en substance, "peu importe le flacon, pourvu que l'on ait l'ivresse". Ce qui est important finalement, c'est le bonheur, quel que soit l'orientation. Bien évidemment, c'est plus transparent d'expliquer à ses parents les sources/raisons de ce bonheur, peut-être même les faire connaître.

Mais dans une relation parent(s)-enfant(s) à distance, bah l'essentiel, c'est que par téléphone, les peu de moments pendant lesquels il y a un échange et un contact physique, chacune des 2 parties soit rassurée du bonheur que vit l'autre quels qu'en soient les raisons.