Louis Ferdinand Celine
Louis Ferdinand Celine
Fallait-il censurer Louis-Ferdinand Celine de la liste des célébrations nationales ?
Doit-on faire abstraction de ce qu'a été le personnage pour apprécié son oeuvre ? Est-ce que ce qu'a été le personnage fait toute son oeuvre ?
Doit-on faire abstraction de ce qu'a été le personnage pour apprécié son oeuvre ? Est-ce que ce qu'a été le personnage fait toute son oeuvre ?
Dernière modification par Erual le sam. mars 19, 2011 3:19 pm, modifié 3 fois.
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
Ce qui m'interpelle surtout, c'est qu'un type comme Céline, authentique salaud d'ailleurs, est unanimement condamné par tout le monde (et à bon droit), alors qu'un raciste notoire comme Jules Ferry, théoricien de l'inégalité des races, est un véritable héros national.
Selon le type de racisme envisagé, y a comme deux poids deux mesures...
Selon le type de racisme envisagé, y a comme deux poids deux mesures...
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
Il est bien difficile de replacer les choses dans leur contexte : l'antisémitisme d'une époque n'est pas à juger à l'aune de l'antisémitisme contemporain. Je ne juge rien en disant cela, mais cette décision met en valeur bien des contradictions : on ne peut plus monter des opéras de Wagner à l'Opéra de Paris si on se tient à la logique du tout-propre-inattaquable. 

Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
Il n'y a aucune contradiction. Représenter ou lire les oeuvres d'un grand artiste est une chose, rendre hommage à une pourriture en est une autre.Adyton a écrit :Il est bien difficile de replacer les choses dans leur contexte : l'antisémitisme d'une époque n'est pas à juger à l'aune de l'antisémitisme contemporain. Je ne juge rien en disant cela, mais cette décision met en valeur bien des contradictions : on ne peut plus monter des opéras de Wagner à l'Opéra de Paris si on se tient à la logique du tout-propre-inattaquable.
Et attention quand même à l'argument du contexte. A l'époque de Céline, tout le monde n'était pas antisémite, loin de là...
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
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Dernière modification par Erual le lun. févr. 28, 2011 6:51 pm, modifié 1 fois.
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
Erual va m'arracher la tête mais je reprendrai ce que Éric Zemmour a dit samedi dernier à ce sujet chez Ruquier : si on se met à renier Céline sous prétexte qu'il était antisémite, alors retirons également Voltaire du patrimoine culturel transmis par la République parce qu'il avait des esclaves noirs, et ainsi de suite.
La pirouette de Mitterrand est très habile, quoi qu'on en dise, quand il dit que "ce n'était pas possible de déposer une gerbe aux pieds de Céline au nom des valeurs de la République". Personnellement, je serais d'avis de ne pas célébrer non plus les misogynes, les absolutistes, les pédophiles... Ouais, en fait, non, je ne marche pas dans ce sens.
Sûr que se pose la question des rapports de parenté entre l'oeuvre et son auteur, mais qu'est-ce qu'une oeuvre littéraire ? Je veux dire, est-ce qu'un roman, un poème, une pièce, nous poussent fatalement à même le corps comme un furoncle ? Faut-il que le contenu d'un texte soit des lettres que l'on peut appeler soi ? Non, décidément, je pense qu'il y a autre chose qui s'ajoute à la projection de soi lors du processus de création...
Refuser la célébration au nom de la République à Céline, avec le prétexte de l'antisémitisme notoire, je respecte dans la mesure où l'on considère que la célébration doit porter sur l'intégralité de l'oeuvre ; refuser d'assumer un grand écrivain en tant que patrimoine culturel de la République, je m'insurge.
Céline, à commémorer autre part que dans la mare aux canards politiques, assurément... Puisque culture rime avec pourriture !
Ah ! Narcisse ! Quand les complexes nous tiennent !
P.-S. : cette année, je ne célèbrerai donc pas le 233e anniversaire de la mort de Voltaire, ni la 94e année sans Octave Mirbeau, et peut-être que je ne fêterai pas non plus les 190 ans de la mort de Napoléon Bonaparte non plus.
La pirouette de Mitterrand est très habile, quoi qu'on en dise, quand il dit que "ce n'était pas possible de déposer une gerbe aux pieds de Céline au nom des valeurs de la République". Personnellement, je serais d'avis de ne pas célébrer non plus les misogynes, les absolutistes, les pédophiles... Ouais, en fait, non, je ne marche pas dans ce sens.
Sûr que se pose la question des rapports de parenté entre l'oeuvre et son auteur, mais qu'est-ce qu'une oeuvre littéraire ? Je veux dire, est-ce qu'un roman, un poème, une pièce, nous poussent fatalement à même le corps comme un furoncle ? Faut-il que le contenu d'un texte soit des lettres que l'on peut appeler soi ? Non, décidément, je pense qu'il y a autre chose qui s'ajoute à la projection de soi lors du processus de création...
Refuser la célébration au nom de la République à Céline, avec le prétexte de l'antisémitisme notoire, je respecte dans la mesure où l'on considère que la célébration doit porter sur l'intégralité de l'oeuvre ; refuser d'assumer un grand écrivain en tant que patrimoine culturel de la République, je m'insurge.
Céline, à commémorer autre part que dans la mare aux canards politiques, assurément... Puisque culture rime avec pourriture !
Ah ! Narcisse ! Quand les complexes nous tiennent !

P.-S. : cette année, je ne célèbrerai donc pas le 233e anniversaire de la mort de Voltaire, ni la 94e année sans Octave Mirbeau, et peut-être que je ne fêterai pas non plus les 190 ans de la mort de Napoléon Bonaparte non plus.
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
De toutes façons, les célébrations....
Par contre, il faut absolument lire cet immense écrivain. Sans oublier quel salaud c'était. On peut être un salopard et avoir du talent...
Par contre, il faut absolument lire cet immense écrivain. Sans oublier quel salaud c'était. On peut être un salopard et avoir du talent...
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
C'est justement ce qui pose problème avec Céline : il fut un écrivain autrement plus immense que Brasillach, Rebatet ou Drieu la Rochelle. Ou que Sartre, Aragon et consorts. Parmi les écrivains du XXe siècle, il est l'un des plus scandaleux ratés du Nobel de littérature, et reste assurément l'un des plus grands écrivains français. Il est bien sûr scandaleux qu'on le retire ainsi des célébrations officielles.
Ce qui est surtout étonnant dans les fameux pamphlets, c'est que l'on n'en retient finalement que l'antisémitisme, alors que Céline vomit tout le monde ou presque, à commencer par les Français, les Allemands, les homos... Et on oublie qu'il n'a jamais été un collabo, qu'il n'a jamais dénoncé personne. Et que ses pamphlets furent loin, à l'époque, de susciter la réprobation : Gide, notamment, fut très élogieux.
Sur la question de l'engagement politique de Céline, il y a le bouquin remarquable d'Yves Pagès, qui montre un homme écartelé entre de multiples contradictions inconciliables (l'anarchisme, l'union sacrée, etc.).
Ce qui est surtout étonnant dans les fameux pamphlets, c'est que l'on n'en retient finalement que l'antisémitisme, alors que Céline vomit tout le monde ou presque, à commencer par les Français, les Allemands, les homos... Et on oublie qu'il n'a jamais été un collabo, qu'il n'a jamais dénoncé personne. Et que ses pamphlets furent loin, à l'époque, de susciter la réprobation : Gide, notamment, fut très élogieux.
Sur la question de l'engagement politique de Céline, il y a le bouquin remarquable d'Yves Pagès, qui montre un homme écartelé entre de multiples contradictions inconciliables (l'anarchisme, l'union sacrée, etc.).
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
Le tout est de savoir ce qu'on célèbre. Or là, on célèbre l'homme, pas l'oeuvre.Manchette a écrit :C'est justement ce qui pose problème avec Céline : il fut un écrivain autrement plus immense que Brasillach, Rebatet ou Drieu la Rochelle. Ou que Sartre, Aragon et consorts. Parmi les écrivains du XXe siècle, il est l'un des plus scandaleux ratés du Nobel de littérature, et reste assurément l'un des plus grands écrivains français. Il est bien sûr scandaleux qu'on le retire ainsi des célébrations officielles.
(et Aragon, autre salaud dans un autre genre, est un immense écrivain aussi, à mon avis - mais j'assume le caractère éminemment subjectif de ce goût ^^)
Re: Dis moi, Céline, les années ont passé
J'ai envie de te demander de ce que tu entends par "on célèbre l'homme, pas l'oeuvre"...Harmodius a écrit :Le tout est de savoir ce qu'on célèbre. Or là, on célèbre l'homme, pas l'oeuvre.
(et Aragon, autre salaud dans un autre genre, est un immense écrivain aussi, à mon avis - mais j'assume le caractère éminemment subjectif de ce goût ^^)
Parce qu'en "célébrant un homme", j'entendrais une célébration de ce que cet homme serait ou aurait été, avec ses gloires et ses misères, ce qui le rend admirable et méprisable... La personne, en somme, indépendamment de son travail, de ce qu'il a fait ou a pu faire. Or, je ne crois pas qu'on accède à une notoriété de l'envergure de celle qu'a encore Céline aujourd'hui sans travail, sans oeuvre. Maintenant, si on doit célébrer le "génie" d'un homme, je vois dans cette célébration un caractère assez contradictoire d'une prétendue valeur d' "égalité" entre les citoyens de la République...
Bref, ta phrase demeure un peu obscure pour moi.
