Ce que je suis m'empêche d'être ce que je veux
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Re: Ce que je suis m'empêche d'être ce que je veux
Bonjour Lutèce,
Oui, il m’a fallu beaucoup de temps pour le dire à ma femme. Pratiquement un an après avoir moi-même admis, dans la douleur d’ailleurs, après une lutte interne harassante, qui j’étais vraiment. L’aveu à ma femme a été un déchirement, une véritable épreuve, et en même temps une libération. Tout ce que je n’avais jamais réussi à dire s’est précipité, et ces mots imprononçables qui me tétanisaient sont sortis sans entrave. Pour le reste, c’est une nouvelle page qui est en train de s’écrire.
C’est souvent un déclic qui provoque les événements. Pour moi ça a été une passion dévorante pour un homme. Je ne m’y étais pas du tout préparé, je ne l’avais pas prémédité. Pourtant je savais parfaitement que je pouvais ressentir du désir pour un homme qui me plaisait, mais je me disais, pour évacuer le "problème" que, puisque ça n’allait pas plus loin qu’un simple trouble physique, ça ne faisait pas de moi un homosexuel, terme que j’ai mis un temps fou à pouvoir écrire et prononcer lorsqu’il s’agissait de moi. Un peu comme toi, acceptable pour les autres, impensable pour moi-même, même si à la différence de toi, cela ne m’a jamais empêché d’avoir de très bons amis (un en particulier) gays par peur d’être démasqué ou du qu’en-dira-t-on, bien que le regard et le jugement des autres ait été la raison essentielle de mon propre déni.
Et puis j’avais finalement trouvé chaussure à mon pied, j’étais marié, j’avais des enfants, j’avais cette certitude, cette confortable sécurité que cette part de moi-même était enterrée, reléguée dans un vieux carton enfoui dans un endroit dont j’avais oublié l’emplacement. Donc s’il m’arrivait parfois de ressentir une attirance pour un homme élégant, j’arrivais à m’en défaire en pensant à la famille que j’avais fondée.
Sauf que cette fois, ça a été différent. Ce n’était plus un simple désir, c’était un sentiment amoureux intense que je n’avais jamais ressenti pour un homme. Les détails et la genèse importent peu ici, mais ce sentiment s’est transformé très rapidement en une véritable passion, d’autant plus brûlante que moi j’étais réellement persuadé qu’il y avait une certaine réciprocité. Si je n’y avais pas sincèrement cru, je n’aurais pas poussé aussi loin ma réflexion. La chute a été très brutale, j’en ai voulu à la terre entière (au moins), incapable de comprendre ce qui se passait, amorphe, avec un goût amer de profonde injustice. Mais le fait essentiel est que j’ai appris à admettre ce que j’étais, ne plus rejeter cette part de moi-même, au contraire j’en suis même à l’apprivoiser pour mieux l’apprécier pleinement.
Ressentir du désir ou un émoi passager pour un homme est une chose, éprouver un amour violent pour un homme en est une autre. Là il n’est plus possible (sinon c’est se mentir à soi-même) de renier une composante homosexuelle. Dans mon cas c’est cette prise de conscience qui a provoqué l’éclatement des chaînes qui retenaient ce couvercle si mal scellé.
Pour toi, de façon sans doute différente, il y a malgré tout la reconnaissance d’une passion amoureuse pour un homme, et tu auras beau tout faire pour le nier farouchement (encore qu’apparemment ce ne soit plus vraiment le cas), tu as une composante homosexuelle. Maintenant, toi seul peux répondre à l’existence ou non d’une part hétéro en toi, mais je pense qu’il te faut accepter ce que tu as toujours rejeté. Ca ne t’empêchera peut-être pas de trouver ta solution intermédiaire….
Ton choix, maintenant que tu as pleine conscience de cette composante que tu considérais inacceptable jusqu’alors, c’est d’en faire ce que tu veux.
Oui, il m’a fallu beaucoup de temps pour le dire à ma femme. Pratiquement un an après avoir moi-même admis, dans la douleur d’ailleurs, après une lutte interne harassante, qui j’étais vraiment. L’aveu à ma femme a été un déchirement, une véritable épreuve, et en même temps une libération. Tout ce que je n’avais jamais réussi à dire s’est précipité, et ces mots imprononçables qui me tétanisaient sont sortis sans entrave. Pour le reste, c’est une nouvelle page qui est en train de s’écrire.
C’est souvent un déclic qui provoque les événements. Pour moi ça a été une passion dévorante pour un homme. Je ne m’y étais pas du tout préparé, je ne l’avais pas prémédité. Pourtant je savais parfaitement que je pouvais ressentir du désir pour un homme qui me plaisait, mais je me disais, pour évacuer le "problème" que, puisque ça n’allait pas plus loin qu’un simple trouble physique, ça ne faisait pas de moi un homosexuel, terme que j’ai mis un temps fou à pouvoir écrire et prononcer lorsqu’il s’agissait de moi. Un peu comme toi, acceptable pour les autres, impensable pour moi-même, même si à la différence de toi, cela ne m’a jamais empêché d’avoir de très bons amis (un en particulier) gays par peur d’être démasqué ou du qu’en-dira-t-on, bien que le regard et le jugement des autres ait été la raison essentielle de mon propre déni.
Et puis j’avais finalement trouvé chaussure à mon pied, j’étais marié, j’avais des enfants, j’avais cette certitude, cette confortable sécurité que cette part de moi-même était enterrée, reléguée dans un vieux carton enfoui dans un endroit dont j’avais oublié l’emplacement. Donc s’il m’arrivait parfois de ressentir une attirance pour un homme élégant, j’arrivais à m’en défaire en pensant à la famille que j’avais fondée.
Sauf que cette fois, ça a été différent. Ce n’était plus un simple désir, c’était un sentiment amoureux intense que je n’avais jamais ressenti pour un homme. Les détails et la genèse importent peu ici, mais ce sentiment s’est transformé très rapidement en une véritable passion, d’autant plus brûlante que moi j’étais réellement persuadé qu’il y avait une certaine réciprocité. Si je n’y avais pas sincèrement cru, je n’aurais pas poussé aussi loin ma réflexion. La chute a été très brutale, j’en ai voulu à la terre entière (au moins), incapable de comprendre ce qui se passait, amorphe, avec un goût amer de profonde injustice. Mais le fait essentiel est que j’ai appris à admettre ce que j’étais, ne plus rejeter cette part de moi-même, au contraire j’en suis même à l’apprivoiser pour mieux l’apprécier pleinement.
Ressentir du désir ou un émoi passager pour un homme est une chose, éprouver un amour violent pour un homme en est une autre. Là il n’est plus possible (sinon c’est se mentir à soi-même) de renier une composante homosexuelle. Dans mon cas c’est cette prise de conscience qui a provoqué l’éclatement des chaînes qui retenaient ce couvercle si mal scellé.
Pour toi, de façon sans doute différente, il y a malgré tout la reconnaissance d’une passion amoureuse pour un homme, et tu auras beau tout faire pour le nier farouchement (encore qu’apparemment ce ne soit plus vraiment le cas), tu as une composante homosexuelle. Maintenant, toi seul peux répondre à l’existence ou non d’une part hétéro en toi, mais je pense qu’il te faut accepter ce que tu as toujours rejeté. Ca ne t’empêchera peut-être pas de trouver ta solution intermédiaire….
Ton choix, maintenant que tu as pleine conscience de cette composante que tu considérais inacceptable jusqu’alors, c’est d’en faire ce que tu veux.
Re: Ce que je suis m'empêche d'être ce que je veux
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Re: Ce que je suis m'empêche d'être ce que je veux
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Re: Ce que je suis m'empêche d'être ce que je veux
Et si au lieu de rester dans le "ni-ni" tu te lâchais dans le "et-et" c'est pas plus positif ? pourquoi te frustrer de ce que la nature (?) t'a donné ? Si tu allais vers ton désir, sans te poser de question parce que satisfaire ton désir ne va pas provoquer de tsunami, mais juste te rendre plus heureux ?!lutece a écrit :
Je ne sais pas, je reste indécis... J'ai l'impression que je suis vraiment entre les deux et que ni dans l'un ni dans l'autre je ne trouverai de plénitude.
> Ton choix, maintenant que tu as pleine conscience de cette composante que tu considérais
> inacceptable jusqu’alors, c’est d’en faire ce que tu veux.
Oui, et au final je ne sais pas ce que je veux ! (donc je suis l'unique responsable de mon spleen et de ma déprime)
Re: Ce que je suis m'empêche d'être ce que je veux
Bonsoir,
Permets-moi, juste avant de développer les réponses aux questions que tu m'as posées, de saluer ton incroyable (ce n'est pas ironique, même presque admiratif) audace pour avoir osé indiquer la première lettre de ton prénom. C'est assez courageux de ta part, toi qui redoutes par dessus tout de te faire démasquer. Tu pourras objecter que l'audience reste sans doute assez confidentielle et que tu ne risques pas grand-chose ici, mais c'est bien le geste qui compte.
Ta question est difficile: bien sûr que si, j'avais conscience de cette "vraie nature" au moment où j'ai rencontré ma femme. Je pense que tu n'auras pas trop de difficulté à comprendre mon état d'esprit. Il m'a fallu un certain temps pour "soupçonner" mes préférences, parce qu'à dire vrai je ne m'étais jamais trop posé la question. Il me paraissait sans doute évident, alors que j'abordais la vingtaine, que j'aurais une femme et des enfants "comme tout le monde". Mais je n'avais pas spécialement d'attirance pour les filles, et malgré les encouragements de mon père qui n'arrêtait pas de me dire de me trouver une copine, je n'en avais pas franchement envie. Bien sûr je trouvais commode l'excuse de la timidité, et les quelques flirts que j'avais eus avec des filles durant mon adolescence arrivaient à me convaincre que j'avais le temps pour ça. N'y trouvant strictement aucun plaisir, je n'ai par la suite même pas tenté d'approfondir mon approche avec les filles.
Je dirais que c'est vraiment aux alentours de 20 ans que les choses se sont précisées, et que là je me suis rendu compte que je me trouvais bien plus à l'aise avec des garçons, et qu'il m'arrivait même de ressentir du désir pour certains copains de promo. En étais-je choqué? Très sincèrement non (différence flagrante entre toi et moi). J'avais 22 ans lorsque j'ai vraiment failli passer à l'acte avec un copain qui en avait autant envie que moi, mais l'un et l'autre nous avons eu peur, pas à cause du dégoût de l'acte entre hommes, mais peur de nous faire traiter de pédés, parce que les langues allaient bon train en parlant de nous (on était toujours ensemble). Disons que par peur d'être rejeté, par crainte du regard, du jugement (forcément négatif) des autres, j'ai renié cette facette de ma personnalité. Pas parce que je la trouvais abjecte, mais parce qu'on me faisait sentir qu'elle l'était. Plus exactement j'ai composé avec: pour les autres elle était purement inexistante, mon comportement public ne la laissant pas deviner, mais moi je savais qu'elle était partie intégrante de moi-même. Il n'y avait pas vraiment de lutte interne en moi, mais j'ai dû jongler artistiquement pour cacher mes préférences aux personnes dont j'estimais qu'elles n'avaient pas besoin de savoir.
C'est un peu plus tard (25 ans) que j'ai rencontré une femme, 12 ans de plus que moi. Je peux dire que c'est elle qui m'a fait prendre conscience d'une part hétéro réelle en moi, elle a été mon "initiatrice". Pour autant, elle n'a pas extirpé de moi cette part homo, bien au contraire, puisque quelques années après, à l'aube de la trentaine, j'ai commencé à aller dans des bars gays, où j'ai rencontré de très bons amis. Très clairement je ne craignais pas la peur du qu'en-dira-t-on venant de gens que je ne connaissais pas, mais je suis toujours resté très discret relativement à mon entourage direct. C'est à la même époque que j'ai fait connaissance de ma femme. Ça a été un vrai soulagement, parce que mon entourage familial commençait à devenir extrêmement désagréable, limite menaçant. Cette rencontre avec ma femme a été décisive dans mon comportement, puisque c'est à cette occasion que j'ai enterré à la va-vite mon homosexualité consciente en prenant bien soin d'en sceller le plus soigneusement possible le cercueil dans laquelle je l'avais enfouie. Et ça a à peu près marché. Les pulsions étaient toujours présentes, mais l'amour de ma femme était là, des enfants étaient arrivés, notre famille était unie, je n'avais plus rien à craindre, il était facile de balayer d'un revers de main des désirs passagers ...
La lutte interne est arrivée lorsque je suis tombé amoureux d'un homme, vraiment amoureux, alors que je ne l'avais pas prévu.
Pourtant il m'a fallu pratiquement un an pour le dire à ma femme, parce qu'entre cet homme et moi, pour faire simple, ça ne s'est pas du tout bien passé, qu'il m'a fallu un temps fou pour renoncer (ce n'est pas encore hélas -pour moi- complètement effectif) à tous mes rêves avec lui. De fait j'étais infiniment plus préoccupé à essayer de recoller des morceaux entre lui et moi (échec complet de ce point de vue) qu'à autre chose, et d'une certaine manière le temps s'est figé, je n'ai pas été capable de vraiment surmonter le choc. J'ai toujours pensé que je serais assez fort pour ça, mais 9 mois plus tard il a fallu me rendre à l'évidence que je n'avançais à rien tout seul, et j'ai été voir une psy. Pas seulement parce que je me sentais toujours en situation d'échec, mais parce que je me rendais parfaitement compte qu'en fait j'étais incontestablement bien plus homo qu'hétéro, que cette part hétéro malgré tout indéniable, était très largement minoritaire face à ma part homo, et qu'il fallait bien qu'un jour ou l'autre je me décide, non pas à l'admettre (c'était déjà fait), mais à le faire savoir, au moins aux personnes qui comptaient dans ma vie. Et finalement ça n'était pas facile pour moi de l'avouer aux autres. Comme toi c'est à un collègue que je m'en suis ouvert en premier (il s'en doutait certainement), parce que très élégamment, il a réussi à me faire dire les choses, le plus simplement possible. Et je l'ai dit ensuite à ma femme. Elle ne l'a pas bien pris.......... Ce fut une véritable révolte, je n'entrerai pas dans les détails, elle m'a sorti mes quatre vérités en face, reproché mon mensonge implicite. Elle s'est sentie trahie, trompée, elle m'a simplement traité d'homo refoulé. Violence dans le vocabulaire, violence dans la réaction, rejet, mépris, et en même temps tristesse car toujours de l'amour, réflexion vis-à-vis de nos enfants. Faire son CO à sa femme c'est détruire son couple, parce qu'une fois que cela a été prononcé, c'est d'une certaine manière irréversible, reconnaître son homosexualité et reconnaître que sa part hétéro est devenue négligeable voire inexistante, cela a des implications immédiates sur le couple. S'en doutait-elle? Elle m'assure que non, pourtant mon comportement avait été profondément modifié, pour des raisons évidentes à deviner. Toujours est-il que quelque chose de très profond a été brisé entre nous. Après 8 mois, c'est maintenant une entente raisonnée entre nous, l'assurance de faire le mieux possible pour protéger les enfants, mais nous ne sommes plus un couple: en ce sens, une nouvelle page s'écrit, en prenant soin de ne pas trop nous heurter, mais chacun de nous sachant que c'est sur deux registres séparés que le futur s'écrit.
Pour parler de toi maintenant:
Tu dois absolument connaître la réalité de tes deux composantes. Il est sans doute excessivement difficile de les mesurer, mais tu dois savoir si cette part hétéro que tu désires ardemment (ta part homo étant acquise) est véritablement présente ou simplement fantasmée. Tu dis ne pas avoir de "contre-envie" pour une femme, voire même sublimer l'acte, au moins en pensée, mais tu ne pourras véritablement juger que lorsque tu l'auras effectivement fait, ou qu'au contraire tu auras compris que tu en es totalement incapable. Peut-être l'as-tu d'ailleurs déjà compris par tes discussions avec ton ami. Dans le premier cas, tu pourras concevoir une part hétéro réelle et envisager ta solution intermédiaire, dans le cas contraire, il te faudra accepter que tu n'es pas bi mais gay. Ce sera peut-être un choc, mais il faut l'envisager et bien te dire que ce n'est pas la fin du monde.
Cependant, il y a un point qui, si tu te trouvais dans cette dernière option, reste quand même assez délicat:
Quoi qu'il en soit, s'il se trouve que tu es vraiment homo, tu auras du mal à vouloir toujours repousser ceux qui seraient eux-mêmes gays par crainte d'être démasqué. Imagine que tu ressentes un jour encore une fois un violent émoi pour un homme, et que cela soit réciproque. Tu le fuiras, tu refuseras obstinément autre chose qu'un fantasme, quitte à provoquer une complète incompréhension quand tu lui expliqueras le profond dégoût que t'inspire une relation amoureuse accomplie entre deux hommes? Et s'il se trouvait qu'une telle relation pouvait être épanouissante, agréable, et qu'elle puisse même te procurer une immense sensation de bien-être, parce qu'accomplie avec un être aimé?
Ce ne sont que quelques questions, elles risquent cependant de te handicaper si tu n'y as pas un peu réfléchi.
Tu es venu ici à reculons, peut-être est-ce un passage éclair, mais si le fait d'avoir pu écrire des choses aussi personnelles t'a un peu aidé, alors ce n'est pas si mal. Peut-être essayeras-tu encore de t'assurer de la réalité de ta composante hétéro, peut-être pas, en tout cas, accepte qui tu es. C'est banal de dire ça, comme tout ce que j'ai dit précédemment d'ailleurs, mais ça aide.
Et si ça peut aussi t'aider à, non pas renouer des liens qui auraient été définitivement (de ton point de vue) rompus, mais retrouver, au cas où tu le souhaiterais, un dialogue apaisé, sinon plus, avec des personnes que ce problème aurait pu éloigner de toi, ça pourrait être bien.
V
Permets-moi, juste avant de développer les réponses aux questions que tu m'as posées, de saluer ton incroyable (ce n'est pas ironique, même presque admiratif) audace pour avoir osé indiquer la première lettre de ton prénom. C'est assez courageux de ta part, toi qui redoutes par dessus tout de te faire démasquer. Tu pourras objecter que l'audience reste sans doute assez confidentielle et que tu ne risques pas grand-chose ici, mais c'est bien le geste qui compte.
Cela va faire 14 ans que nous sommes ensemble, cela fait un an et demie que je suis tombé complètement amoureux d'un homme, et donc j'ai avoué à ma femme cette part de moi-même au bout de 13 ans. Un record......Je voudrais encore savoir quelque chose : tu étais avec ta femme depuis combien de temps (d'années) avant de lui avouer, (...) (peut-être ton cas est-il différent de mon indécision à moi puisque tu n'avais pas ? vraiment conscience de cette vraie nature à l'époque ou vous vous êtes connus / tu n'avais pas eu de lutte interne avant de vous marier) (...) parce que tu étais déjà en couple avec une femme (et que donc personne ne ferait cette suputation) ou bien parce que personne n'a jamais soupçonné ton attirance ?
Ta question est difficile: bien sûr que si, j'avais conscience de cette "vraie nature" au moment où j'ai rencontré ma femme. Je pense que tu n'auras pas trop de difficulté à comprendre mon état d'esprit. Il m'a fallu un certain temps pour "soupçonner" mes préférences, parce qu'à dire vrai je ne m'étais jamais trop posé la question. Il me paraissait sans doute évident, alors que j'abordais la vingtaine, que j'aurais une femme et des enfants "comme tout le monde". Mais je n'avais pas spécialement d'attirance pour les filles, et malgré les encouragements de mon père qui n'arrêtait pas de me dire de me trouver une copine, je n'en avais pas franchement envie. Bien sûr je trouvais commode l'excuse de la timidité, et les quelques flirts que j'avais eus avec des filles durant mon adolescence arrivaient à me convaincre que j'avais le temps pour ça. N'y trouvant strictement aucun plaisir, je n'ai par la suite même pas tenté d'approfondir mon approche avec les filles.
Je dirais que c'est vraiment aux alentours de 20 ans que les choses se sont précisées, et que là je me suis rendu compte que je me trouvais bien plus à l'aise avec des garçons, et qu'il m'arrivait même de ressentir du désir pour certains copains de promo. En étais-je choqué? Très sincèrement non (différence flagrante entre toi et moi). J'avais 22 ans lorsque j'ai vraiment failli passer à l'acte avec un copain qui en avait autant envie que moi, mais l'un et l'autre nous avons eu peur, pas à cause du dégoût de l'acte entre hommes, mais peur de nous faire traiter de pédés, parce que les langues allaient bon train en parlant de nous (on était toujours ensemble). Disons que par peur d'être rejeté, par crainte du regard, du jugement (forcément négatif) des autres, j'ai renié cette facette de ma personnalité. Pas parce que je la trouvais abjecte, mais parce qu'on me faisait sentir qu'elle l'était. Plus exactement j'ai composé avec: pour les autres elle était purement inexistante, mon comportement public ne la laissant pas deviner, mais moi je savais qu'elle était partie intégrante de moi-même. Il n'y avait pas vraiment de lutte interne en moi, mais j'ai dû jongler artistiquement pour cacher mes préférences aux personnes dont j'estimais qu'elles n'avaient pas besoin de savoir.
C'est un peu plus tard (25 ans) que j'ai rencontré une femme, 12 ans de plus que moi. Je peux dire que c'est elle qui m'a fait prendre conscience d'une part hétéro réelle en moi, elle a été mon "initiatrice". Pour autant, elle n'a pas extirpé de moi cette part homo, bien au contraire, puisque quelques années après, à l'aube de la trentaine, j'ai commencé à aller dans des bars gays, où j'ai rencontré de très bons amis. Très clairement je ne craignais pas la peur du qu'en-dira-t-on venant de gens que je ne connaissais pas, mais je suis toujours resté très discret relativement à mon entourage direct. C'est à la même époque que j'ai fait connaissance de ma femme. Ça a été un vrai soulagement, parce que mon entourage familial commençait à devenir extrêmement désagréable, limite menaçant. Cette rencontre avec ma femme a été décisive dans mon comportement, puisque c'est à cette occasion que j'ai enterré à la va-vite mon homosexualité consciente en prenant bien soin d'en sceller le plus soigneusement possible le cercueil dans laquelle je l'avais enfouie. Et ça a à peu près marché. Les pulsions étaient toujours présentes, mais l'amour de ma femme était là, des enfants étaient arrivés, notre famille était unie, je n'avais plus rien à craindre, il était facile de balayer d'un revers de main des désirs passagers ...
La lutte interne est arrivée lorsque je suis tombé amoureux d'un homme, vraiment amoureux, alors que je ne l'avais pas prévu.
Déchirement parce que ma passion pour cet homme (et ça a été très rapide) a été littéralement dévorante. J'étais parfaitement conscient de ça, prêt à tout quitter pour lui (tu vois à quel point une passion peut être violente). Au début j'ai essayé d'arrêter cette spirale infernale, pour les enfants, pour l'image que j'avais finalement donnée de moi, mais j'ai rapidement compris que ça ne servait à rien. Véritable épreuve, parce ce que ce que j'avais réussi à enterrer était en train de refaire surface. Mais en même temps j'acceptais pleinement ça.et (sans >vouloir être trop indiscret), cela s'est il mal terminé (comment l'a t-elle pris) / "déchirement - véritable épreuve - nouvelle page qui est >en train de s’écrire" ?
Pourtant il m'a fallu pratiquement un an pour le dire à ma femme, parce qu'entre cet homme et moi, pour faire simple, ça ne s'est pas du tout bien passé, qu'il m'a fallu un temps fou pour renoncer (ce n'est pas encore hélas -pour moi- complètement effectif) à tous mes rêves avec lui. De fait j'étais infiniment plus préoccupé à essayer de recoller des morceaux entre lui et moi (échec complet de ce point de vue) qu'à autre chose, et d'une certaine manière le temps s'est figé, je n'ai pas été capable de vraiment surmonter le choc. J'ai toujours pensé que je serais assez fort pour ça, mais 9 mois plus tard il a fallu me rendre à l'évidence que je n'avançais à rien tout seul, et j'ai été voir une psy. Pas seulement parce que je me sentais toujours en situation d'échec, mais parce que je me rendais parfaitement compte qu'en fait j'étais incontestablement bien plus homo qu'hétéro, que cette part hétéro malgré tout indéniable, était très largement minoritaire face à ma part homo, et qu'il fallait bien qu'un jour ou l'autre je me décide, non pas à l'admettre (c'était déjà fait), mais à le faire savoir, au moins aux personnes qui comptaient dans ma vie. Et finalement ça n'était pas facile pour moi de l'avouer aux autres. Comme toi c'est à un collègue que je m'en suis ouvert en premier (il s'en doutait certainement), parce que très élégamment, il a réussi à me faire dire les choses, le plus simplement possible. Et je l'ai dit ensuite à ma femme. Elle ne l'a pas bien pris.......... Ce fut une véritable révolte, je n'entrerai pas dans les détails, elle m'a sorti mes quatre vérités en face, reproché mon mensonge implicite. Elle s'est sentie trahie, trompée, elle m'a simplement traité d'homo refoulé. Violence dans le vocabulaire, violence dans la réaction, rejet, mépris, et en même temps tristesse car toujours de l'amour, réflexion vis-à-vis de nos enfants. Faire son CO à sa femme c'est détruire son couple, parce qu'une fois que cela a été prononcé, c'est d'une certaine manière irréversible, reconnaître son homosexualité et reconnaître que sa part hétéro est devenue négligeable voire inexistante, cela a des implications immédiates sur le couple. S'en doutait-elle? Elle m'assure que non, pourtant mon comportement avait été profondément modifié, pour des raisons évidentes à deviner. Toujours est-il que quelque chose de très profond a été brisé entre nous. Après 8 mois, c'est maintenant une entente raisonnée entre nous, l'assurance de faire le mieux possible pour protéger les enfants, mais nous ne sommes plus un couple: en ce sens, une nouvelle page s'écrit, en prenant soin de ne pas trop nous heurter, mais chacun de nous sachant que c'est sur deux registres séparés que le futur s'écrit.
Pour parler de toi maintenant:
Tu dois absolument connaître la réalité de tes deux composantes. Il est sans doute excessivement difficile de les mesurer, mais tu dois savoir si cette part hétéro que tu désires ardemment (ta part homo étant acquise) est véritablement présente ou simplement fantasmée. Tu dis ne pas avoir de "contre-envie" pour une femme, voire même sublimer l'acte, au moins en pensée, mais tu ne pourras véritablement juger que lorsque tu l'auras effectivement fait, ou qu'au contraire tu auras compris que tu en es totalement incapable. Peut-être l'as-tu d'ailleurs déjà compris par tes discussions avec ton ami. Dans le premier cas, tu pourras concevoir une part hétéro réelle et envisager ta solution intermédiaire, dans le cas contraire, il te faudra accepter que tu n'es pas bi mais gay. Ce sera peut-être un choc, mais il faut l'envisager et bien te dire que ce n'est pas la fin du monde.
Cependant, il y a un point qui, si tu te trouvais dans cette dernière option, reste quand même assez délicat:
Ce dégoût est-il motivé par quelque chose de précis, une croyance, un fait culturel, ou est-ce l'idée même, l'imagination de cet acte? Ne développe pas nécessairement, mais peut-être dois tu te poser la question de savoir pourquoi cela te semble si choquant, malgré tes fantasmes. Peut-être, j'ai cru comprendre au début de tes messages que tu avais choisi un pseudo neutre pour éviter de faire référence à tes origines, devrais-tu essayer de trouver des personnes ayant ce point commun avec toi, et qui auraient une opinion différente de la tienne sur la nature de l'acte entre deux hommes.autant j'ai un réel et profond dégoût profond rien qu'à l'idée d'une relation sexuelle entre hommes et jamais - me concernant - je n'aurais envie (reconnaissant mon trouble envers eux) de pratiquer ce type d'acte sexuel.
Lorsque je fantasme sur des hommes, c'est sur leur physique, leur corps (tout leur corps)
Quoi qu'il en soit, s'il se trouve que tu es vraiment homo, tu auras du mal à vouloir toujours repousser ceux qui seraient eux-mêmes gays par crainte d'être démasqué. Imagine que tu ressentes un jour encore une fois un violent émoi pour un homme, et que cela soit réciproque. Tu le fuiras, tu refuseras obstinément autre chose qu'un fantasme, quitte à provoquer une complète incompréhension quand tu lui expliqueras le profond dégoût que t'inspire une relation amoureuse accomplie entre deux hommes? Et s'il se trouvait qu'une telle relation pouvait être épanouissante, agréable, et qu'elle puisse même te procurer une immense sensation de bien-être, parce qu'accomplie avec un être aimé?
Ce ne sont que quelques questions, elles risquent cependant de te handicaper si tu n'y as pas un peu réfléchi.
Tu es venu ici à reculons, peut-être est-ce un passage éclair, mais si le fait d'avoir pu écrire des choses aussi personnelles t'a un peu aidé, alors ce n'est pas si mal. Peut-être essayeras-tu encore de t'assurer de la réalité de ta composante hétéro, peut-être pas, en tout cas, accepte qui tu es. C'est banal de dire ça, comme tout ce que j'ai dit précédemment d'ailleurs, mais ça aide.
Et si ça peut aussi t'aider à, non pas renouer des liens qui auraient été définitivement (de ton point de vue) rompus, mais retrouver, au cas où tu le souhaiterais, un dialogue apaisé, sinon plus, avec des personnes que ce problème aurait pu éloigner de toi, ça pourrait être bien.
V
Re: Ce que je suis m'empêche d'être ce que je veux
(supprimé par l'auteur)
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