Pétition contre la diffusion de Tomboy dans les écoles
Bien que le film
Tomboy (histoire d'une fille qui se fait passer pour un garçon, je schématise) soit diffusé dans les écoles depuis septembre 2012 sans que ça n'ait entrainé de polémique, d'un seul coup des mouvements de parents vertueux et inquiets voient le jour contre la diffusion du film, au motif que ça participe au "prosélytisme en faveur de la théorie du genre" + d'autres griefs plus loufoques (certains faisant référence à Mickael Jackson

Je vous laisse lire en détail l'article de
Première, qui prend fait et cause pour le film, ci-dessous)
Outre
Première, la polémique a pris assez d'importance pour que
Le Monde,
La Croix et
La Nouvelle république s'empare du sujet. (Google est votre ami si vous souhaitez lire les articles en question)
Clairement, une resurgence des Manifs pour Tous, Printemps français, etc. tout ces braves papas/mamans qui, ayant perdu leur principal cheval de bataille depuis l'adoption de la loi sur le mariage pour tous, se cherchent d'autres saintes croisades à mener pour protéger les chères têtes blondes en danger.
Dommage qu'un film aussi sympathique et bienveillant que
Tomboy puisse en faire les frais.
Première a écrit :Des parents réclament l'interdiction dans les écoles primaires du film Tomboy, qui raconte comment une petite fille se fait passer pour un garçon.
Depuis septembre 2012, le film Tomboy est inscrit au programme Ecole et cinéma, conçu en accord avec le Centre national de la cinématographie, et fait partie d'une liste de films destinés à être projetés aux élèves d'école primaire.[...]Mais Tomboy semble poser depuis peu de sérieux problèmes à certains parents. Des protestations curieuses puisque le film est projeté à des enfants depuis septembre 2012 et qu'il n'y a pas eu jusqu'ici de réaction suffisamment importante pour être médiatisée. Depuis cet automne des lettres de protestations de parents inquiets ont été publiées dans différents quotidiens, avant qu'une pétition destinée au Ministre de l'Education nationale ne soit lancée en novembre par le site CitizenGO sous le titre "Non à la diffusion du film Tomboy dans les écoles !". Son crime : il nous "plonge dans le monde de l'homosexualité" en montrant Laure/Michaël en train d'embrasser une fille. A leurs yeux, Tomboy participe au "prosélytisme en faveur de la théorie du genre". De plus, la pétition souligne que l'héroïne choisit le surnom de Michaël en référence à Michael Jackson, "le chanteur pop androgyne", ce qui semble être assez grave aux yeux des auteurs de cette pétition, qui, à l'heure où nous écrivons, a récolté 20 089 signatures.
Alors, le film Tomboy est-il un affreux agent de propagande de la "théorie du genre" ? Déjà, "théorie du genre" est un terme dépréciatif -on parle d'études de genre entre spécialistes- utilisé généralement par ceux qui dénoncent aussi bien les chercheurs qui démontrent que le sexe d'une personne est d'abord une construction plus sociale que biologique, que ceux en faveur de l'égalité des droits pour les homosexuels. L'épouvantail de la "théorie du genre" a déjà été utilisé par les manifestants contre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, qui reprochaient déjà en mai dernier au ministre Vincent Peillon de vouloir enseigner la "théorie du genre" aux élèves et de l'inclure dans la loi de refondation de l'Education nationale. Celle-ci se contentait pourtant de rappeler qu'il fallait lutter contre toutes les discriminations, et de promouvoir "l'égalité entre filles et garçons". CitizenGO se définit comme une "fondation espagnole" qui défend "une conception chrétienne de la personne et de l'ordre social", et définit le mariage comme "l'union d'un homme et d'une femme". CitizenGO, qui relaie également des pétitions contre l'euthanasie et l'avortement semble plutôt proche de l'idéologie conservatrice prônée par la Manif pour tous.
En montrant une fille se comporter comme un garçon, Tomboy est pourtant un film subtil subtil, "feutré, solaire et juste", comme l'écrivait la critique de Première à sa sortie. "Tomboy rappelle une évidence : on ne choisit pas son sexe à la naissance, on en hérite, tout comme son prénom", peut-on lire dans le cahier de notes autour du film destiné aux enseignants et proposant des pistes d'études et de réflexions. "À partir de là, chacun se construit son identité entre sexualité biologique et sexualité psychique, avec les variantes selon les apparences (vêtements, coupe de cheveux) et le comportement (manières, attitude), distribué selon les codes et les convenances de cette répartition. Là aussi, entre le sexe organique ou génétiqueet la distribution des rôles entre masculin et féminin, il y a une latitude, une marge de jeu, modulée par l’éducation, l’environnement, les modèles qui vous inspirent et qu’on désire imiter." Le cahier propose aussi d'étudier les mécanismes cinématographiques du suspense (le secret de Laure sera-t-il découvert ?), du jeu (le film se passe pendant les vacances et montre des enfants qui s'amusent) et des couleurs. Mais ça, CitizenGO n'en parle pas.