C'est une question de gestion des limites.arwynia a écrit :Oui mais bon, tu en viens à t'excuser d'être un agresseur alors que tu n'as absolument rien fait! C'est absurde quand même. On ne peut pas rentrer dans son délire au point de lui laisser penser qu'effectivement, tous les blancs sont des racistes qui s'ignorent et qui, s'ils se regardaient en face, devraient s'excuser de l'oppression qu'ils exercent.
Moi aussi, comme Norma, je me suis sentie froissée au départ. Et puis après, j'ai lu les interventions de Mystic ailleurs et je me suis dit qu'elle semblait mal dans sa peau, alors je n'ai simplement pas répondu. Mais je ne vais quand même pas aller jusqu'à m'excuser d'être raciste! Pour le coup, je trouve que ton raisonnement va un peu loin...
Tant de gens m'ont blessé sans le savoir, qu'il m'aurait fait du bien de voir s'excuser, que je n'ai _aucun_ problème à imaginer que mes interventions, dans des cas très complexes, puissent être blessantes. Je n'ai donc aucun soucis à présenter des excuses, non pas pour avoir été raciste, mais pour avoir été blessant sans le savoir/le vouloir.
Il est tout à fait possible de demander des comptes à qui s'exprime avec cette agressivité. Je l'ai fait sur ce topic même. Et on peut le faire fermement sans monter sur ses grands chevaux. Ca demande de l'énergie et de la patience. Parce qu'on a en général envie de s'énerver et de rentrer dans le lard.
La non-violence exige une attention intense à la situation. Je suis tout à fait d'accord avec toi, Gé : il t'était impossible de deviner que ton intervention initiale allait déclencher une réaction aussi peu commune. La non-violence consiste alors à prendre acte de cette réaction et de s'y adapter, comme on peut. Et ce n'est pas facile. Du tout. Pas même toujours possible quand ça vient fouiller dans des lieux sensibles.
Une autre question qui se pose avec insistance dans tous ces posts est, il me semble, celle de la gestion de la faute morale. Il y a beaucoup d'accusations, et la question revient souvent, comme pendant les guerres, de savoir qui a tiré le premier coup qui est responsable de cet état. Situation de procès, qui témoigne à mon sens d'un besoin de réparation.
Il est certes bon de reconnaître les causalités de l'agression. Mais cause n'est pas responsabilité, et dans la montée des tensions, la responsabilité est quasiment toujours partagée.
Perso, je n'ai pas senti la haine. Sinon la haine de soi. Parfois assez terrifiante. Transmuée en haine des autres parfois, oui, et à ce titre dangereuse. Mais pas la haine au sens où je l'ai sentie chez des neo-nazis - chez qui elle n'a pas du tout cette forme là, surtout quand elle émane des politique : elle est glaçante, pas explosive. Autant une haine de soi est une haine que l'on peut accueillir - même si c'est pas facile
J'y reviens encore et toujours - je suis têtu. Je ne critique pas la protection de EA qui est ici invoquée. Je suis à 100% associé au fait de m'opposer à la propagation de la haine. Je m'attriste simplement de la manière dont tout ça a été mise en place. Rien de plus, ni de moins. Je ne défends pas non plus l'attitude de mystic, sa colère - sa haine peut-être, même si je ne l'ai pas ressentie comme telle. Je ne la condamne pas non plus. Et je n'ai du coup pas à l'excuser. J'essaie de la comprendre - et de voir si l'on peut vivre avec. Et si au final, je m'étais aperçu ne pas le pouvoir, je l'aurais dit aussi clairement et fermement que je peux. Sans renvoyer en retour ni de colère, ni de haine, ni de jugement. Simplement : "ce n'est pas possible, tu me/nous fais mal, nous ne parvenons pas à nous comprendre." Et c'eut été un échec - un sentiment réel d'échec. Mais pour ma part, ce point là est encore à venir.
Et une fois encore, je ne condamne pas ce qui s'est passé. Je m'en attriste et j'essaie de vous faire partager ce que je ressens et pourquoi je le ressens ainsi.