Psy, psy, psy - la guéguerre contemporaine

Débats Gay et Lesbien
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Kliban
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Psy, psy, psy - la guéguerre contemporaine

Message par Kliban »

Je déplace ici ma réponse au post d'Etapiscium sur la psychanalyse dans son rapport aux TCC. Post initialement sur l'athéisme idiot, qui n'y est plus à sa place.

Contexte :

- Kliban aime bien la psychanalyse. Il n'aime pas les TCC, mais regarde leur développement avec un certain intérêt, mêlé à un profond dégoût pour les batailles qu'elles mènent contre la psychanalyse, et versa le vice.

- Etapiscium trouve cette dernière inutile et incertaine. Il professe une volonté de cadrage, d'élimination des charlatans, d'évaluation des thérapies. ET en sous-main, il sous-entend sans jamais le dire franchement, que si la psychanalyse n'existait plus, on s'en sentirait tous mieux :mrgreen:.

Vous pouvez intervenir dans le débat - pour dire que vous vous en foutez (mais pas jouer au troll non plus) ou que vous pensez ci ou ça.

Pour le moment, c'est un truc assez aride (et intellectuellement titillant selon mes standard) entre Etapiscium et vot' serviteur - mais ça va sûrement évoluer :) s'il y a une suite, la succession des arguments est un peu étourdissante pour un lieu en dehors des circuits de découpeurs d'ailes de mouches en 4 (par la tranche), je ne suis pas sûr qu'on puisse durer - ni même commencer :lol: - comme ça.

On y va. Comme d'habitude, c'est roboratif.

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Cela dit, l'inconscient de Freud implique la centralité de la sexualité, les refoulements et partant de là, des explications et des analyses de divers troubles psychiques. Je serais étonné de voir les sciences cognitives donner arbitrairement du sens et traiter symboliquement nos actes manqués...
Dans nos discussions, un de mes objectifs serait de t'amener à laisser de côté - juste le temps de nos discussions :) - tes préventions contre la psychanalyse, et à essayer non pas d'enfoncer avec vigueur le coin critique - légitime - mais de chercher à comprendre en quoi elle peut être intéressante. Je n'ambitionne pas de te convaincre mais de déserrer une attitude intellectuelle que je ne trouve pas complètement honnête (disons-le) dans la mesure où elle n'est pas (assez) mesurée. Si je me trompe :oops: , show me :) !

Les hypothèses de Freud sur l'inconscient ont été largement battues en brèche par des psychanalystes, et en particulier son pan-sexualisme, qui avait peut-être son efficace à l'époque de la création de la discipline. Il y a bien plus dans la psychanalyse que Freud - et encore heureux ! Les références me manquent cependant, je ne suis pas de la partie, et la littérature psychanalytique peut être tout à fait assommante - pour des raisons diverses, qui tiennent en partie à la non scientificité de fond de sa pratique et à ce que certains psy se prennent bien trop au sérieux - sans compter les homophobes.
Je vais plus loin : éthiquement parlant, peu me chaut que telle thérapie ait statistiquement plus de résultats qu'une autre. Cette considération n'est pas éthique, mais économique. Ici la bonne statistique serait : y a-t-il des cas que telle thérapie n'a pas su soigner et qui ont été soignés par une autre ? Cela seul suffit déjà à mes yeux pour que cette autre thérapie soit recommandable - avec les précautions issues de la première statistique.
Pas d'accord. A partir du moment où une pratique qui se veut thérapeutique, n'atteint pas vraiment ses fins, pire, nie les nie(alors que de là, a découlé sa popularité) de réels problèmes se posent à tous les niveaux et ça concerne évidemment le bien-être du patient. D'autant que comme je l'ai dit plus haut, la psychanalyse impose une lecture particulière et pas toujours justifiée et vérifiée des maladies. Ce qui pourrait pénaliser les malades (notamment en ce qui concerne les autistes). D'où la nécessité du débattre de sa scientificité et de ses limites.

De même en médecine, quand on découvre une thérapie, on fait en sorte de connaitre tous ses effets et son efficacité avant de continuer à l'appliquer à un patient.
Et je doute que la considération des cas extrêmes du charlatanisme, des arnaques et des obscurantismes malveillants soient uniquement économiques.
Tu marques un point, oui, oui ! C'est aussi ce que je disais, en affirmant penser que les TCC sont sans doute destinées à un plus large public que la psychanalyse.

Mais 1. tu jettes le bébé avec l'eau du bain, ce que je trouve hâtif et 2. tu commets, je pense, une ou deux erreurs de catégorie.

Je passe en mode analytique, c'est aride, mais comme tu m'opposes une résistance de rationaliste ;) on devrait pourvoir s'entendre :

1. Je le répète, mon point en deux temps :

a. si une pratique P est utile à quelques individus, et que les autres pratiques (P') se sont révélées inopérantes, P est recommandable

b. recommander P nécessite cependant de la positionner par rapport aux P', de façon à ce qu'on n'use pas de P n'importe comment.

Ton point me semble être exactement inverse :

a'. Si P nuit à quelques uns en prétendant leur faire du bien, alors que P' fait du bien à bien plus d'individus que P, alors il faut dénigrer à P le droit et l'intérêt d'agir en tant que thérapeutique.

Mais comme selon moi, P fait du bien à certains, alors que les P' n'y parviennent pas, le principe a' est ce que j'appelle jeter le bébé avec l'eau du bain.

Tu te concentres sur ceux à qui P a nuit (en les supposant légion, mais sans le dire clairement) en proposant pour remède global la suppression de P. Je me concentre sur ceux à qui P a fait du bien - et j'en connais puisque j'en fais partie, entre autres - en proposant des gardes fous (sic !) pour éviter que P soit proposé à des gens qui feraient certes mieux d'aller essayer un P'. (et cela implique à mon sens une modification de la formation des psychanalystes, et des techniques d'évaluation adaptée, dont je ne sais pas si elles sont disponibles à ce jour).

Maintenant, je te laisse juger de laquelle de nos deux propositions est la plus éthique :)


2. Les erreurs de catégorie

Il y en a deux, je pense. La première relève de la vulgate de la psychologie, c'est la notion de maladie. Je pense que nous allons définitivement plomber ce forum si nous entrons là-dedans :lol: mais est a minima questionnable l'assimilation d'un mal-être psychique à une maladie, et la disparition de symptômes à une guérison. Tracer des limites là-dedans, de façon à ce que tout le monde ne soit pas malade de quelque chose devient indémerdable.

-> En tout état de cause, la volonté d'assimilation des thérapeutiques à une médecine qui pourrait rendre statistiquement compte de ses guérisons me semble idéologiquement orienté sur une certaine conception de la santé et de la "maladie". Ayant pis cette orientation idéologique, la conclusion va de soi. Mais elle n'est pas très scientifique ni rationnelle, cette conclusion. Juste idéologique.

La seconde erreur de catégorie a partie liée à la scientificité. On ne peut mesurer scientifiquement l'efficacité d'une pratique que si on a pu normer les protocoles. Et c'est là où le bât blesse : cela n'est pas possible avec des pratiques de type psychanalytique. Si l'on doit les évaluer - et, très sincèrement, je pense qu'il le faudrait - , ce n'est pas la bonne façon de faire.

Stricto sensu, il me semble que la psychanalyse relève de l'artisanat de haut vol. Et comme tout artisanat, on n'est jamais très sûr du résultat, sauf à connaitre un très bon artisan. Alors que les TCC relèvent de techniciens bien formés, à une pratique normée - ou en cours de normage. Mais le fait est : juger d'un artisanat avec des critères propres à mesurer une industrie accolée à la science, c'est tuer l'artisanat dans la majorité des cas. Parce que ses résultats ne sont pas reproductibles, parce que d'un artisan à l'autre, le tour de main change radicalement, etc.

On dirait que je plombe la psychanalyse ? Oui, bien sûr, si l'on envisage de vivre dans une société industrielle où le tour de main n'a plus de valeur et ne compte que la patience laborieuse et efficace du technicien. Mais c'est bien ce que je disais : il y a là un choix idéologique. Et pour ma part, je ne suis pas prêt à tuer l'artisan tant que l'industrie ne m'aura pas montré qu'elle sait fabriquer des objets aussi bien façonnées dans tous leurs détails. Le problème étant - et c'est un problème - que l'artisan peu aussi fabriquer une chaise qui s'écroule sous le poids de son patient - tout autant qu'une chaise si aérienne et si robuste à la fois qu'elle emporte l'admiration et l'envie de copie de l'industrie. Les TCC ont donc encore largement le temps de se rendre compte du réservoir de connaissances et de descriptions phénoménologiques qui font l'ordinaire de la pratique psychanalytique. Et réciproquement. Tous ces appels à l'hallali me semblent terriblement prématurés - affaires de gens pressés, ce qui, dans les domaines de la pensée, signe assez inévitablement les idéologues - pas les esprits attelés à comprendre réellement ce qu'il en est.
Mais il n'y a pas de rapport particulier entre la formation de psychanalyste et la qualité d'un soignant. Il y a pleins d'autres écoles et savoirs-faire cliniques respectables.
Mê mê mê yé né prétends pas lé le contraire ! Nulle part je ne prétend la psychanalyse discipline reine, ou que les autres écoles doivent être méprisées, bien au contraire ! C'est bien parce que mon dernier psy avait dans sa palette plusieurs formation qu'il a été en mesure en un temps record de me mettre sur une orbite de mieux-être.
Les TCC ne consistent tout de même pas à expliquer au patient le fonctionnement de son cerveau, mais proposent plutôt un découpage et un suivi du fonctionnement psychologique du patient et de ses troubles, en vue de le soigner.
En effet :) C'est bien ce que j'entendais en parlant maladroitement de "mon" fonctionnement cérébral - j'aurais dû dire "fonctionnement de mon esprit". Brrrr, cette notion de découpage rationnel me hérisse - même si elle peut être utile à pleins.
L'avantage étant que le thérapeute ne se lance pas dans des interprétations risqués sur la vie du patient. D'autant que ces interprétations se basent sur des théories controversées.
C'est que tu ne sais pas ce que c'est qu'une interprétation - navré de le dire brutalement. Ce n'est pas une vérité. Ce n'est pas une théorie sur la vie du patient. Sinon, faut changer de psy (ce que j'ai fait une fois, précisément pour cette raison) : c'est pas un psychanalyste. C'est en revanche une parole qui a sur celui qui la reçoit l'effet d'une vérité et qui du coup ouvre un pan entier du psychisme qui était jusque là totalement bloqué. Une vraie interprétation, ce n'est pas ta mère désirait ceci, ton père étai cela. Ca, ce ne sont que des théories, sans aucun intérêt en soi. Une vraie interprétation, ça libère. Totalement. Et durablement. Parce qu'elle est reçue par celui à qui lle est adressée. Sinon ne n'est pas une interprétation.
Raison de plus dans une TCC, de ne considérer que le strict nécessaire chez le patient.
Raison que je ne peux guère partager - elle ne colle pas avec ce que j'ai vécu. Je ne pense pas non plus que les TCC aient besoin de ce genre d'argument pour se justifier.

En revanche on peut dire oui, qu'elles conviennent bien à des patients qui peuvent avoir du mal, ou ne pas avoir l'envie d'engager trop de leur vie intime, ça oui. Mais tous les patients ne sont pas comme cela - et je ne suis pas comme cela : quand je me lance dans une thérapie, ce n'est pas à moitié.
Et généralement même si elles ne soignent que les symptômes, ceux ci ne répliquent sous aucune forme. En principe, des patients qui généralement font la démarche d'aller chez un thérapeute pour se voir soigner leurs troubles se voient satisfait. Autrement, je trouve bizarre d'aller chez un psychologue pour apprendre à se connaitre sur la base de la psychanalyse. :p
Que tu le trouves bizarre n'est pas sans poids, mais n'a pas d'incidence que la valeur pour d'autres de leur propres démarches. Sauf à avoir une forte envie de normalisation - et donc de réduction de l'offre.

Ton "en principe" et ton "généralement" me choquent, mais on rejoint bien ce dont il était question plus haut : je me concentre sur tous les cas, tu te concentres sur la majorité. C'est sans doute que très souvent la majorité m'emm... nuie :) et moutonne, moins bien que les nuages, en plus :) . Et que j'apprécie, valorise et ai une affinité avec la bizarrerie. Et que, faiblesse ?, je pense que les gens "bizarres" ont aussi droit d'avoir accès à une thérapie :) .

Je suis un peu vif, pour marquer le trait. Ne pas le prendre mal. C'est surtout pour savoir si mon analyse à la tronçonneuse (majorité/exceptions) te parle ou pas - c'est important de savoir envers quoi nous sommes intimement engagés, ça a des influences sur les thèses que nous soutenons.

D'ailleurs, la psychanalyse est-elle nécessaire pour la connaissance de
soi ?
Ooooh ! Vilain garçon ! Ça c'est que de la rhétorique pas très dense :D Rien n'est nécessaire pour la connaissance de soi que le monde dans lequel on vit et qui comprends la psychanalyse et les TCC. La vraie question aurait été : la psychanalyse peut-elle avoir une utilité pour les gens qui sont en recherche (vis-à-vis) d'eux-même. La réponse est : "parfois". Mais il y a mieux. Même si la psychanalyse ça peut aider.
(Évidemment je ne veux pas non plus dire que les TCC sont toutes puissantes, et même si leur côté "dressage" peut effrayer, ce n'est pas non plus de la torture...)
Ben peut-être que tu acceptes plus facilement que moi d'être dressé. Mais j'ai appris avec le temps que j'étais assez réticent au dressage :lol: et lui préfère des voies plus organiques, où je découvrais peu à peu le bon geste par moi-même, à partir d'une grammaire qu'on me faisait le don de me laisser "apprendre".


Encore une fois - je l'ai déjà dit :) je ne conchie pas du tout les TCC. Très très loin de moi l'idée. Je conchie la guerre de tranchées. Et je ne suis pas même sûr que ce soient les TCC qui ont commencé à tirer en premier :)

Il faudra se demander aussi à quoi ressemble une civilisation qui n'accepterait que la psychanalyse comme psychothérapie et une civilisation qui n'accepterait que les TCC. Je suis troublé, je l'avoue, par la conjonction d'un nouvel humanisme matérialiste rationaliste inspiré des Lumières - et aussi militant, et donc en partie aveugle qu'elles - avec l'essort de thérapies styles TCC. Je ne dis pas que c'est mal, bien au contraire. Les Lumières, c'est un moment superbe de l'histoire de l'Occident, et plein de bonnes choses en sortent. Et bien des plus désagréables aussi y trouvent racine - je ne suis pas un nostalgique des Lumières - de façon générale, je ne suis pas un nostalgique, je suis trop de mon temps et de ma culture pour ça - culture plurielle, articulée, accueillante, exigeante aussi : son image est bien plus le réseau complexe que la clarté limpide mais éphémère ( :mrgreen: ) d'une nouvelle aube.
lestump
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Message par lestump »

:shock: :chaipas: :blink: :dors:

en tout cas vous quand vous allez voir un psy c'est pour le psychanaliser lui ???

en tout cas je sors rapidement de ce débat qui n'est pas de mon niveau..
Loving-Life
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Message par Loving-Life »

Discussion intéressante en tout cas =) Je ne sais pas ce que ça donne à l'oral, mais quelle rhétorique Kliban ! =o

Personnellement j'aurais du mal à me prononcer ne sachant presque rien sur les TCC et pas tellement sur la psychanalyse.
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michka
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Message par michka »

Pas encore pris le temps de lire. J'espère bien trouver le courage de le faire. Le terme TCC est il défini quelque part ?

Au passage, merci à tous les 2 (et d'autres aussi, ailleurs) de me donner l'occasion de faire remuer mes neurones :)

Edith : J'ai lu. Un peu. J'aurais besoin d'autres définitions : tout d'abord celle de "sciences cognitives", puis "pan-sexualisme". Et dans une des citations il y a écrit "nie les nie". Faute de frappe ou tournure rare ?
Kliban, je ne comprends pas bien ton passage sur l'interprétation. Tu la décris majoritairement par ce qu'elle n'est pas et par ses effets, et non par son essence. Aurais-tu la gentillesse de détailler ou de reformuler ?
Dernière modification par michka le mer. août 26, 2009 4:33 pm, modifié 2 fois.
Miss Hada
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Message par Miss Hada »

thérapie cognitivo comportementale












Ma "contribution" au topic: la psychanalyse ça pue, c'est fait pour rapporter du fric aux psy pendant 20 ans pour des résultats probants pour 10% des cas (en étant sympa pour les arrondis !!) :twisted: (Cf étude Inserm retirée du net suite au tollé du lobby des psys)

Par contre les TCC par leur efficacité attirent un monde fou :
  • qui veut se faire du blé (en prétendant en faire et en ne faisant rien de bien sérieux) car pas/peu de diplôme(s) contrôlés et reconnus
  • et également les sectes pour laver le cerveau et conséquemment le portefeuille...
OFF-Topic :
Lestump, tu m'a bien fait rire surtout dans la 1ère version "smilies only" de ton message... :lol:
Gil
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Message par Gil »

la psychanalyse...
Sincèrement, je trouve que c'est une belle arnaque. Ce n'est que mon opinion personnelle mais tirée d'un certain vécu.

Par contre la thérapie cognitivo comportementale, je ne connais pas.

Cela dit, toutes ces thérapies sont à prendre à petites doses au risque de devenir assisté ou perpétuellement dans le discours. Il y a un risque de ne plus être acteur de sa vie. On porte tous des casseroles, on les connaît parfois, parfois non. Mais les remuer longuement n'avance pas à grand chose selon moi. Je connais certaines personnes qui en sont à une dizaine d'années de psy, et pour quels résultats...? Vivre, c'est la meilleure manière de soigner (ou pas, pourquoi vouloir les soigner? Elles nous font avancer aussi) ses névroses dont on est tous pétris.

Personnellement, le discours sur soi, c'est ce qui m'a fait fuir quand je suis allée voir un psy (2 fois dans ma vie alors que la situation était relativement sismique). J'ai vidé mon sac, tenté de trouver quelques clés.
Je me souviens d'un thérapeute que je suis allée voir après une année extrême. Au bout de 3 séances, j'avais vidé mon sac, soulagée. Quand je lui ai annoncé que c'était terminé, que j'avais besoin de rebondir (histoire de reprendre ma vie en main). Il m'a dit "mais, vous n'allez pas partir comme ça, je baisse les tarifs si vous voulez"... super... En même temps, l'année avait si étrange que ç'avait du le changer de ses autres patients...
Kliban
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Message par Kliban »

:) lestump :)

Aucun intérêt de soigner son psy. Mais le tester, ça oui. :lol: Cela dit, je le répète, les théories que l'on se fait sur soi n'ont pas d'intérêt. Seules comptent les interprétations (voir dans le premier post : une interprétation n'est pas une vérité scientifique, c'est une parole qui fait mouche et révèle quelque chose sur soi qui est de l'ordre de l'émotion/du désir - je sais, pour ma part, quand des mots sont porteur d'une interprétation : c'est comme si je recevais un coup de poing dans le ventre.).



Quand on va voir un psy, les expériences sont terriblement variables d'un individu à l'autre.

- il y a ceux/celles qui n'iront jamais - pour des raisons diverses : "je ne suis pas fou/folle" vous savez à "tous des arnaqueurs" en passant par "de toute façon, ça ne sert à rien", "pourquoi vouloir se priver de ce qui nous fait avancer" ou "de toute façon moi, j'en ai pas besoin, je fais de la peinture/de la musique/des poèmes", etc. ?

On voit bien : même là, c'est varié. Les esprits forts, qui n'ont besoin de personne en Harley Davidson, n'ont pas grand chose en commun avec les ceusses qui cultivent leur souffrance/mal être comme un aiguilon pour créer/se singulariser - même si parfois on peut rencontrer les deux dans une même personne.

- il y a ceux/celles qui n'ont besoin que d'un coup de balais vite passé. Trouver une oreille neutre, supposée détentrice d'un savoir qui la rend au moins réceptive au difficultés intérieures qu'on peut rencontrer, et pouvoir causer. Et de remettre ses idées et ses émotions en place en causant à quelqu'un - c'est parfois plus efficace que de s'épancher sur son journal intime.

Thérapies ultra-brèves, dans lequel le psy n'a pas grand chose à faire : il est juste un support.

- il y a ceux/celles qui veulent se débarrasser d'un symptôme : une phobie, un TOC, une timidité résistante aux exhortation coup-de-pied-au-cultiste des amis ;) , une inertie, etc.

En général, faudrait que ce soit court, genre entretien de pédalier de vélo. On n'est pas prêt à y passer beaucoup de temps, et on considère le psy comme un médecin, qui doit effectuer un diagnostic, prodiguer un soin, et faire disparaître le vilain bouton psychique, quitte à ce qu'on y mette un peu du sien - mais pas trop. Évidemment, ça peut évoluer en fonction de la thérapie et du goût qu'on peut y prendre.

- il y a les cas graves, qui, selon nos normes en vigueur, relèvent de la psychiatrie ou de la neurologie : psychotiques, bipolaires, paranoïaques aigués, autistes, cérébrolésés, etc.

Là, je passe, c'est très particulier comme population, ça demande souvent - pas toujours - des traitements médicamenteux, parfois une prise en charge dans des institutions spécialisés, souvent une adaptation du cadre de vie, et un accompagnement spécialisé qui peut relever de plusieurs disciplines thérapeutiques (et plusieurs méthodes/courants à l'intérieur de ces disciplines).

- il y a ceux/celles qui viennent pour trouver non pas la guérison d'un symptôme, mais la santé. Je fais partie de ceux-là. Là, on a des symptômes qui vont du mal être existentiel tenace - névrose cachant souvent un état dépressif plus ou moins décompensé (ça veut dire "manifeste, visible, avéré") - à des trucs plus lisibles. Mais le symptôme n'est pas ce qui importe. Ce qui importe, c'est ce qu'on va découvrir en court de thérapie.

Là, on ne cherche pas d'abord l'effacement du symptôme. On cherche une évolution globale de la personnalité, qui soit plus conforme à l'idée qu'on se fait d'être bien avec soi-même. Et on est prêt à y consacrer un paquet de temps - et d'argent... Le symptôme n'est que la motivation première. Puis on se rend vite compte qu'il peut être question de bien autre chose que l'ablation d'un bouton qui gratte. Que, si on le souhaite, ce peut être plus engageant, et mener plus loin - que la santé est ailleurs que là où on le pensait. Alors on s'investit.


Je ne dis pas du tout que l'une de ces population est meilleure qu'une autre. Chacun, face à l'offre de thérapie, fait comme il le sent bon pour lui ou elle.

Je ne puis que témoigner de la réussite de mon processus thérapeutique - et de ce que certaines des phases réussies de ce processus ont été le fait de psychanalystes. Je ne suis donc pas prêt à entendre l'argument qui dit que X est en thérapie depuis 10 ans et que le résultat est nul : ma thérapie a mis 5 ans pour me mettre sur une orbite d'existence qui soit enfin satisfaisante, et je lui en suis reconnaissante.

La question éthique qui se pose - et qui est en partie celle qui nous sépare Etapiscium et moi-même - est de savoir si l'on doit rejeter une thérapie P parce qu'elle soigne mal beaucoup de gens mais très bien un petit nombre qui ne trouveraient pas leur compte par ailleurs, ou si on peut accorder à P un intérêt, certes limité, mais réel.

Je pense qu'il y a des précautions (et pas qu'un peu) à prendre quand on veut aller voir un psy quel qu'il soit. Le risque de dépendance, déjà évoqué, est réel. Et l'artisanat des psychanalyste engendre aussi des charlatans. Et je n'irais pas voir un praticien des TCC pour lui demander de me faire "aller mieux" : j'étais incapable de mettre le moindre nom et la moindre description fixe sur mes symptômes il y a 10 ans - et aucun thérapeute, jusqu'à aujourd'hui compris n'a réussi ne serait-ce qu'à me faire tenir un journal de bord - j'ai à ce sujet une répugnance extrême.

Je pense qu'il faut d'abord chercher à s'orienter dans la constellation des psychothérapie, pour choisir un truc qui corresponde à sa souffrance et à ce qu'on est prêt à tenter. Ensuite, les recommandations des amis sont à prendre au sérieux - untel/unetelle est bien/nul-le.


Enfin, je demanderais bien aux allergiques aux psychothérapies ce qu'ils conseillent aux personnes qui souhaiteraient se débarrasser d'une souffrance/une désorientation profonde/un mal-être intérieur persistant - j'insiste : si c'est passager et pas trop paroxystique, il y a des tas de choses autres que les psy pour y remédier.
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michka
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Message par michka »

Kliban a écrit :Seules comptent les interprétations (voir dans le premier post : une interprétation n'est pas une vérité scientifique, c'est une parole qui fait mouche et révèle quelque chose sur soi qui est de l'ordre de l'émotion/du désir - je sais, pour ma part, quand des mots sont porteur d'une interprétation : c'est comme si je recevais un coup de poing dans le ventre.).
Kliban, j'ai sans doute édité mon premier post après que tu as écris ceci. Ta reformulation de l'interprétation m'éclaire un peu plus, mais j'aimerais en tenter une moi-même pour voir si j'ai bien compris.
C'est une parole qui contient une hypothèse sur ce que l'on est, et qui nous touche, qu'elle soit vérité ou au contraire, non. Je mets volontairement de côté "qui est de l'ordre de l'émotion/ du désir" parce que je ne saisis pas du tout, là. Mais peut être ne contient elle pas directement l'hypothèse et il faurait alors l'interpréter pour qu'elle puisse nous être utile ?

Bref, j'ai du mal à cerner le contenu de cette interprétation comme tu l'entends. Et ça m'intéresse de savoir, puisqu'il semble que ce soit ça le "principe actif" de la psychanalyse. :wink:
fanathyk
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Message par fanathyk »

Kliban a écrit :je sais, pour ma part, quand des mots sont porteur d'une interprétation : c'est comme si je recevais un coup de poing dans le ventre.
Là. Ça m'a parlé, je fonctionne de la même manière. Et mes coups de poings dans le ventre sont toujours donnés par... ma prof de philo. Pas besoin d'aller voir un psy, je vais voir ma prof de philo, ça me suffit. Ou bien le prêtre de mon lycée (qui est bouddhiste soi dit en passant, donc bon je l'aime bien).

Sinon les psys... Je trouve ça inutile. La moindre chose qu'ils me disent (à moi ou d'autres) je trouve ça prétexte à s'épancher pour dire des généralités qui s'appliquent à tous, mais au cas par cas et avec des nuances. Ce qui devient ridicule tout de même. "Alors... On dessine aujourd'hui?" "Pervers."

Et les TCC je ne connais pas. Grand bien me fasse.
Miss Hada
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Message par Miss Hada »

grosso modo pour aller mieux tout de suite et pour qq chose de psychiatriquement bénin et humainement identifié les TCC c'est le bien

pour les trucs trancendentaux, la psychanalyse et la philosophie sont mieux et j'ai une préférence pour la philo... mes cotés radin et non-masochistes de la tete y étant pour beaucoup...

de plus l'étude retiré suite à tollé des psychanalistes disait exactement cela, puisque la psychanalyse ne fonctionnait que sur très longue durée et pour les troubles dits borderline (le mot voulant dire en psychiatrie : sac dans lequel ont met tous les trucs non identifié de part et d'autre)

dans ce contexte, il parait crétin d'opposer les deux... c'est simplement la prétention de la psychanalyse à TOUT guérir qui pose problème

qd aux TCC pour avoir un PQ attestant de ma compétence dans ce domaine, pour autant que je sache, il s'agit simplement d'identifier le Pb, de vérifier les effets de bord, d'appliquer la technique idoine, de vérifier que ça marche (ou pas) et de dire aurevoir

ceux qui se réclamant de TCC et prétendant tout guérir sont des charlatans...
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