De ces amis dont je m'éloigne...

Un de vos proches est homo, bi,trans ? Vous êtes homo, bi, trans, et les relations avec votre famille vous posent questions ? Cette section vous est dédiée.
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Modulo
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De ces amis dont je m'éloigne...

Message par Modulo »

Dieu seul sait combien j'ai énormément de mal à raconter ma vie, mais bon, parfois, les questions sont là, et je ne peux pas y répondre tout seul, donc... Mise à nu. C'est difficile, mais essayons.

Pour les présentations avec ceux qui ne me connaissent pas : Dryss, joyeux banlieusard de Paris, 22 printemps à mon actif.

Reprenons dans mes années lycées, pour moi parmi les meilleures années de ma vie. 3 années absolument géniales, où j'ai lié une profonde amitié avec plusieurs personnes, notamment trois, appelons les D, P, L.

Le lycée passe, la prépa arrive, mais ma deuxième année s'achève assez bizarrement : je tombe gravement malade, ce qui me force à quitter la prépa avant la fin.

Je passe à ce moment là plus de trois mois à l'hôpital (dont deux seulement pendant lesquels j'étais conscient), je navigue dans des eaux dangereuses, entre les perf, les PL, les ECG et l'éther, mais bon, grande chance, verdict des médecins : "Vous êtes un miraculé".

Je me suis souvent demandé comment j'ai pu sortir de l'état dans lequel j'étais, et j'ai trouvé une réponse simple mais évidente : mes amis. Tous les jours, et je dis bien tous les jours pendant les trois mois d'hospitalisation, ils sont venus me voir. P, L, D, Lucie, Grand mère, Jo Sophie, et bien d'autres encore. Jamais un jour sans voir personne, même quand je pouvais pas leur répondre, qu'ils me voyaient dans un piteux état.

Je le dis simplement, mes amis m'ont sauvé la vie. Cette maladie, et surtout ma guérison, m'ont fait énormément murir, comme on peut s'en douter. Et peut être un peu trop justement.

Ça fait deux ans maintenant que je suis sorti de l'hosto, et deux ans que j'ai l'impression de m'éloigner de mes amis. De ne plus comprendre leurs délires, de les trouver... gamins ? L qui parle toujours de ses histoires de sexe, même lorsque P fête son anniversaire et que nous sommes à table avec ses parents, D. qui ne sort pas de son monde de jeux vidéos... les exemples sont à foison.

J'ai aussi l'impression d'avoir subi pas mal d'épreuves qu'eux même ne vivront jamais, de m'être posé des questions qu'il ne se poseront jamais (notamment vis à vis de mon homosexualité), et donc d'évoluer dans un monde complètement différent du leur. Et ça m'emmerde terriblement.

Alors je me pose la question, y a t il quelqu'un à qui se genre de situation est déjà arrivé ? Je veux dire, qu'il a déjà eu l'impression de se défaire de ses amis alors que pourtant il leur doit beaucoup ? Et pour moi, faut il que je m'éloigne d'eux ou au contraire que j'arrête de me surestimer et redescendre sur Terre ?
anonymeB

Message par anonymeB »

Etapiscium a écrit : Pour autant, j'ai appris à respecter leur personnalité, et à ne plus me considérer comme référence. A chaque personne son rythme de maturité, ses expériences, ses intérêts, ses questionnements... Certes, cela réduit les affinités, mais cela n'empêche pas des rapprochements sur d'autres points, par les épreuves, les plaisirs partagés, les échanges sur ces divergences de personnalité, les projets à construire ensemble...
Voilà, pareil, +1.

Mes potes sont complètement différents de moi à tout plein de niveaux: ils n'ont jamais été au lycée, j'ai un Master, ils passent leur temps à jouer aux jeux-vidéos, à picoler et à fumer des joints, moi je me suis sacrément calmé à ce niveau, ils sont du genre à réagir comme des bourrins sans réfléchir, moi je suis froid, calculateur et toujours dans mes réflexions.

Mais ça créé une cohésion: on me considère comme l'ordinateur du groupe, celui qui sait toujours tout, celui qui peut résoudre tout les problèmes. Eux m'apportent autre chose. Je ne dis pas que je ne m'entendrais pas au sein d'un groupe de gens comme moi, bien au contraire, mais ça ne serait peut-être pas pareil. En plus, il m'est déjà arrivé d'être touché par la simplicité et l'évidence de certaines réflexions de mes potes "gamins", et atterré par la stupidité condescendante des pensées de certains de mes potes "adultes".

Quand à cette histoire de maturité, essaie de regarder les choses sous un autre angle. C'est souvent cela qui pose problème, parce qu'il existe une "norme" dans la maturité, celle du plus grand nombre, comme d'habitude. Et comme toutes les normes, je ne suis pas sûr que ça soit une bonne chose. Exemple: parler de sexe naturellement et sans gène, ça peut être vu comme une preuve de maturité. Idem pour les jeux-vidéos: c'est devenu un art au même titre que la musique ou le cinéma, et pourtant, je suis sûr que si ton pote était passionné de musique, tu ne le verrais pas de la même manière.
Darkel
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Message par Darkel »

Nos amis n'ont pas besoin d'être comme nous, au contraire, ce serait ennuyeux. Au sein d'un groupe, l'essentiel c'est la complémentarité des uns et des autres. Cet été je suis parti deux semaines avec 3 potes. On s'est rendu compte que nos attentes, nos envies, n'étaient plus les mêmes. Certains sont plus posés, d'autres plus "fous" etc... mais chacun a sa place.

Tu te poses pê trop de questions. C'est sûr que tu as pê grandi plus vite qu'eux, mais ils finiront bien par grandir aussi. Et puis si tu ne les supportais plus tu ne te prendrais pas autant la tête. :wink:
Rusalka
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Message par Rusalka »

Pas grand chose à dire de plus, les remarques précédentes sont très pertinentes !
Il y a toujours des moments de décalage avec les gens dont on est proche, je pense que ça fait partie de l'évolution. Mais justement, en assimilant ce décalage comme tel, la relation n'en sort que meilleure. Non ?

:copain:
Moooooog

Message par Moooooog »

Je me range aussi du côté des réponses qui ont jusque là été postée.

J'ai toutefois une question, que tu n'abordes pas dans ton message : tes amis sont-ils homo ? savent-ils que tu es homo ? évoquez vous vos attentes respectives en matière de sentiments et sexualité, avec une volonté de compréhension mutuelle ?

Se retrouver avec des amis homo pour se sentir très à l'aise sur certains sujets peut devenir une nécessité sociale et affective. Du coup on peut avoir l'impression de prendre un chemin différent de ses amis de longue date. L'essentiel est d'en prendre conscience pour mieux définir ce qui t'uni à ces amis et le cultiver ; combler ces attentes qui ne seront pas satisfaites dans d'autres cercles d'amis, qui d'ailleurs pourront peut-être se croiser et s'enrichir par ton intermédiaire.
Sorya
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Message par Sorya »

Mon avis diffère de ceux d'au dessus, dans un sens^^

J'ai été un peu dans la même situation que toi. Dans le sens que quand mon père est tombé malade, j'ai été propulsée dans l'age adulte et j'ai du m'occuper de truc qu'une fille de 16 ans ne devrait pas avoir à faire.

Et puis les voir parler des derniers potins et de qui avait couché avec qui et du dernier sac-que-oh-comment-il-est-magnifique (je force le trait) ca me paraissait... je sais pas, puérile? Loin de ce que j'étais, en tout cas. Même si ils cherchaient à m'aider, je me suis peu à peu éloignée d'eux

Et puis le bac est arrivé, les vacances, le démmenagement dans une autre ville... j'ai un peu relativisé, mais j'ai perdu tout contact avec mes potes de lycée. Je suis donc pas un exemple, mais au moins saches que t'es pas tout seul à avoir vécu ça.

Maintenant j'ai compris quelque chose. Quoi qu'il aie pu t'arriver dans la vie, il faut pas se couper des autres pour ça. Et garder un coté gamin malgré toutes les épreuves, c'est la chose la plus belle qui soit. Garder son âme d'enfant, comme on dit. Et tes amis qui se perdent dans les jeux videos, qui font des conneries et racontent des choses puériles, ils te rappellent qu'il faut pas toujours être sérieux dans la vie. Ca vaut pas le coup sinon. Je vois ca avec les potes que je me suis fait apres, que j'ai maintenant.

Je sais pas, je suis surement à coté de la plaque, désolée '^^
Zünisch
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Message par Zünisch »

Sorya a écrit :Maintenant j'ai compris quelque chose. Quoi qu'il aie pu t'arriver dans la vie, il faut pas se couper des autres pour ça. Et garder un coté gamin malgré toutes les épreuves, c'est la chose la plus belle qui soit. Garder son âme d'enfant, comme on dit. Et tes amis qui se perdent dans les jeux videos, qui font des conneries et racontent des choses puériles, ils te rappellent qu'il faut pas toujours être sérieux dans la vie. Ca vaut pas le coup sinon. Je vois ca avec les potes que je me suis fait apres, que j'ai maintenant.
Je suis assez d'accord. :)

Tu as un décalage avec tes amis sur les sujets de fond, comme le rapport à la mort par exemple. Et peut être que ces amis là ne t'apportent pas ce qu'il te faut d'un point de vu intellectuel. Mais l'amitié n'a pas forcément besoin de cette connivence là pour exister. Qu'ils ne soient pas matures dans leur tête n'empèche pas de passer des bons moments. Et dans ces cas là, il ne faut pas non plus oublier d'élargir son cercle d'amis, même si ça veut dire voir les autres un peu moins souvent. Et puis, peut être faut il que tu reconsidères ton amitié avec ces gens là. Elle n'est pas moins forte mais à évolué dans une autre direction. ( Ce qui me paraît normal quand on évolue aussi dans sa vie. ) :wink:

Ce que je dis n'est vraiment pas clair. :o
Angèle 75
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Message par Angèle 75 »

Je UP ce topic que je viens de lire, car il n'y a que deux jours que je suis parmi vous.

J'ai l'âge d'être ta Maman, ce n'est pas cela qui fait que je te comprends.

Toute petite j'ai eu de très gros problèmes de santé (de 3 à 13 ans), ce qui a fait que je n'étais jamais au même endroit. Un exemple : je n'ai jamais fait une année scolaire, sauf le CM2 à 8 ans, puis le collège ensuite, avec deux ans d'avance, et re-belote, maladie grave, etc.... Ce qui ne m'a pas empêché de faire des études de secrétariat qui étaient finies j'avais pas 17 ans. (études sérieuses sur 4 ans : pas les cours Pigier en 6 mois lol !)

Tout ceci donne une maturité que d'autres personnes n'ayant pas eu ces problèmes n'ont pas.
Nous voyons souvent des exemples à la télé d'enfants très malades et qui ont la maturité d'adultes (et encore, certains adultes ne seront jamais matures).
Nous avons tous le droit de changer de centres d'intérêt : pendant ton hospitalisation, tu as grandement muri, une évolution s'est faite malgré toi. Tu es la même personne, mais tu n'es plus le même.

Bonne continuation à toi.
Harmony
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Message par Harmony »

Contente de voir que tu reviens de loin et je sais de quoi je parles car je bosse en réanimation !

Comme l'écrit si bien Angèle 75

Si tu t'éloigne d'eux, c'est peut être tout simplement dû au fait que la pathologie qui a faillit t'emporter t'as fait mûrir plus vite et que tu n'as plus la même vision de la vie et des choses de la vie, alors qu'eux évoluent beaucoup moins vite.

En tout cas bravo et bonne continuation ! :wink:
yellowfaith
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Message par yellowfaith »

:gentil:
:snif:

Vous les copains je ne vous oublierais jamais,
bidou wa bidi bidouwa bidibidou
Toute la vie nous resterons des amis
bidou wa bidi bidouwa bidibidou

Moi c'est un peu pareil
:ninja:

Sauf, que c'est l'inverse.
J'ai l'impression de passer pour une gamine, alors qu'eux pêtent un peu haut. Enfin je suis méchante, je suis juste pas en phase.


Edit: comme je suis dans ton cas je vais témoigner un peu.

Même histoire que toi :
lycée puis bac-prépa. Puis je tombe très malade, D'hopital en hopital (psychiatrique ou jeune à problèmes...).
Pendant ce temps 3 amies en tout et pour tout garde contact ne serait ce qu'un infime contact avec moi.
Puis 2.

Puis sur les deux une est plus présente.
J'ai même finit par croire que j'étais ammoureuse d'elle, alors qu'à la base j'aimais l'autre. M'enfin c'est pas le sujet.
Elle m'a permis de pas plonnnnnger, de pas craquer trop, de garder un lien avec le monde.

Au fur et à mesure je vais un peu mieux, je retrouve de l'autonomie.

Puis, je revois mes amis (hors de chez moi) : là le choc c'était science-fiction.
Ca faisait que 2 ans mais ils étaient déjà gênés, savaient pas comment m'aborder, et avaient continué leur vies, pour moi elle s'était arrêté.

Puis merde alors :roll: je retombe malade, cette fois un cancer : la chance ça ne dur qu'un an.
Bon c'était le coup de trop, là bonne surprise je revois une amie au début de la maladie je craque encore une fois devant elle.

Bon finalement entre les médocs qui rendent irritable, les dépressions et les traumas j'ai fais fuir tout le monde.

Tant pis...j'essaie de voir le bon côté des chose : ça me fait une nouvelle raison pour me plaindre, mais à qui ?

Nouveau drâme je perd ma maman.
...Bah, je suis pas plus mature pour autant, par contre je peux être aigris maintenant, je suporte pas les plaintes des autres qui me parraissent futiles.


Je suis devennue une vrai horreur, je vous assure mieux ne vaut pas être mon amie, mais j'essaie de garder un peu la face.
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