Bonsoir,
je viens de regarder un reportage sur les enfants transgenres, chaque fois que j'en visionne un, j'en suis retournée.
Pour ma part, étant enfant je me faisais appeler par un prénom de garçon, mais je n'ai jamais cherché plus loin, j'ai eu ma puberté de fille donc, j'en suis une, certes.
Mais je ne sais pas, là depuis que je me coupe les cheveux bien courts, je me sens mieux, chaque fois que l'on me dit que je ressemble à un garçon, j'ai limite envie de dire "merci".
Pour mon anniversaire, j'ai organisé une soirée déguisée, j'ai choisi de m'habiller en homme. L'illusion était parfaite. Et le plus fort, c'est que je ne me suis jamais sentie aussi bien que ce soir là. J'ai réitéré l'expérience pour une autre soirée cet été, et là encore l'illusion était parfaite. Je me sens bien lorsque l'on m'appelle "monsieur", qu'on me confond avec un homme, j'aime jouer de ça.
Vous me direz : quel est le souci?
Le souci est que j'ai du mal à savoir qui je suis. Je ne voudrais pas faire d'ablation des seins ou me faire retirer mes organes de reproduction mais quelque chose me titille. Je me sens homme et femme en même temps. J'aime semer le trouble dans l'esprit des gens, en mode "mais est ce un homme ou une femme?" ce n'est pas pour faire "genre", mais vraiment parce que je suis Moi comme ça.
Qu'en pensez vous? Je suis désolée s'il existe un sujet similaire je ne peux pas trop en parler dans mon entourage, les gens ne comprendraient pas vraiment et je ne veux pas "effrayer"...
Je vois pas où est le souci tant que tu n'est pas mal dans ton corps et que tu ne ressens pas la nécessité d'une opération, vis ta vie, joue des codes, défnis toi comme tu veux tout le monde n'est pas obligé de rentrer dans les petites cases "homme" "femme" avec le pack de stéréotypes qui vont avec.
J'ai un peu le même problème. J'ai jamais été féminine, je me sens pas à l'aise avec un look trop féminin, sans pour autant vouloir devenir un homme. Quand les gens me prennent pour un mec, je suis assez fière de les duper ou de "semer le trouble dans leur esprit" comme tu disais. Et en même temps je me sens mal à l'aise quand un mec me dit "oh, pardon, j'ai cru que t'étais un garçon" après m'avoir serré la main plutôt que fait la bise...
Imaginary a écrit :Je vois pas où est le souci tant que tu n'est pas mal dans ton corps et que tu ne ressens pas la nécessité d'une opération, vis ta vie, joue des codes, défnis toi comme tu veux tout le monde n'est pas obligé de rentrer dans les petites cases "homme" "femme" avec le pack de stéréotypes qui vont avec.
Mais malheureusement les gens vont tout faire pour te mettre dans une case malgré toi... On peut choisir d'y résister, mais c'est pas si facile quand les gens te font à longeur de journée des suggestions pour être plus féminine, ou des remarques sur ta façon d'être et de t'habiller. Plein de détails qui font que les codes nous sont sans cesse rappelés si on s'y plie pas, et ça peut être fatiguant d'y résister.
girlsdontcry a écrit :J'ai un peu le même problème. J'ai jamais été féminine, je me sens pas à l'aise avec un look trop féminin, sans pour autant vouloir devenir un homme. Quand les gens me prennent pour un mec, je suis assez fière de les duper ou de "semer le trouble dans leur esprit" comme tu disais. Et en même temps je me sens mal à l'aise quand un mec me dit "oh, pardon, j'ai cru que t'étais un garçon" après m'avoir serré la main plutôt que fait la bise...
C'est exactement ça girlsdontcry, mot pour mot!
Dernière modification par Crevett le jeu. oct. 14, 2010 12:47 am, modifié 1 fois.
popy a écrit :Faut pas faire attention aux autres alors :p
ouais, du moins pas à ce genre de remarques. C'est justement ce que je dis, mais ne pas y faire attention est un "travail de résistance" et c'est pas si facile. Parce que nos amis/famille peuvent bien s'habituer à cette résistance et finir par nous accepter comme on est, mais dans la vie on rencontre toujours des gens nouveaux, on interagit avec des inconnus, et eux continueront à faire pression sur nous pour ce genre de choses. Ca peut paraître minime, mais chaque remarque aussi petite soit-elle (additionnée aux autres) nous rappelle qu'on est pas dans la norme. Quels choix on a ?
Entrer dans la norme, devenir plus féminine, mais ne pas se sentir "soi-même"
Assumer pleinenement, résister en militant, mais être rejeté par une partie des gens
Entre les deux, résister passivement, c'est un peu ma manière de faire
Je comprend pas pourquoi vous vous souciez autant que ce que pensent des gens totalement cons et bornés. C'est soit le je m'en foutisme soit mettre des jupes, donc choisissez.
Heu là on s'éloigne un peu. Enfin, parfois ça me met mal à l'aise que l'on me confonde, car c'est un peu péjoratif (suivant les gens). Après, je m'en tamponne de ce qu'on peut penser. Changer ma nature ne rimera à rien, je ne vois même pas pourquoi je changerai, puisque c'est encore plus que juste s'habiller en chemise/costard/pantalon et avoir les cheveux très courts. C'est pas un "style", un look lesbien. (je dis ça par rapport aux "styles" (butch, androgyne, lipstick and co :p))
Bref, ma question enfait n'en était pas une, je ne me sens pas mal, je me posais juste des questions. Se sentir homme & femme à la fois, enfin je ne saurai pas exprimer ma pensée exacte. Ce n'est pas grave, et il n'y a pas vraiment de réponse à apporter.
Ben tu vois Stelloo, je suis exactement comme toi. Quand j'étais môme j'avais une deuxième identité secrète, j'avais un prénom de garçon, et si j'étais sûre qu'on allait pas apprendre mon prénom de fille par hasard c'est sous ce prénom que je me présentais.
Dans ma tête j'étais ce garçon au cours de toutes mes rêveries, et même au quotidien au cours de mes jeux, j'oubliais souvent que j'étais une fille, et ça me faisait toujours tout drôle quand ça me revenait à l'esprit.
Pendant longtemps je me suis demandée ce que j'étais, et aujourd'hui encore j'ai du mal à me définir, j'ai l'impression d'appartenir à un troisième genre, pas fille, mais pas non plus garçon (et je dis fille et garçon, parce que je ne me sens clairement ni femme ni homme). Je me sens neutre. Ou à la fois l'un et l'autre, je ne suis même pas capable de savoir vraiment ce que je ressens.
Il n'y a pas très longtemps, alors que je racontais mon "parcours de lesbienne" je me suis aperçue d'une chose : à 5 ans je voulais me marier avec ma maîtresse d'école, mais je ne l'ai pas dit ouvertement autour de moi, il y a eu tout de suite une espèce de petit warning dans ma tête, et bien que je ne comprenne pas pourquoi toutes les petites filles de l'école disaient vouloir se marier avec un certain Giovanni qui était dans ma classe, alors que la maîtresse était décidément 1000 fois mieux, je l'ai toujours prudemment bouclée à ce sujet.
Est-ce que c'est parce qu'on avait déjà ancré profondément en moi l'idée qu'un couple c'est un homme et une femme ? En tout cas j'ai toujours gardé ce rêve de mariage pour moi, et je crois que c'est à cette période que je me suis trouvé mon fameux prénom de garçon.
En m'entendant raconter tout ça dernièrement, j'en suis venue à me demander si cette espèce de troisième genre (ou double genre donc ?) auquel j'avais (et j'ai toujours) l'impression d'appartenir ne vient pas tout simplement du fait que c'était la seule réponse que j'ai trouvé à mon état amoureux à l'époque, puisque je ne savais pas qu'une femme pouvait être amoureuse d'une femme, ni un homme d'un autre homme, donc que j'aurais développé une espèce de truc me permettant de vivre les choses sans trop ressentir ce warning, et que peut-être je ne me serais posé aucune question si j'avais su ce que c'était qu'une lesbienne (je n'ai connu ce concept qu'à l'âge de 14 ans en tombant sur une émission de Mireille Dumas (!) traitant de ce sujet, et ça a été le grand soulagement parce que je me croyais seule sur terre à ressentir de l'attirance pour d'autres femmes, et je me demandais si je n'étais pas malade tout simplement).
Vers 11-12 ans, j'ai eu une pseudo période mystique et je me suis mise à croire en "dieu". Ben l'explication que je me suis trouvée à ce moment là, ça a été que "dieu" avait fait une erreur (oui, mon égo à l'époque allait déjà parfaitement bien, merci), et que j'étais un garçon qu'il avait par mégarde glissé dans l'enveloppe d'une fille. J'ai très très vite arrêté de croire en dieu, mais j'ai continué à me sentir in between, ou les deux encore une fois je ne saurai dire.
Depuis que je me suis posée ces question, curieusement, plusieurs personnes qui ne me voient pas très régulièrement et que j'ai recroisées m'ont affirmé qu'elles me trouvaient plus "féminine" ; au début j'ai cru que c'était une histoire de longueur de cheveux puisque j'ai enfin renoncé à l'utilisation de la tondeuse (!), mais après enquête non, il paraîtrait que ça tient à autre chose qui se dégagerait de moi, même si personne n'a réussi à être plus précis.
E si je n'arrive pas à expliquer en quoi c'est lié, j'ai tout de même l'impression que c'est depuis que j'ai soulevé le pourquoi je me suis construit une identité masculine que quelque part je me sens effectivement plus en paix avec mon identité féminine.
Je sais pas si je suis claire.
En tout cas très longtemps j'ai aimé cultivé l'ambiguité et j'ai aimé semer le doute sur mon genre, alors que maintenant je me vexe si on m'appelle monsieur. Mais au fond de moi, il reste toujours ce sentiment d'appartenir à un genre à part, et d'être complètement incomprise les fois où j'essaie de l'expliquer à mes congénères.
Ca choque toujours de m'entendre dire "je ne suis pas une femme" ; et ça me choque quand on me réponds "ben alors t'es un homme?
Je ne suis ni l'un ni l'autre, et ça ne me dérange pas de me sentir ainsi, même si j'aimerais qu'un terme existe, parce que là je ne peux me définir que par défaut. (et pitié qu'on m'épargne les "mais pourquoi tu veux te définir ?", ça risque de me mettre de mauvaise humeur, merci)
Voilà, c'est tout. Depuis le temps que j'avais envie de poster dans cette section, merci Stelloo d'avoir ouvert un topic où je trouve enfin l'endroit où m'exprimer !
je ne peux pas trop en parler dans mon entourage, les gens ne comprendraient pas vraiment et je ne veux pas "effrayer"...