La Libre Belgique (Laurence Bertels) a écrit :Devient-on homo ou hétérosexuel ?
Mis en ligne le 02/05/2007
Pour le pédopsychiatre Stéphane Clerget, on ne naît pas homosexuel ou hétérosexuel. On le devient.
De l'Antiquité à nos jours, il tente de cerner le sujet.
entretien
L'origine de l'homosexualité fait actuellement débat, surtout aux Etats-Unis. Et par la question "Naît-on homo ou le devient-on ?" arrive le scandale.
Jeune pédopsychiatre français réputé, chercheur et clinicien, Stéphane Clerget publie "Comment devient-on homo ou hétéro" (JC Lattès, 428 pp., 18 euros), un ouvrage qui, par son titre, indique sa position. Pour lui, en effet, être hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel est le résultat d'un cheminement et d'influences diverses avec une part d'inné mais surtout d'acquis.
A le lire, on finit par se dire que tous les cas de figure sont permis, que chacun a sa part d'homosexualité et d'hétérosexualité et que l'on évolue sans cesse sur le fil en fonction de nos préférences, de notre éducation, de notre environnement, des rencontres et des événements.
Son livre raconte aussi la perception qu'a la société de l'homosexualité depuis l'Antiquité, ère à laquelle elle entrait dans la "normalité". Les Juifs sont les premiers, dit-il, à combattre l'homosexualité. La Renaissance lui fait à nouveau la part belle tandis que l'Angleterre puritaine du XVIIe siècle la cloue au pilori avec de sévères condamnations pour sodomie.
L'auteur démonte ensuite les études génétiques les unes après les autres et redoute qu'elles nourrissent la théorie de l'eugénisme. Il énumère également les théories éthologiques, politiques, behavioristes et freudiennes, lesquelles, réfutées ensuite par le père de la psychanalyse lui-même, associaient homosexualité et perversion à l'heure de la psychiatrie moralisatrice. Pas une maladie
"J'ai voulu faire un livre le plus objectif possible, à l'abri de toute idéologie même si c'est difficile. J'ai donc choisi plusieurs éclairages pour approcher le désir et la liberté humaine. Que l'homosexualité et l'hétérosexualité s'acquièrent n'est pas un postulat de départ mais est le résultat de mon travail", explique le Dr Clerget, surtout gêné par le fait que l'homosexualité est condamnée.
Pour lui, il ne s'agit en effet pas d'une maladie ni d'un blocage au cours du développement mais d'une chose tout aussi normale que le fait d'être gaucher. L'éducation et le regard que porte la société sur un garçon efféminé par exemple peut cependant renforcer ou atténuer le comportement de l'enfant en question. D'où souvent, une grande culpabilité des mères. Le pédopsychiatre peut-il les rassurer ? "La culpabilité est intrinsèque aux mères. Elles se sentent toujours coupables par rapport à leur enfant. En ce sens, elles sont un peu mégalomaniaques car elles pensent que tout ce qui arrive dépend d'elles. Ce livre tend donc également à montrer que la mise en place de nos influences sexuelles est très complexe."
Hétéros et homos refoulés
Stéphane Clerget estime que la baisse du pouvoir de la religion a voulu normaliser la sexualité et qualifier l'homosexualité de pathologique, mais, dit-il, "il y a plus de points communs entre les homosexuels et les hétérosexuels qu'on le croit. On naît avec des potentialités plurielles. Des choix et des renoncements se mettent en place. Il y a une hiérachie entre ce qu'on aime le moins et ce qu'on aime le plus. On fait des choix qui sont des choix de personnes avant d'être des choix de sexe. Et l'on va souvent vers l'autre sexe car il s'agit du modèle de nos parents et du choix de la procréation. Il y a des hétérosexuels qui ont refoulé des désirs homosexuels et inversement. La culture nous impose de nous définir et l'orientation sexuelle fait partie de l'identité. Je vois des adolescents très angoissés à l'idée de pulsions homosexuelles car, sur le plan moral, il y a un rejet de l'homosexualité.
A l'angoisse de l'homosexualité s'ajoute celle de l'inceste. Si je suis homosexuel, alors je peux coucher avec mon père. Ce facteur d'angoisse est tellement important que les adolescents qui se croient homosexuels se suicident plus que les autres."
A l'heure du débat sur l'adoption d'enfants par des couples homosexuels, notre interlocuteur déclare sans hésiter que "les enfants de parents homosexuels n'ont pas plus de chances de le devenir à leur tour. En revanche, un parent très homophobe favorise l'homosexualité au même titre qu'un parent hétérosexuel qui aurait violemment refoulé son homosexualité car l'enfant perçoit très clairement les refoulements" explique Stéphane Clerget avant de conclure sur le fait que pour lui, le gène de l'homosexualité n'existe pas et que toutes les conclusions des études sur ce sujet sont fausses.
La Libre Belgique (L. D.) a écrit :Le gène de l'homosexualité n'a pas encore été découvert
Mis en ligne le 02/05/2007
Plusieurs chercheurs ont tenté de démontrer l'origine génétique de l'homosexualité. Sans grand succès.
Et s'il existait un gène de l'homosexualité. Le pédopsychiatre français a beau réfuter cette thèse, plusieurs scientifiques ont avancé des théories diverses, faisant penser que l'homme ou la femme naîtrait homo ou hétérosexuel. Parmi celles-ci, il en est une qui a fait grand bruit en juillet 1993. De ces études aux résultats étourdissants qui font la manchette de la presse : une équipe de chercheurs américains aurait découvert le gène responsable de l'homosexualité masculine.
Selon l'auteur, Dean Hamer, un généticien du réputé National Cancer Institute à Washington, il y aurait, à l'extrémité du chromosome X un gène lié à l'homosexualité. Pour en arriver à cette conclusion, le chercheur a étudié des familles dans lesquelles il y avait des homosexuels. Partant du constat qu'il y avait plus d'homosexuels dans les lignées maternelles que paternelles, il a déduit que l'homosexualité était vraisemblablement transmise par la mère. Il s'est donc logiquement intéressé au chromosome X, en l'occurrence celui qui est reçu de la mère lors de la conception chez les garçons qui reçoivent un chromosome Y de leur père. Chez les garçons, le chromosome X est donc révélateur de la lignée maternelle.
Pour réaliser son étude, Hamer a recruté 40 paires de frères dont l'homosexualité était bien établie. Il a étudié leur ADN sur base d'une simple prise de sang pour découvrir des points communs sur le chromosome X. Dans une région bien précise, appelée Xq28, 33 des 40 paires de frères homosexuels possédaient, en effet, des marqueurs en commun. La variabilité des marqueurs étant tellement grande dans la population, qu'avec un même groupe de marqueurs chez 66 individus, on peut effectivement conclure que ces personnes ont probablement un gène en commun dans une région définie.
En affirmant ceci - qui n'a d'ailleurs pas pu être reproduit par d'autres chercheurs par la suite -, le généticien n'a cependant pas démontré que ce gène causait, à lui seul, l'homosexualité. On ne peut donc pas parler, comme cela a été avancé à l'époque par certains médias, de gène de l'homosexualité.
Et chez les vrais jumeaux ?
Une autre tentative de faire admettre une origine génétique à l'homosexualité émane de chercheurs du Medical College of Virginia. D'après leurs travaux, un vrai jumeau sur trois serait homosexuel quand son frère l'est, soit 31,6 pc des jumeaux homozygotes, alors que dans le cas des faux jumeaux du même sexe, le chiffre serait de 13,3 pc; et de 8,3 pc si l'on considère tous les faux jumeaux. Preuve du caractère génétique de l'homosexualité ?
Auteur de "Le cerveau a-t-il un sexe ?", le Dr Simon Le Vay, neurologue à l'Institut Salk aux Etats-Unis, publiait en 1991 une étude anatomique sur une partie du cerveau (l'hypothalamus) de 41 sujets décédés de diverses maladies parmi lesquels 16 étaient homosexuels. Il observa qu'une minuscule structure appelée INH3, connue pour être active dans le comportement sexuel des mammifères, était deux fois moins volumineuse dans le cerveau des personnes homosexuelles étudiées. CQFD ?
