Pion, garder son homosexualité pour soit ou le dire ?

[Adyton]

Je ne suis pas sûr que ma réponse t'aide.

Je suis prof dans un énorme bahut dans ton coin et je n'ai pas été confronté au problème dans la mesure où aucun élève n'a osé me poser la question depuis quelques années. Je crois que si l'un d'eux se le permettait je ne me cacherais pas pour différentes raisons :
1) je n'ai pas honte
2) lorsque j'étais élève, j"aurais aimé avoir une personne ouvertement gay dans mon entourage et pas une folle tordue comme les seuls modèles visibles à l'époque.
3) je ne pense pas que l'homosexualité fasse partie de la vie privée dans la mesure où les hétéros nous étalent leur sexualité régulièrement sous les yeux avec leurs problèmes conjugaux et leurs enfants, y compris devant les élèves, ce n'est pas un exemple à suivre, mais cela relativise la discrétion et l'ampleur de la « vie privée ». On peut séparer sexualité et travail, sinon les hétéros auraient beaucoup de mal à gérer les contacts professionnels (je ne parle pas de DSK).
4) ne te fais fais pas d'illusion, si on te pose la question c'est parce tu dois dégager quelque chose de gay, le diable est dans les détails et les élèves sont sensibles, je suis sûr que les élèves ont des doutes sur moi, mais je n'en moque, je ne vais pas me cacher et je croise parfois des élèves de loin alors que je traîne en ville avec mon mec, même si on ne se tient pas la main. Une collègue maintenant au courant officiellement l'avais deviné en me croisant ainsi deux fois en ville.
5) lorsque des élèves ont été au courant il y a quelques années pour diverses raisons, dans une autre ville, cela n'a rien changé à mon autorité (je suis du genre cassant et ils restent à distance en appréciant cette barrière entre nous sur le plan personnel) et même aidé une élève qui avait des problèmes avec sa propre homosexualité. Et j'ai cassé les paris qui commençaient à s'organiser entre les élèves sur ma sexualité pour qu'ils se reconcentrent sur le boulot à faire, ce n'était pas du luxe et montrait bien qu'on a du mal à rester complètement dans le placard.

Ceci dit, chacun son caractère et sa situation, les « pions » ont des relations différentes des miennes avec les élèves, sont plus proches et l'homosexualité peut y devenir plus mal vue. Je ne fais que rapporter mon vécu, je ne sais pas ce que je ferais dans ton cas. Bon courage !

[Nicofoto]

Merci pour vos derniers témoignages.

Adyton :

3) je ne pense pas que l'homosexualité fasse partie de la vie privée dans la mesure où les hétéros nous étalent leur sexualité régulièrement sous les yeux avec leurs problèmes conjugaux et leurs enfants, y compris devant les élèves, ce n'est pas un exemple à suivre, mais cela relativise la discrétion et l'ampleur de la « vie privée ».

Ha oui je suis tout à fait d'accord !
Beaucoup d'hétéros étalent leur hétérophobie à longueur de temps sans s'en rendre compte (ne serait-ce par exemple que raconter leur vacances avec leur moitié) mais lorsqu'il s'agit d'évoquer son homosexualité c'est "ta sexualité ne nous regarde pas".

4) ne te fais fais pas d'illusion, si on te pose la question c'est parce tu dois dégager quelque chose de gay, le diable est dans les détails et les élèves sont sensibles, je suis sûr que les élèves ont des doutes sur moi, mais je n'en moque, je ne vais pas me cacher et je croise parfois des élèves de loin alors que je traîne en ville avec mon mec, même si on ne se tient pas la main. Une collègue maintenant au courant officiellement l'avais deviné en me croisant ainsi deux fois en ville.

Je n'en sais rien, en tout cas je ne correspond pas à l'image d'Epinal qu'on se fait des homos.
J'ai une "théorie" à ce sujet, je suis différent des autres, c'est même quelque chose que je cultive au quotidien.
Je m'habille différemment, chez moi c'est bien souvent pantalon noir, chemise blanche, bretelles, gilet sans manche, chapeau et... basquettes !
J'ai des passe temps étrange, je joue de la scie musicale (et c'est pas commun).
Je suis souvent dans la lune, assez rêveur, parfois trop gentil, je n'aime pas le foot et quand les élèves en parlent je n'y comprends rien, je n'ai pas peur de dire que je préfère le patinage artistique.

Et puis surtout je reprends les élèves à l'internat lorsque je surprends trop souvent des propos homophobes.
Donc forcément, ça doit laisser des indices...

[inconnu n]

Le patinage et pas le foot cherche pas plus loin .

[Adyton]

Le patinage et pas le foot cherche pas plus loin .

C'est vrai que c'est assez clivant

[Tromignon]

Je pense que ça dépend de ta relation avec les jeunes. Si tu est catégorisés comme le surveillant casse-couille, carré-con, tout ça, ça leurs donnera une bonne raison pour te casser en sachant que ça fera mal.
Au contraire si t'es le genre de surveillant marrant, carré mais pas trop, que les jeunes adorent, je pense qu'ils vont simplement trouver ça cool.
Après c'est clair que si tu choisis de le laisser savoir il faudra réprimer fermement la moindre réflexion homoph'.

[Nicofoto]

Ce n'est pas si simple... ça dépend des élèves, certains m'aiment bien, d'autre me détestent

[Nicofoto]

Première soirée d'internat, ça commence mal...

Les élèves me trouvent gentil par rapport à un collègue qu'ils trouvent plus strict.

[Adyton]

Je ne sais pas si c'est bien d'être gentil. On ne peut pas plaire à tout le monde et il ne faut pas chercher à plaire, de mon point de vue.
J'ai une réputation d'emmerdeur et les élèves finissent par me remercier, même si je les emmerde régulièrement pour les faire taire et les mettre au boulot. Au final, ils aiment ça, mais ce n'est pas naturel.
L'autorité bienveillante, c'est sans doute ça le secret, mais je ne sais pas comment on fait, je sais seulement qu'il faut toujours se battre et que rien n'est jamais gagné d'avance.
Ça a l'air de bien démarrer cette année, même si je trouve les classes plus bavardes d'année en année, ou alors je vieillis.