Une fois n'est pas coutume, j'ouvre un topic dans cette section
Je m'interroge sur... moi (pour changer

), d'où ce topic sur moi, moi et seulement moi, égocentré donc 8) . Je vais essayer de faire un truc à peu près construit. Il est 22h35, ça risque de me prendre un certain temps
Depuis le début de l'année, je suis un cours du soir fort passionnant, de trois heures tous les jeudis soirs, et ouvert à tous les étudiants de Nancy. Habituellement, j'y vais avec un gars de première année de mon école d'ingénieur, on s'asseoit l'un à côté de l'autre (normal, on ne connaît personne d'autre dans la salle), on écoute et on se parle pendant les pauses de la vie de l'école principalement.
Sauf que début décembre, il n'était pas là, donc j'y suis allé seul et je suis arrivé avec 5-10 minutes de retard. Comme il n'y avait plus trop de places, j'ai pris la première place libre qui m'est venue, m'attendant à m'ennuyer ferme pendant ce cours sans mon accolyte habituel. Je regarde mon voisin de rangée et là *violons* je me rend compte que c'est un magnifique bogoss de la mort qui tue sa race (oui, rien que ça !). Mon sang ne fait qu'un tour et ma tête ne revient à sa place que pour mieux retourner lancer un regard furtif sur cet être venu d'ailleurs. Je me dis comme d'habitude que de toute façon je ne le connais pas, qu'il ne m'a pas vu et que ça n'est pas la peine de se faire des films sur lui venant m'adresser la parole. Cependant, rien ne m'empêchera de le regarder pendant ces trois heures
C'est donc ce que j'ai fait, ça n'engage à rien et puis c'est juste pour le plaisir

. Mais je me suis aperçu que lui aussi me regardait

Et ça, je ne m'y attendais pas ! Et on s'est lancé des regards insignifiants mais réguliers pendant 3h, il savait que je regardais parce que j'étais de moins en moins discret et lui aussi regardait. A la pause, on s'est dégourdi les jambes chacun de notre côté avant de retourner s'asseoir pour la fin du cours. Pendant le cours, on a échangé deux trois mots lourds de sens : "j'ai pas compris ce que le prof vient de dire", "il a écrit quoi au tableau ?", bref, de la haute conversation.
Arrive la fin du cours et donc, pensé-je, la fin de ce moment de niaiserie, avec retour chacun chez soi sans mot dire, à la sauvette parce qu'on a faim. Mais il se passe un truc inimaginable : on se parle

Je répète, ON SE PARLE !!!

On sort de la salle et on s'aperçoit qu'on prend le même chemin alors on continue de parler : d'où tu viens ? comment t'as trouvé le cours ? tu fais quoi comme z'études ? et puis aussi : tu t'appelles comment ?

Bref, des questions banales, ce qui est normal avec tout inconnu. On est parti chacun de notre côté après quelques temps de marche.
Evidemment, mon moi intérieur était tout excité (pas sexuellement hein,
quoique 
), ravi d'avoir parlé à un parfait inconnu et de me rendre compte que j'en suis capable. Et surtout ces regards : ça veut dire quoi ? CA VEUT DIRE QUOI ? Je n'attendais donc qu'une chose : le jeudi suivant

Le jeudi suivant donc, pas là

, j'étais déçu de ne pas pouvoir lui reparler. La semaine suivant, je ne pouvais pas venir. Les deux semines suivantes, c'étaient les vacances. Retour de vacances : il n'est pas là. Semaine suivante, toujours pas là. Je commence à me demander s'il reviendra un jour, s'il ne s'est pas inscrit trop tard à ce cours et que maintenant il n'a plus le droit de revenir, si une bombe nucléaire n'a pas détruit son appart', si ceci, si cela,...

Et comme ma capacité cinématographique intellectuelle est très développée, j'attendais une suite à l'épisode.
Et cette suite est arrivée... ce soir (soit un mois et demi après le premier épisode, sans doute un effet pervers de la grève des scénaristes américains

). Et quand je l'ai vu et reconnu, j'ai eu une espèce de boule au ventre qui monte et redescend immédiatement et que je déteste avoir

. En plus, il parlait avec une fille

. Ouf, c'est juste qu'elle est dans la même filière que lui

. Comme mon accolyte habituel n'est pas à Nancy cette semaine, Mr bogoss et moi nous asseyons l'un à côté de l'autre, la fille de l'autre côté de Mr Bogoss

. On n'a pas vraiment pu échanger de regards cette fois parce qu'on était vraiment l'un à côté de l'autre alors que la première fois, un siège vide nous séparait (sans rire, c'est plus facile pour feinter un tournement de tête impromptu ; l'un à côté de l'autre, c'est plus dur).
Il s'est avéré qu'il n'a pas pu venir les semaines d'avant à cause de ses partiels (j'aurais dû m'en douter

). Il m'a demandé s'il pourrait m'emprunter les cours qu'il a ratés, ce que j'ai accepté, et puis on a suivi le cours (inintéressant et soporiphique) en se faisant remarquer mutuellement que c'était inintéressant aujourd'hui. On a échangé de nouvelles banalités : "il a écrit quoi ?", "fais voir ta feuille s'il-te-plaît", etc. plus que la première fois. A la fin du cours, en s'en allant, la fille était toujours là

. Heureusement, elle a pris un autre chemin

. On n'était donc que tous les deux et comme on se dirigeait sur la même route, il fallait bien q'on parle un minimum. D'où re-sujet bâteau (temps, études, un peu de répétition de ce qui s'est dit la première fois parce qu'en un mois et demi, on avait oublié des trucs) et après des blancs et moi j'aime pas ça dans une conversation. Alors je cherche inexorablement des sujets mais au bout d'un moment tous les sujets bâteau sont épuisés. Alors j'ai eu l'impression de ne parler que de moi

. A la fin, chacun est parti d'un côté (lui au McDo et moi chez moi).
Et voilà les questions qui me turlupinent. La principale, c'est que j'ai toujours l'impression d'être inintéressant, d'être insipide, de rire niaisement (j'ai une tendance à mettre des sourires partout quand je ne sais pas quoi dire ou que la situation me gène). Et en même temps, il y a tellement de manière de parler d'autre chose (cinéma, livres, tout et n'importe quoi). Mais j'ai toujours l'impression (et là plus qu'ailleurs) de meubler la conversation, que ça se voit et que c'est pas forcément super bien de passer du coq à l'âne. J'ai ce sentiment de meubler et d'enchaîner les sujets sans rapport juste pour éviter les blancs (ce qui veut dire strictement la même chose que la phrase précédente).
Quant à Mr bogoss, il faut que je lui reparle la semaine prochaine, pour savoir s'il est intéressant (ne serait-ce que d'un point de vue amical). Ma question est à la fois générale et particulière, est-ce que c'est "normal" de vouloir meubler, est-ce que c'est parce que je veux imposer des sujets qui m'intéressent moi, est-ce que vous avez l'impression de meubler, est-ce que lancer un sujet comme ça qui n'a rien à voir avec ce dont on parlait avant c'est acceptable, est-ce que, est-ce que, est-ce que ????
Edit : il est 00h21, presque 2h pour pondre ça \o/