J'ai vu
Rose mercredi à l'Olympia. Mademoiselle Rose (sans le chandelier ni la véranda

) et moi, c'est une longue histoire. J'avais eu le coup de foudre pour elle en la découvrant en 2006 en avant-première de Souchon, déjà à l'Olympia, toute petiote et toute timidette, cachée derrière sa guitare. Je voulais acheter son album mais il n'existait pas encore à l'époque et j'avais galéré avant de trouver un vague myspace famélique à me mettre sous la dent. Depuis, l'album est sorti, a cartonné, elle a écrit un tube, "la Liste", qui a réussi à choper l'air du temps, et pouf elle remplit l'Olympia toute seule comme une grande.
J'aime beaucoup son album, je trouve qu'elle a une très belle plume. Quand on écrit
"si j'écrase mon cœur vide pour en extraire l'acide" ou
"te regarder dormir, me regarder guérir", je dis respect. Quelqu'un qui cite Janis Joplin toutes les trois phrases, a piqué son pseudo dans le film avec Bette Midler, a des yeux de biche et la voix cassée ne peut pas être foncièrement mauvais. En plus j'ai plutôt tendance à trouver les dépressifs amoureux largués très sympathiques. Je partais donc avec un a priori très favorable.
Je craignais juste qu'avec un seul album, elle soit un peu à court de munitions pour deux heures de concert, ou que les chansons se ressemblent un peu trop, voire qu'on s'endorme un peu sur la fin. Que nenni ! Non, vraiment la partie chantée est très bien, les orchestrations (et les musiciens) sont top, un peu plus pêchues que sur l'album. Guitare en main, elle a assuré comme une pro pour enflammer l'Olympia. Elle finit sur une excellente reprise de "Mercedes Benz", il y a une reprise plus oubliable des Beatles, une pas mal de Cat Power (mais je fais un blocage sur Cat Power pour des raisons personnelles qui n'ont rien à voir avec le talent des deux artistes), et un duo avec Bensé (chanteur de sa première partie). Et sur "la Liste", j'ai trouvé qu'il y avait un vrai moment de grâce avec le public qui connaissait la chanson par cœur et ne lui a laissé que quelques bribes à chanter.
Mais, car il y a un mais, si vous êtes de la famille de Rose, il faut absolument lui dire de ne pas parler entre les chansons, ou du moins de revoir sérieusement le contenu de ses speeches. D'abord, c'est bien de parler avec son public, mais
tout le public, pas en faisant des private jokes avec les seuls cinq fans excités du premier rang, qui ont déjà assisté à 72 de ses précédents concerts et qui ont le t-shirt "rose-je-t'aime.com".
Au début, je me suis dit qu'elle avait énormément gagné en assurance en deux ans, au point de sombrer parfois dans le minaudage. Mais, plus le concert avançait et plus je trouvais que cela sonnait faux, et mon diagnostic de psy à deux balles, c'est que c'était plutôt un moyen de masquer un trac d'enfer. Du coup elle pratique un humour hyper caustique, pour ne pas dire limite méchant (comme par hasard souvent juste après les moments d'émotion), aux dépens de ses musiciens ou du public. C'est peut-être moi qui n'ai pas le sens de l'humour, mais quand elle demande à la poursuite d'éclairer le seul mec du premier rang,
"parce que vraiment il y a trop de filles ce soir", bon moi ça ne m'a pas fait rire, si elle ne veut pas de mes 40€ de fille, la prochaine fois je resterai chez moi !
Et à la réflexion, je ne suis pas sûre qu'elle soit si remise de sa rupture/dépression que ça, comme en prouve la transition (drôle pour le coup) après avoir chanté un inédit de son futur deuxième album qui s'appelle "je guéris" :
"et la chanson suivante s'appellera "non je déconne !"
En furetant sur le net ensuite, j'ai découvert que le "Julien" de l'album qui l'avait donc plaquée (et lui avait inspirée son album) était à nouveau dans sa vie et que c'était en fait le Bensé de la première partie. Mais du coup j'ai eu un sentiment de malaise rétrospectif puisqu'elle explique longuement sur scène à quel point son mec était un salaud (bon c'est un peu son fonds de commerce finalement…), alors qu'il est juste à ses côtés. Ca m'a semblé un brin malsain, enfin bref son psy n'est pas près d'être au chômage. Dommage…
(Constance,
"aller à un concert, repeindre ma chambre en vert").