être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Débats Gay et Lesbien

Vous sentez-vous plus ?

Français(e)/Belge (ou votre nationalité même quoi)
15
19%
Européen(ne)
13
16%
Double nationalité
7
9%
Juste humain(e)
39
49%
M'en fiche j'veux pas répondre à ce sondage débile
6
8%
 
Nombre total de votes : 80

Eosyn
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Inscription : dim. sept. 06, 2009 11:34 pm

Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par Eosyn »

Gil a écrit :
OFF-Topic :
[quote="Manchette"][quote]Il n'y a pas plus internationaliste que ceux qui n'ont pas quitté leur quartier, je crois
Dans ma jeunesse agitée et militante, j'ai un peu bourlingué ici et là, et je n'ai jamais eu la nostalgie de la France. Tout au plus du français.
J'ai beau être à moitié breton, mais jamais je ne me suis senti proche d'un quelconque mouvement nationaliste breton.[/quote]

:huhu:
je fais une aparté sur la fierté d'être breton que j'ai l'impression de rencontrer très régulièrement. Le sentiment d'appartenance y est très fort (ma moitié y compris), je trouve ça amusant.
J'ai un patronyme qui fleure bon la Bretagne. Malheureusement, je ne connais absolument pas cette région, ou si peu (mon père est parti trop tôt pour ce faire). Et qq part, je déçois tjrs un peu les gens qui reconnaissent la Bretagne dans mon patronyme en leur disant que je n'y connais pas grand-chose.[/ot][/quote]
OFF-Topic :
La Bretagne est une région (était un pays) ayant une forte culture. Cette culture et sa langue existaient bien avant d'etre rattaché à la France (vers 1532 si ma mémoir ene me joue pas des tours). Au final, c'est pas si ancien que ça et je pense que c'est pour ça que la culture bretonne reste aujourd'hui encore assez forte.
Et pis une forte amitié avec les basques et les corses car situations un peu similaires je pense.

Sinon pour moi tout se résume dans cette chanson:

dsl pour l' OT ^^;
Luka
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Inscription : lun. avr. 14, 2008 9:10 pm

Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par Luka »

Sujet intéressant et compliqué. Qui est omniprésent dans ma tête, dans ma relation amoureuse et dans mes études.
Je n'ai jamais eu l'impression d'appartenir à mon lieu de naissance. Quand j'y retourne, c'est pour ma famille proche, que je reconnais comme mienne et revendique. Mais le reste, je m'y sens étrangère. Les gens de mon âge de ma ville et moi n'avons rien en commun et rien à partager.
La ville où j'ai vécu ma première année d'études, je m'y suis sentie chez moi, vraiment chez moi. Mais je l'ai quittée.
Paris, Paris pour moi est une ville d'étrangers. Je ne me sens pas Parisienne et je crois que même si je devais vivre là toute ma vie, je ne me présenterais pas comme telle.
Française... Comme l'a souligné Pyrargue, je ne me sens jamais autant français qu'une fois à l'étranger. C'est un repère, un attachement à tout un tas de choses. Mon éducation, ma culture, mes valeurs sont aussi liées au fait que je suis française. Je ne parle pas d'un mot sur un passeport hein. Mais de l'endroit dans lequel je me suis construite en tant qu'être. Et pour moi c'est extrêmement lié au système éducatif. Ayant été à l'école dans le système français, système que j'ai adopté et par lequel je me suis formée, sur lequel je me suis appuyée, je me sens française. Aux Etats-Unis, c'est parfois le seul argument que j'ai pour expliquer telle ou telle chose qui me tient à coeur, c'est "En France, on...".
M'étant déracinée de ces racines que j'appelle pourtant toujours miennes, je n'ai pas forcément l'impression d'appartenir à la France. Jusqu'à ce qu'on l'attaque (de l'intérieur ou de l'extérieur). Les évènements politiques que j'ai appris quand j'étais à l'étranger cet été m'ont mise hors de moi. Je n'avais du coup pas du tout envie de rentrer, mais le simple fait que ça me touche autant me parle de mon appartenance. Ce pays est mien puisque ses fêlures m'atteignent.
Après, dans mes études, je suis constamment avec des gens dont l'appartenance, dont l'idée de "chez soi" a été bouleversée d'une façon ou d'une autre. Ils n'en ont pas, ou plusieurs. Tous, on est des déracinés volontaires. Mais le fait qu'on soit loin de nos racines ne veut pas forcément dire qu'on s'est arrachés d'elles, mais plus qu'une fois qu'on a réalisé qu'on n'était pas attachés à elles, pas comme il faudrait, on a décidé de partir.
Moi, je ne sais pas où c'est chez moi. Chez moi, ce sont des moments. Je suis chez moi quand je bois un thé avec mes collocs, mais je ne suis pas chez moi quand je rentre après deux mois et demi et ne reconnais rien. Chez mes parents, je suis chez moi quand je me recroqueville parmi mes peluches d'enfance, mais pas quand je me balade en ville et me perds. Chez ma brune, je suis chez moi. De plus en plus, et l'évidence m'a frappée dès la première fois où je suis arrivée chez elle. Pas dans sa maison hein, dans sa ville, dans son bout de pays. Cet enfant qui n'est pas de moi, je me suis vue dans ses traits tout de suite. Mais ce chez moi n'a aucune légitimité historique ou géographique, simplement instinctive. Et il entre en conflit avec ma identité française. Ce qui n'en fait pas un chez moi parfait. Je ne sais pas si je pourrais y vivre toujours, quitter la France pour de bon (c'est une des grandes questions de mon avenir d'ailleurs). Ne sais pas si je pourrais un jour arrêter de me présenter comme une étrangère vivant là-bas, ni même si je le veux. Et puis, je l'ai dit, chez moi c'est aussi des moments, et m'éloigner de ces moments avec mes amis, mes miens, ça rend ce chez moi là moins attrayant.

Alors, j'en sais rien. Chez moi c'est ici et là-bas, nulle part vraiment. Au milieu de l'Atlantique, et je fais le grand écart. Je ne serai jamais autre que Française, je ne serai jamais Américaine. Mais chez moi, c'est peut-être là-bas.
Maïzena
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Inscription : sam. avr. 03, 2010 9:30 pm

Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par Maïzena »

Ben chez moi c'est le bordel, alors je vais faire du OT d'abord histoire de me clarifier les idées :
OFF-Topic :
Du côté de ma grand-mère maternelle, ce sont des parisiens, d'un côté britannique, de l'autre côté Biélorusse. Mais qd même parisiens depuis 4 générations. Donc des francophones hyperassimilés même si un de mes grands oncles a repris le nom russe de sa mère à un moment donné.
Quant au GP maternel, des lyonnais (EH OUI ! comme quoi on revient toujours...) qui se sont décidés à coloniser l'Afrique Du Nord comme on disait... des Gros Colons quoi. Encore une fois francophones mais avec un petit accent pied-noir acquis de pair avec certaines expressions que je peux avoir gardées parfois. + le couscous à Noël et c'est vrai qu'on ne cuisine pas le porc dans ma famille par habitude - on mange de la charcuterie par contre.

Du côté de mon père, des gens enracinés dans la terre depuis des générations, département rural, aucune migration / émigration enregistrée
Maintenant pour ce qui est de l'identité nationale :

- je me sens hyper française qd je suis à l'étranger, surtout qd je suis en pays anglophone où je m'exprime sans problème et que je peux disserter à la bière sur nos compatriotes et leurs défauts.

- j'ai la chance de prendre les langues / les accents facilement (je l'ai d'ailleurs vécu lors de mon émigration dans le Nord - I LOVE LE NOOOOOOOOOOORD et maintenant dans le Jura. Je jurassise d'ailleurs beaucoup en classe, parce que l'accent pointu et les syllabes courtes, ça ne passe pas trop ici auprès des gamins. par contre j'n'irai pas jusqu'à dire "j'y colle", faut pas exagérer héhé), donc j'ai parlé quasi couramment allemand, rêves compris, puis je l'ai perdu. momentanément j'espère...
Maintenant c'est l'anglais qui me sert de langue 2... mais pareil je trouve que je le perds en ce moment (la faute au forum ! je lis beaucoup moins et écris beaucoup moins en angliche qu'avant).


Après pour rester dans les propos de l'échange...

Comme il a été relaté précédemment, Je trouve assez dommage qu'on assimile un accent à un état d'esprit. Entendre "j'aime pas l'accent du Sud - comme s'il n'y en avait qu'un!" de la part de beaucerons me hérisse le poil.
Par contre dans l'autre sens je peux toutafé comprendre qu'on "craque" pour un accent quelconque (il suffit d'une rencontre... entendre une américaine "chanter" notre langue en y mettant les variations de hauteur US au lieu de notre "flat accent" est tout simplement adorable). Alors bon bref quoi, je suis à court d'arguments. à part, bien sûr, aimez vous les uns les autres. :amour:

On parlait dans le café, de l'expression ain't. Bon ben typiquement un accent / l'emploi d'expression peut te précipiter dans une case que l'interlocuteur aura menuisé pour toi. Origine sociale, origine ethnique / nationale : la langue ne ment pas et nous expose, ou pas.

Pierre Perret en parlait très bien, ou Alexandra Lamy par exemple. (autre monde...) Mais ce sont deux beaux exemples de " j'ai du perdre mon accent pour faire carrière".
Contre-exemple : Petite marie, je parle de toi... etc etc
ExMembre

Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par ExMembre »

Je me sens européen.

D'abord parce que se sentir belge ne veut plus rien dire, ça fait longtemps qu'on vit dans deux voire trois pays différents. La Flandre prépare son indépendance, la Wallonie n'arrive pas à y croire et se demande si elle ne va pas demander son rattachement à la France et Bruxelles se cherche encore : flamande ? wallonne ? district européen ?

Ensuite, parce que lorsque je voyage en France, tout le monde me prend pour un Français. Je me souviens d'un voyage dans le Nord Pas de Calais, un serveur avec un accent chti comme pas possible croyait que j'étais provençal. Et à Carcassonne, dernièrement, tout le monde était étonné d'apprendre que j'étais belge alors que je n'ai pas d'accent. Enfin, tout le monde à un accent, ça dépend par rapport à qui, mais les gens que j'ai rencontré me disaient que je n'avais pas d'accent.

Pareil en Italie, aux Pays-Bas ou en Espagne : je me sens en Europe, donc chez moi.

Par contre, face à un Américain ou à un Canadien : je me rends compte que la culture, les repères politiques, les modes de pensée ne sont pas les mêmes. Je me sens alors à nouveau européen.

Définitivement européen, donc.
Nomade
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Inscription : sam. juil. 02, 2005 12:16 pm

Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par Nomade »

Marrant, je constate qu'on est plusieurs à avoir beaucoup de mal à définir notre origine et notre "chez nous".
Je n'y arrive pas non plus et j'ai essayé plusieurs fois de répondre à ce topic, en vain.

Je suis français depuis tellement de générations que c'en est déprimant (c'est quand même vachement plus classe d'être mixé, au XXIè siècle :-P ).
Comme Pygargue et Luka, c'est à l'étranger que je me suis raccroché à ma francitude, en lisant français, en écoutant de la musique française, en râlant français. Mais c'était surtout parce que je n'avais plus aucun repère, que j'étais totalement perdu et que sans ça j'aurais perdu pied (ce qui aurait par ailleurs permis de m'immerger réellement et entièrement dans la culture cambodgienne, ce qui aurait pu être très intéressant). Ceci dit, ça ne m'a pas fait ça en Belgique. Alors Français, Européen de l'Ouest ou Francophone d'Europe de l'Ouest, je ne sais pas.

Je n'ai aucune identité régionale. Né en région parisienne, éduqué en Bretagne et Normandie, deux régions à forte identité culturelle qui ont tendance à bien te faire comprendre que tu es étranger si tu n'y es pas né (chacune d'une façon différente : la Bretagne ne rejette pas l'étranger, contrairement à la (Basse-)Normandie). Quand on me demande d'où je viens, je ne sais pas quoi répondre. Généralement, je dis "De nulle part" et je précise ensuite.
Je peux dire "Je suis français" et le penser quand je suis à l'étranger. Par contre, le dire en France n'a pas de sens, c'est trop vague. Français, mais d'où ? Ça change tout d'être breton, corse, réunionnais ou bourguignon. Ça change même tout d'être du Finistère ou d'Ille-et-Vilaine, quand on parle à un breton (et d'être du Finistère Nord ou Sud quand on est finistérien). Alors quels sont les référentiels ? Le canton, le département, la région, le pays, le continent ? L'endroit où on est né, celui où on a vécu avant ses 5 ans, celui où on a passé le plus de temps, celui qui nous a le plus marqué, celui où on aimerait vivre ? Je ne sais pas. Sans ces deux référentiels, je ne peux pas me définir face à quelqu'un qui connaît la France et sa diversité.

Non seulement je n'ai donc pas d'origine, mais je ne me sens chez moi nulle part. Peut-être est-ce lié. Je rejoins Luka à nouveau sur ce point : "chez moi", ce sont des instants. Lorsque j'ai découvert la plantation d'hévéa et son paysage magnifique à Bousra au Cambodge, lorsque j'organise un apéro dans mon studio à Paris, lorsque je masse deux amies au bord d'un lac en Auvergne, lorsque je fais du parapente à Itxassou, quand mes parents en Bretagne me demandent si je suis enfin allé voir un médecin, je suis chez moi, parce que j'ai des repères ou que leur disparition est compensée par un émerveillement impossible à nier. Mais ça ne durera pas. Un malaise finira par s'installer, me faisant comprendre que je ne suis qu'invité et qu'il est temps de repartir en quête de ce "chez moi" insaisissable.

Concernant les accents, il paraît que j'en ai un bien français quand je parle anglais (ce qui m'énerve assez). J'aime bien les accents justement parce qu'ils donnent une information sur l'origine géographique (à différencier de l'origine "intérieure") de mon interlocuteur. Ça éveille ma curiosité. Un Français qui me demande son chemin, je lui réponds et je passe à la suite. Un étranger, je m'interroge : que vient-il faire ici ? Qu'est-ce qui l'intéresse ? Vit-il ici ? D'où est-il exactement ? Depuis combien de temps est-il là ? L'accent ne met pas une barrière, dans mon cas, au contraire, il stimule l'intérêt.
ExMembre

Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par ExMembre »

Nomade a écrit :Ceci dit, ça ne m'a pas fait ça en Belgique. Alors Français, Européen de l'Ouest ou Francophone d'Europe de l'Ouest, je ne sais pas.
Normal : on a accès en Belgique à tous les médias français, pour nous, un "retour" à la France ne ferait pas une grande différence. Par contre, la réciproque n'est pas vraie ... :wink:
Nomade
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Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par Nomade »

Ce n'était pas vraiment les médias. A Bruxelles, j'ai côtoyé majoritairement des Français et je n'avais pas la barrière de la langue, ce qui fait deux raisons de ne pas se sentir "à l'étranger".
ordure
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Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par ordure »

Bon, je l'ai pas caché je suis un peu folle.
Et surtout, mon cerveau a subi quelques traumatismes.

Ça m'arrive parfois d'attraper un accent étranger. La première fois que ça m'est arrivé c'était lors d'une sorte d'épisode maniaque, j'étais à moitié flippé (je savais pas si ça allait partir) à moitié morte de rire, car excité... c'est pas tout les jours que ça nous arrive.

Il me suffisait de dire le nom d'un pays ou région pour avoir une sorte d'accent de ce pays, peut être un accent que mon inconscient se fait de cette nationalité... :euh:
Ça a duré le temps de la soirée puis le lendemain ça avait disparut.

Puis ça m'est arrivé plusieurs autres fois par la suite, ça reste assez rare et étonnamment la dernière fois que ça m'est arrivé c'était hier. :euh:
Goldenvrack
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Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par Goldenvrack »

OFF-Topic :
Tiens, il m'est arrivé un truc similaire un soir où j'avais un peu trop bu. J'avais l'accent corse, le lendemain plus rien.
Zibeline
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Re: être étranger chez soi, être soi à l'étranger

Message par Zibeline »

Pygargue a écrit :Quand je vivais en France, j'aurais dit Européen ou citoyen du Monde ; depuis que je vis à l'étranger, je me sens surtout Français. Étonnant non ?...

Il n'y a pas plus internationaliste que ceux qui n'ont pas quitté leur quartier, je crois :mrgreen:
Absolument. J'ai aussi ressenti le sentiment d'appartenir à une nationalité (en l'occurrence française) lorsque j'étais à l'étranger.

Dans l'absolu, je dirais française, mais je ne suis pas vraiment chauvine et encore moins nationaliste. Le seul point où je peux me révéler chauvine c'est dans le domaine culinaire (et encore).

Question accent, il est intéressant de constater qu'il peut être possible (et même facile) de choper l'accent des personnes qui nous entourent. Cela peut se révéler assez déconcertant d'ailleurs. Ensuite j'ai constater que c'était une chose très variable d'un individu à un autre: certains gardent le même accent après de longues années passées hors de leur région/pays natale tant dis que d'autre (comme moi) ont tendance à changer leur accent au contact des autres.
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