Yume a écrit :Mais bon, pour moi l'AM restera toujours le moyen le plus efficace...

Exemple concret d'une approche que je trouve malsaine, et qui m'a fait me poser des questions.
Il y a une acceptation de ça comme un état de fait, immuable. La volonté de continuer ces pratiques.
Et moi, c'est cet état d'esprit qui me gênait.
Aotisma a écrit :Bien sur qu'on peut. L'AM est socialement mal vue, mais sincèrement, entre se faire une cicatrice sur le torse, et se bourrer la gueule à en vomir ou acheter pour 500e de vêtement alors qu'on est dans la merde financièrement, moi je suis désolé, mais je trouve que l'AM est nettement plus saine.
[...]
Mais ouais, l'AM c'est qu'un moyen de gérer la merde. les TCAs en sont aussi, l'achat compulsif, la drogue, la cigarette, l'alcool... le sport intensif aussi, y a plein de moyen. Faut juste être au clair avec, faire gaffe à ne pas abuser. (comme disait un ami "J'étais d'accord avec le fait de me droguer pour aller mieux quand ça pesait 15e dans mon budget monacale. Quand ça a dépassé les 150, j'ai dis stop")
Aotisma, t'arrêtes pas de prendre comme exemple le "c'est moins pire que l'alcool ou la drogue". J'ai envie de dire 1/ oui c'est bon on a compris ta métaphore tu n'as pas besoin de la rappeler à chaque message. 2/ c'est pas parce que d'autres personnes font de la merde que ça rend ta merde plus saine.
C'est pas que tu dédramatise l'AM qui est problématique, mais que tu minimises cette pratique en la comparant à d'autres, essayer de la classer sur l'échelle des dépendances auto destructrice comme pour te convaincre et convaincre les autres que "mais non ça va".
Alors que comme l'alcool ou la drogue, puisque tu aimes tant ces métaphore, ce n'est pas la chose en soi qui est problématique mais rester enferré dans une démarche et un mode de fonctionnement tout à fait destructeur et ne pas vouloir en sortir. Ce qui est destructeur, c'est de ne plus pouvoir ou de croire ne plus être capable de gérer les complications de l'existence et les douleurs sans systématiquement faire quelque chose qui va nous faire du mal. C'est la DÉMARCHE de l'AM qui doit être dépassée pour pouvoir être heureux. Et comme un alcoolique (t'as vu, je file la métaphore) ne pourra pas dépasser son problème (qui est plus un mode de fonctionnement qu'un liquide) sans s'abstenir complètement, se dire après des années d'AM que "ça va c'est sain si je le fais pas trop/ pas trop profond / que dans tel et tel cas" c'est le même dénie du problème qu'un alcoolique qui dirait "je ne suis pas alcoolique si je ne bois que du vin" ou "si je bois tous les jours mais sans être saoul".
Quant au point de vue extérieur ou intérieur, au fait que les gens gênés par ces discours connaissent ou non de l'intérieur ces pratique : tu ne fais que présumer que les personnes dérangées par la tournure des choses n'y connaissent rien, mais c'est une présomption : t'en sais rien.
Tu vois, le truc, c'est que le discours que je lis ici ressemble énormément au discours des anorexiques. Tendance à dire que c'est "moins grave qu'autre chose" que leur pratique n'est dangereuse "que pour ceux qui en abusent moi ça va", de mettre, mentalement, la limite du danger toujours un cran au dessus de leur pratique. Et, lorsque leur pratique est dans la zone danger, de continuer de s'arranger avec la réalité pour être persuadé que "eux ça va, ils maitrisent. C'est les autres, ceux qui sautent un repas de plus, qui vomissent un petit peu plus souvent, qui font moins de 40 kilos ou moins de 35 kilos qui ont un problème, pas eux".
Alors le "c'est pas dangereux tant que", je m'en méfie.
Sans compter que l'AM, contrairement à ce que tu dis, n'est pas un moyen de gérer ses merdes.
C'est un geste (plus symbolique qu'autre chose, soit dit en passant) qui "permet" de redescendre quand on est dans un stade où justement on ne gère plus rien et qu'on a déjà perdu le contrôle. C'est ce qui vient après la perte de contrôle, et qui autorise mentalement la descente.
Mais l'AM ne permet pas d'éviter d'être dans des troubles émotionnel ou d'être mal, puisqu'il survient après l'état, pas en prévention. Il ne change concrètement rien à la contrariété ou la frustration qui a déclenché ça dans la vie.
Comme le tabac, il crée son propre manque, le sentiment de panique qui fait qu'on est plus capable de redescendre d'une agitation si on a pas son AM, qui fait que si on ne peut pas pour des raisons extérieur avoir son AM, on panique encore plus, on est encore plus agité, on a l'impression qu'on va crever sur place.
Dans ce topic, il y a des toutes jeunes filles et des tous jeunes hommes qui commencent à pratiquer. Qui ne sont pas encore installé dans ce mode de pensé "je ne maitrise plus rien / je suis frustrée / je ne peux pas communiquer / alors je me fais du mal/ je me fais mal".
En lisant des gens qui comme toi ou Yume racontent que "c'est la meilleurs façon pour moi de gérer le stress" j'ai tout à fait peur que ça les fasse croire que c'est une manière saine d'aborder la vie et ses emmerdes. Comme si sur un forum Ano une meuf venait dire "non mais l'anorexie ça va, j'ai jamais été hospitalisée et ça fait 10 ans de pratique".
Alors peut-être que cette fille là effectivement va s'en sortir sans soucis. Mais peut être surtout qu'une des jeunes anos va se dire "c'est bon, je vais pouvoir maitriser la pratique, comme elle" va elle du coup continuer en se disant qu'il n'y a pas de danger et sombrer totalement pour mourir 5 ans plus tard.
C'est pas le fait d'avoir des entailles qui est dangereux, mais le fait considérer comme viable à long terme un mode de fonctionnement autodestructeur.